La Première ministre britannique Theresa May a prévenu que son plan sur la sortie de l’UE était la seule alternative à un Brexit sans accord, malgré les critiques au sein de son propre camp et les doutes de Bruxelles.
Ces propos de la dirigeante conservatrice à la BBC sont dévoilés le jour même où la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a prévenu à Londres qu’une sortie non négociée avec Bruxelles entraînerait des coûts « importants » pour le Royaume-Uni.
Le « plan de Chequers » proposé par Mme May prévoit le maintien d’une relation commerciale étroite avec l’UE après le Brexit, prévu le 29 mars, notamment la création d’une zone de libre-échange pour les biens industriels et les produits agricoles, tout en mettant fin à la liberté de circulation des citoyens européens et au contrôle de la Cour de justice de l’UE. Avec ces propositions, la cheffe du gouvernement a provoqué la fureur des partisans d’un Brexit « pur et dur » au sein de son Parti conservateur, mais aussi le scepticisme des dirigeants de l’UE. « Je pense que nous aurons un bon accord, nous le ramènerons des négociations avec l’UE et le soumettrons au Parlement », a déclaré Mme May dans une interview télévisée qui sera diffusée en intégralité lundi soir. « Je pense que l’alternative sera l’absence d’accord », aux effets potentiellement chaotiques. « Je ne veux pas que les industriels aient le sentiment de devoir opérer en vertu de toutes sortes de règles différentes, parce que cela leur complique la vie et signifie potentiellement le départ d’entreprises de ce pays », a-t-elle ajouté.
Les milieux d’affaires sont particulièrement inquiets du peu de progrès obtenu dans les discussions et de l’impact de l’absence d’accord sur leurs activités, ce qui serait le pire scénario pour eux.
Le dernier rapport en date du Fonds monétaire international (FMI) sur le Royaume-Uni, publié lundi, n’est pas fait pour les rassurer.
Un Brexit sans accord « entraînerait des coûts importants » pour l’économie britannique et il est donc « crucial » que Londres s’entende avec Bruxelles sur leur future relation, a estimé la directrice du FMI Christine Lagarde, qui s’est déplacée dans la capitale britannique pour marteler cette mise en garde. « Nous encourageons à la fois le Royaume-Uni et l’UE à travailler avec assiduité » pour éviter un divorce brutal, a déclaré Mme Lagarde, lors d’une conférence de presse.
Ce scénario réduirait la croissance, pèserait sur les finances publiques et entraînerait une dépréciation de la devise, selon Mme Lagarde. « Le peu de temps qu’il reste pour conclure un accord est très problématique », a-t-elle ajouté, se montrant néanmoins « optimiste » sur la possibilité d’une entente.
Theresa May assure quant à elle que son plan est le seul qui réponde à la volonté d’une majorité de Britanniques de quitter l’UE tout en évitant l’instauration d’une frontière dure entre la province britannique d’Irlande du Nord et l’Irlande, membre de l’UE.
L’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, l’une des figures d’un Brexit dur, considère que le plan de Chequers constitue une « abomination constitutionnelle », a-t-il écrit dans tribune hebdomadaire publiée par le Telegraph lundi.
La question de la frontière irlandaise, dont ni Londres ni Bruxelles ne souhaitent le retour, est une des principales pierres d’achoppement des négociations que les deux parties souhaitent voir aboutir d’ici au sommet européen d’octobre ou au plus tard début novembre.
Le Brexit sera au menu d’un sommet informel européen dès jeudi à Salzbourg (Autriche). Un éventuel accord devra encore être approuvé par le Parlement britannique où Mme May ne dispose que d’une très courte majorité, ainsi que par les parlements des 27 pays de l’UE et le Parlement européen. Le Parti travailliste, principal parti d’opposition britannique, a averti vendredi qu’il voterait contre un accord de divorce avec Bruxelles sur la base du plan proposé par Theresa May
Afp