Tous les regards sont aujourd’hui dirigés vers Doha avec l’ouverture de la réunion des grands pays producteurs de pétrole de l’OPEP et non-OPEP. L’objectif principal est de geler la production de pétrole pour retrouver son niveau de janvier dernier. Alors que l’optimisme était de mise, l’annonce de la non-participation de l’Iran fait douter de la possibilité d’un futur accord …
« La réunion de Doha est pour les gens qui veulent participer au plan de gel de la production », a déclaré Bijan Namdar Zanganesh, ministre iranien du Pétrole, sur le site de son ministère. « Dans la mesure où il n’est pas prévu que l’Iran signe ce plan, la présence d’un représentant de l’Iran à cette réunion n’est pas nécessaire », a-t-il ajouté. En effet, depuis la levée des sanctions sur le pétrole iranien, Téhéran souhaite retrouver rapidement son niveau de production.
Face à l’absence du ministre iranien du Pétrole, peut-on rester optimistes quant au résultat de la réunion de Doha ? A l’heure où la Russie et l’Arabie Saoudite se disaient prêts à fournir des efforts, l’optimisme était de rigueur. Il a fallu que Téhéran fasse parler d’elle pour remettre les compteurs à zéro. La réaction de l’Iran rend le succès annoncé de cette réunion de Doha, tant attendue, compromis. L’Arabie Saoudite a prévenu, elle ne réduira pas sa production si les autres pays producteurs ne font pas de même. Comme l’impression d’un léger retour en arrière…
Des analystes particulièrement pessimistes
Face à cette situation, les analystes sont divisés sur la question. La réunion de Doha peut tout aussi bien renvoyer les prix à la hausse ou provoquer un nouvel effondrement des cours du pétrole. C’est pourquoi, des experts se montrent particulièrement pessimistes et excluent tout impact « significatif » sur un marché pétrolier resté volatil malgré l’accord de février dernier. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) ne les contredit pas et estime qu’un accord à Doha n’aura que des conséquences « limitées » sur l’offre.
De son côté, l’OPEP a indiqué que l’offre excédentaire pourrait encore s’accentuer sans pour autant que la croissance suive le même chemin… En effet, avant la réunion, l’organisation pétrolière a revu ses prévisions de croissance de la demande mondiale à la baisse et pourrait les diminuer encore davantage.
Malgré tout, à la veille de l’ouverture de la réunion, le Qatar, pays hôte du sommet, a indiqué qu’une « atmosphère d’optimisme » s’était répandue, tout comme Anas Saleh, ministre en exercice du Pétrole du Koweït, qui a souligné son « optimisme ». Néanmoins, les faits sont bel et bien là. Les cours du pétrole ont fini en nette baisse vendredi dernier …
Rivalités Arabie Saoudite – Iran sur le devant de la scène
Depuis près de 35 ans, les deux grands rivaux du Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite et l’Iran, ne cessent de se confronter. Depuis la révolution iranienne jusqu’à ce jour, les deux pays sont perpétuellement en discordes. L’accord sur le nucléaire iranien en 2015 n’a fait que rejeter de l’huile sur le feu …En permettant à la République Islamique d’entrer à nouveau dans le jeu diplomatique international, l’Arabie Saoudite a senti le danger planer. Opposée à cet accord, elle craint maintenant que les moyens financiers retrouvés de l’Iran vont permettre à Téhéran d’étendre son influence régionale.
Ainsi, l’absence du ministre iranien du Pétrole à Doha a remis les tensions bilatérales entre l’Iran et l’Arabie Saoudite au goût du jour. Les Saoudiens sont pourtant bien clairs. Samedi, dans une interview pour Bloomberg, Mohammed ben Salmane, vice-président héritier d’Arabie Saoudite, a réaffirmé que le royaume ne gèlerait pas sa production de brut à moins que l’Iran n’en fasse autant.