Dans un contexte de crise économique marqué par la baisse des recettes issues essentiellement des exportations des hydrocarbures, le gouvernement veut faire feu de tout bois pour mobilier l’épargne qui circule hors système bancaire, en favorisant le développement de la finance islamique.
A ce propos, le ministre des Finances, M. Abderrahmane Raouya, a déclaré aujourd’hui lors de la présentation de l’étude réalisée par le FCE sur les finances alternatives et la finance islamique en particulier, que « dans ce contexte particulier, il convient par conséquent de tout mettre en œuvre pour la mobilisation de toutes les ressources financières disponibles détenues sous forme d’épargne, quelle qu’en soit la nature », ajoutant « pour cela les banques se doivent d’avoir une approche devant toutes les demandes, à l’effet de répondre aux préoccupations de tous les épargnants, y compris celles de la frange des détenteurs de ressources qui souhaitent bénéficier d’une forme d’une rémunération, hors celle basée sur un rendement défini préalablement ».
Il s’agit clairement, pour M. Raouya, « d’aller aux demandes de cette catégorie de clientèle, de lui proposer des produits bancaires en accord avec leurs attentes particulières ».
Concernant l’étude, le ministre a indiqué que « cette initiative témoigne de la volonté des chefs d’entreprises de s’impliquer dans le processus de développement dans lequel le pays s’est engagé pour créer de la croissance notre présence parmi vous est la manifestation de l’intérêt irréfutable qu’attachent les pouvoirs publics à la synergie des secteurs productifs et à la détermination à favoriser une relation de partenariat entre banques et entrepreneurs tout encourageant les banques à jouer un rôle dans notre économie ».
Le ministre a souligné que « dans la conjoncture actuelle marquée par la rareté de la ressource et face à une demande constante de croissance, cela rend indispensable la réflexion pour l’introduction et le développement de nouveaux instruments de financement en vue de compléter et de renforcer la panoplie des instruments classiques déjà existants ».
Le ministre a rappelé que « l’objectif demeure de mettre à la disposition de cette frange d’épargnants les dispositifs spécifiques permettant de proposer des instruments adaptés à ce profil et parvenir ainsi à capter cette épargne et réussir par ce moyen l’inclusion financière d’argents économiques actuellement hors du système bancaire ».
Pour contribuer au développement de ces produits alternatives, M. Raouya a précisé qu’« il y a l’ouverture de fenêtres islamiques par les banques conventionnelles, ce qui constitue un moyen rapide pour le développement des instruments de la finance alternatives, les banques publiques se sont déjà lancées dans cette voie et doivent poursuivre l’effet en mettant à la disposition de leur clientèle une gamme de produits diversifiés et adaptés aux besoins d’une économie moderne », ajoutant « deuxièmement, renforcer la capacité et la technicité des banques de la place à travers les programmes de formation appropriés et enfin structurer les émissions obligataires de type participative dans le cadre des dispositifs légaux et réglementaires ».
Disponibilité de cadre légale
Evoquant le cadre légal permettant le développement de la finance islamique, le ministre a souligné que « toute cette activité s’exerce et peut s’exercer chez nous en vertu d’un cadre légal général constitué par la loi n° 03-11 relative à la monnaie et au crédit »,ajoutant « le règlement du conseil de la monnaie et du crédit de 2013 qui fixe les règles générales en matière de condition de banques applicable aux opérations de banque, permet et aux établissements financiers de proposer à leur clientèle de nouveaux produits et d’élargir ainsi le spectre des moyens de financement de l’économie de nature à conforter l’offre de financements bancaires, contribuant ainsi à une plus grande inclusion financière ».
Raouya a rappelé que « dans ce contexte, un ancrage juridique pour les émissions souveraines de sukuk a été introduit dans la loi de finances pour 2018, cette disposition vise à faire participer les détenteurs des sukuks au financement des projets d’infrastructure et d’équipements marchands de l’Etat », ajoutant « face aux besoins de financement de l’économie, il appartient à la communauté bancaire et à tous les acteurs du marché financier, de s’y atteler à identifier les moyens les plus innovants et les plus divers pour satisfaire des demandes toujours plus diverses et répondre ainsi aux besoins d’une économie en plein croissance, participant ainsi à une inclusion financière plus proche de toute les frange de la population ».