Le prix du baril de Brent, référence européenne du prix du pétrole, est passé vendredi sous les 70 dollars, les sanctions américaines contre l’industrie pétrolière iranienne, longtemps redoutées par le marché, ayant moins affecté que prévu l’offre mondiale.
Le Brent, pour livraison en janvier, a sombré à 69,13 dollars vers 10H45 GMT (11H45 à Paris), à son plus bas niveau depuis avril, tandis que la référence américaine, le WTI, pour livraison en décembre, a atteint au même moment 59,28 dollars, au plus bas depuis février.
Début octobre, les prix du pétrole avaient pourtant culminé à leur plus haut depuis quatre ans, à 86,74 dollars pour le Brent et à 76,90 dollars pour le WTI, alors que les marchés craignaient de voir le deuxième volet des sanctions américaines faire chuter le volume d’or noir disponible.
En effet, en sortant de l’accord sur le nucléaire iranien et en réimposant des sanctions sur l’industrie pétrolière de Téhéran, l’administration américaine avait affirmé vouloir abaisser les exportations iraniennes à zéro baril lors de l’application des sanctions début novembre.
Mais, au dernier moment, Washington a assoupli son message et accordé des exemptions à huit importateurs de pétrole iranien, ce qui va permettre à l’Iran de continuer d’exporter une partie de ses extractions.
« L’effet des sanctions sur l’Iran est de mieux en mieux compris, et il est crucial de noter que l’effet sur l’offre sera bien moins négatif qu’attendu, en grande partie en raison des exemptions » accordées par les États-Unis à plus de pays qu’anticipé, a commenté Neil Wilson, analyste chez Markets.com.
Nouvel effort de l’OPEP ?
En outre, l’Organisation et ses partenaires, dont la Russie, avaient décidé en juin d’assouplir leur accord de limitation de la production afin de répondre aux inquiétudes des investisseurs.
Enfin, « la croissance de la Chine commence à ralentir« , a commenté Cailin Birch, analyste chez The Economist Intelligence Unit.
« De même, des résultats trimestriels un peu ternes aux États-Unis soutiennent l’idée que les tensions commerciales pèsent sur les groupes américains« , a-t-elle ajouté, soulignant qu’un affaiblissement de ces deux marchés ferait reculer la croissance de la demande de pdemande de pétroleeacute;trole.
Résultat, les réserves mondiales grimpent. Selon les données hebdomadaires de l’Agence américaine d’information sur l’Énergie, les stocks de brut du premier consommateur mondial n’ont cessé d’augmenter ces dernières semaines, signe que l’offre dépasse amplement la demande.
Face à la dégringolade des prix, les pays qui se sont fixé des objectifs de production devraient envisager une baisse de ceux-ci lors d’une réunion de suivi de l’accord, dimanche à Abou Dhabi.
« L’OPEP et ses partenaires débattent d’une baisse de production l’année prochaine, mais le marché a des raisons de passer à la vente (de pétrole) qui sont un peu plus urgentes« , ont résumé les analystes de JBC Energy.
Hésitations saoudiennes
Pour l’OPEP, il s’agira donc dimanche de réaffirmer son rôle de régulateur du marché. En s’alliant à d’autres producteurs, dont le géant russe, fin 2016, l’Organisation avait réussi à faire remonter les prix de l’or noir.
Mais des considérations géopolitiques pourraient compliquer la tâche de l’OPEP. L’Arabie saoudite, en sa qualité de premier exportateur mondial, est un membre fondateur et la figure de proue de l’Organisation.
Mais un think tank proche du pouvoir saoudien travaillerait sur les conséquences d’une sortie du pays du cartel, selon le Wall Street Journal.
« Cela illustre un changement sismique dans le marché du pétrole, le centre de gravité n’est plus à Ryad mais à Houston« , au Texas, coeur de l’industrie pétrolière américaine, a commenté Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
Selon lui, l’Arabie saoudite, qui voit la production de pétrole de schiste américaine dépasser celle du royaume et amoindrir le pouvoir de l’OPEP sur le marché, envisagerait donc une libéralisation de son industrie pétrolière.
Par ailleurs, les relations américano-saoudiennes sont tendues. Le président Donald Trump avait fortement critiqué l’OPEP en raison du niveau élevé des prix du pétrole, et les deux pays se sont également opposés après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Vers 15H00 GMT (16H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 69,47 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,18 dollar par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour le contrat de décembre cédait un dollar à 59,67 dollars une heure après son ouverture.