L’auteur du Capital et inspirateur du communisme est né il y a 200 ans, le 5 mai 1818, dans la ville de Trèves, dans l’actuelle Allemagne.
Connu notamment pour sa description des rouages du capitalisme, « le plus grand théoricien qu’aient jamais eu les révolutions » selon Hannah Arendt, a eu une grande influence sur le développement des sciences sociales, mais également sur tout le 20ème siècle, puisque de nombreux mouvements révolutionnaires se sont réclamés du marxisme. Alors qu’il aurait soufflé ses 200 bougies ce samedi, voici les cinq idées phares de la pensée fleuve de l’un des penseurs les plus célèbres de l’Histoire contemporaine.
- La « lutte des classes »
« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes », écrivait le penseur allemand avec Friedrich Engels, dans Le Manifeste du Parti communiste, en 1848. Pour Marx, partout et de tout temps, il existe une opposition entre les travailleurs et ceux qui détiennent le capital et/ou les moyens de production. Cette inégalité génère inévitablement un conflit dit « de classes » qui est le moteur positif de l’Histoire. Dans la société capitaliste, les prolétaires cherchent irrémédiablement à supprimer le rapport de domination par la révolution afin de fonder une société juste.
- La « dictature du prolétariat »
Ce n’est qu’en 1850, que Marx scelle le sort commun de ces deux mots – déjà agités ensemble sous d’autres formes depuis la Révolution française – qui marqueront plus de 150 ans de théorie communiste. La dictature du prolétariat est la phase transitoire de la société du capitalisme au communisme. Dans cet entre-deux qui est, par défaut, socialiste, l’Etat se maintient provisoirement. Le prolétariat s’empare du pouvoir et l’utilise pour anéantir la puissance de la bourgeoisie. La « dictature du prolétariat » proclamée par les bolcheviks en 1918 est au cœur de l’exercice du pouvoir pour Lénine. Ce concept théorique a donc justifié la dérive autoritaire marxiste-léniniste qui a commencé dès après la Révolution d’Octobre.
- Le communisme
Karl Marx est l’auteur avec Engels du Manifeste du Parti communisme publié en 1848, à l’heure du Printemps des peuples en Europe [Un ensemble de révolutions souvent déterminantes qui touchent plusieurs monarchies européennes, nldr]. Le Le texte ne devient célèbre qu’à partir de 1872 pour finalement s’imposer au 20ème siècle l’un des canons du bloc de l’Est. Pour Karl Marx, il s’agit de s’opposer au socialisme, jugé utopiste voire bourgeois ou réactionnaire, et d’expliquer l’avènement d’une société juste après la victoire du prolétariat dans la lutte des classes.
Les piliers de ce communisme sont l’abolition de la propriété privée et l’aboutissement après la dictature du prolétariat d’une société sans classes et sans Etat. « À la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous », prédisent Marx et Engels. Mais dans la réalité, la fin de la propriété privée s’est traduite par des millions de morts, en particulier lors de la collectivisation forcée sous Staline en URSS et Mao en Chine.
- « L’internationalisme »
« Prolétaires de tous les pays unissez-vous », la célèbre conclusion du Manifeste pose les bases d’une première structuration politique dépassant les frontières des nations et des Etats. Ce cri de ralliement internationaliste deviendra la devise de l’URSS et résonne des décennies durant auprès des plus défavorisés qui prennent conscience de la similitude de leurs revendications d’un pays à l’autre. Cette idée se retrouve ensuite au cœur de l’internationalisme soviétique, qui unit le destin de pays aussi géographiquement éloignés que le Vietnam et Cuba, ou encore dans l’orientation marxiste de groupes aussi différents que les Farc colombiens, le parti travailleur kurde (PKK) ou des mouvements altermondialistes.
- « L’Opium du peuple »
Selon Karl Marx, la religion n’est qu’un dérivatif qui permet aux exploités d’oublier leur misère et pouvant être utilisé par les puissants. De là sa célèbre expression, extraite de la Contribution à la critique de la Philosophie du Droit de Hegel, parue en 1844, qui compare la religion « à l’opium du peuple ». En cela, Karl Marx est un défenseur de l’athéisme, sans pour autant en faire un dogme.
Mais cette thèse marxiste se trouvera radicalisé en Union soviétique comme dans bien d’autres pays d’inspirations marxistes. Religieux tués, croyants déportés, lieux de culte rasés, institutions religieuses mises au service de l’Etat: la concurrence idéologique est anéantie. Pour Marx, l’aliénation religieuse n’était cependant qu’un élément parmi d’autres expliquant l’asservissement du prolétariat. Et il serait probablement surpris de voir comment sa formule a été interprétée dans la pratique.
Afp