L’agriculture absorbe annuellement près de 70% de l’ensemble des volumes d’eau consommés au niveau national, alors que des systèmes d’irrigation alternatifs permettraient d’en faire d’importantes économies, a indiqué le Directeur de l’alimentation en eau potable auprès du ministère des Ressource en eau, Omar Bougueroua, dans un entretien accordé à l’APS.
Selon le même responsable, la consommation en eau dans le secteur agricole est d’environ 7 milliards de m3 en moyenne annuelle, sachant que la consommation globale nationale (consommation de la population en eau potable, les besoins des secteurs industriel et agricole) est de 10,6 milliards de m3/an.
«Si nous faisons des économies, ne serait-ce que de 10% du volume global mobilisé pour l’agriculture, nous récupérerons 700 millions de m3, alors que des économies de 20% permettraient de récupérer 1,4 milliard de m3, permettant d’alimenter la moitié de la population algérienne», avance M. Bougueroua.
En terme de superficie plantée, ces volumes récupérables pourraient irriguer 300.000 ha de terres plantées supplémentaires, soit 30% de la surface totale irriguée. Pour ce faire, le même responsable évoque le renforcement des systèmes économisateurs d’eau tels le goutte-à-goutte et l’aspersion, et ce, en parallèle à la modernisation de l’agriculture. «Ceci est un volet très important et nous sommes en train de travailler avec le ministère de l’Agriculture et des résultats existent déjà », selon lui.
A ce propos, il a indiqué que la superficie irriguée par les moyens économisateurs d’eau était à peine de 90.000 ha en 2000 pour passer actuellement à 600.000 ha. Mais ces 600.000 ha ne représentent que 50% de la superficie irriguée alors que les 50% restants utilisent encore les systèmes traditionnels lesquels gaspillent d’énormes volumes d’eau, relève-t-il. «Nous avons tracé des objectifs pour 2022-2025 qui devraient permettre de généraliser les systèmes économiseurs d’eau, notamment en raison des périodes de sécheresse que connait le pays, et des changements climatiques», fait-il valoir.
Par ailleurs, cette reconversion du caractère classique de l’irrigation vers un système moderne moins « vorace » en eau passe également par la mobilisation de l’eau non conventionnelle à travers le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées. A travers le parc de station d’épuration que le pays possède, 400 millions de m3/an d’eau sont produits à l’heure actuelle. Une multiplication de ces stations permettrait d’atteindre, progressivement, les 600 millions m3/an et même un (1) milliard de m3/an.