Un accord a été conclu entre le chef du gouvernement d’union, Fayez al-Sarraj, et son rival, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est du pays, sur l’organisation d’élections en Libye, en proie au chaos depuis huit ans, a rapporté jeudi l’ONU.
Cet accord a été scellé mercredi à Abou Dhabi, sous égide onusienne –lors d’une rencontre entre les deux hommes qui n’avait fait l’objet d’aucune annonce–, a indiqué dans un tweet en arabe la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul). Les deux parties se sont entendues sur la nécessité de mettre fin à la période de transition à travers des élections générales mais aussi sur les moyens de préserver la stabilité de la Libye et d’unifier ses institutions », a déclaré la Manul. Elle n’a cependant donné aucun calendrier pour cette échéance.
Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée par des luttes d’influence que se livrent dans l’impunité la plus totale les nombreuses milices mais aussi les dizaines de tribus, composantes essentielles de la société libyenne.
Sur le plan politique, deux autorités se disputent le pouvoir dans ce riche pays pétrolier: le GNA, établi fin 2015 par un accord parrainé par l’ONU et qui est basé à Tripoli, et une autorité rivale installée dans l’est, contrôlé par l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.
Le 18 janvier, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, avait espéré pouvoir convoquer « dans les semaines à venir » une Conférence nationale en Libye visant à mettre un terme à la transition et tracer le chemin vers des élections présidentielle et législatives.
Ce processus inclura la possibilité d’un référendum sur un projet de Constitution, avait-il dit. Une fois établi entre les principaux acteurs « un nouveau consensus sur un calendrier national pour reconstruire un Etat civil libyen uni, nous serons en mesure de fixer une date et un lieu », avait-il ajouté.
Le dernier face-à-face entre MM. Sarraj et Haftar remonte à mai 2018 à Paris où, déjà, il était question d’organiser des élections en décembre, mais sans qu’aucune partie ne s’y engage solennellement.
En novembre, l’Italie, partenaire historique et principal de la Libye, avait organisé une conférence internationale à Palerme pour tenter notamment un nouveau rapprochement entre MM. Sarraj et Haftar. Mais ce dernier, bien que présent à Palerme, avait boycotté les réunions.
L’annonce de cet accord intervient alors que le maréchal Haftar tente d’étendre son influence et s’est lancé en janvier à la conquête du sud du pays, une vaste région désertique marginalisée de longue date par les autorités et qui est devenue un repaire pour les jihadistes et les trafiquants en tout genre.
En obtenant le ralliement de tribus locales, il s’est déjà emparé sans combats de la ville de Sebha, chef-lieu de cette région, ainsi que d’al-Charara, un des plus importants champs pétroliers du pays, entraînant la suspension de sa production. L’opération vise officiellement, selon l’ANL, à « purger » cette région « des terroristes et criminels », ainsi que des groupes rebelles tchadiens basés dans le sud libyen.
La Libye est aussi devenue le terrain de jeu de passeurs sans scrupules, qui organisent pour des sommes colossales le départ vers l’Europe de milliers de migrants en grande majorité africains sur des embarcations de fortune, contribuant à faire de la Méditerranée un vaste cimetière.
Afp