Les recettes de la Caisse nationale des Retraites (CNR) qui s’élèvent à 700 milliards de dinars, dont 100 milliards de dinars de subventions de l’Etat, « lui permettent difficilement de payer les pensions et les allocations de retraites », a déclaré ce mercredi M. Slimane Melouka, Directeur général de la CNR, lors de son passage à la Radio Algérienne.
Il a précisé, à ce propos, que « la caisse des retraite traverse des moments difficiles en matière des finances et elle est dépendante des cotisations versées par la Cnas », a joutant que « depuis 2015, les recettes n’arrivent plus à prendre en charge les dépenses et ce déficit s’est accentué au fil des années. Nous sommes encore en difficulté financière ».
Le montant annuel des cotisations est d’environ 600 milliards de dinars, en plus de la contribution de l’Etat de 100 milliards de dinars et cette situation financière délétère a été engendrée par la baisse des cotisations, notamment après des départs à la retraite anticipée.
M. Melouka a souligné que la CNR a perdu une bonne partie de ses cotisants suite aux départs massifs des travailleurs en préretraite avant l’âge légale de 60 ans, avec près de 300.000 dossiers de départ enregistrés à fin 2017.
S’agissant du déficit de la CNR, M. Melouka a indiqué qu’ « il augmente de 100 milliards de dinars en moyenne chaque année. D’un déficit de 250 milliards de dinars en 2015, on est passé à environ 350 milliards de dinars en 2016, ensuite à 470 milliards de dinars en 2017 et à 560 milliards de dinars en 2018. Mais ce déficit va commencer à se stabiliser à 610 milliards de dinars en 2019 ».
Cependant, M. Melouka a rappelé que la hausse des salaires dans les années 2010 a permis à la CNR d’avoir des cotisations suffisantes, pour pouvoir répondre à ses besoins et cette hausse s’est accentuée en 2012, avec des effets rétroactifs de cinq ans.
Il a indiqué que l’abrogation de la mesure qui permettait aux travailleurs de prendre une retraite anticipée, a permis à la CNR d’enregistrer seulement 80.000 dossiers de départ en 2018.
M. Melouka a rappelé qu’il faut cinq cotisants pour un retraité pour revenir à une situation financière équilibrée, mais la situation morose du marché de l’emploi rend cette perspective plus difficile.
L’Etat à la rescousse de la CNR
L’Etat est intervenu à plusieurs reprises pour renflouer les caisses de la CNR. En effet, M. Melouka a indiqué qu’ « il y a eu une augmentation de 1% de la quote-part des cotisations de la CNR qui est passée à 18,75%. Des mesures de compensations financières entres les caisses de la sécurité sociale en 2015, 2016 et 2017 et une aide de 500 milliards de dinars prévue dans la loi de finances 2018, en plus d’un taux de 1% de la fiscalité douanière ».
La Caisse nationale des Assurances Sociales et des Travailleurs salariés (CNAS) a été contrainte, trois années durant, de venir en aide à la CNR pour assurer le paiement des pensions, et ce, au détriment de sa trésorerie », a indiqué en septembre dernier M. Tidjani Hassan Haddam, directeur général de la CNAS.
Par ailleurs, le Fonds national d’investissement (FNI) a accordé à la CNR un prêt de 600 milliards de dinars, assorti d’un différé de paiement de 20 ans.
Interrogé sur le Fond spécial de Retraite institué en 2006, M. Melouka a indiqué que ce Fonds « n’a pas aujourd’hui les capacités nécessaires pour prendre en charge financièrement le déficit de la CNR, puisque ses recettes sont d’environ 500 milliards de dinars ».
S’agissant des pensions de retraite, M. Melouka a rappelé que les pensions sont révisées annuellement, précisément au mois de mai de chaque année.