Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, le baril de pétrole devrait atteindre 65 dollars en moyenne en 2018, contre 53 dollars en 2017, sous l’effet d’une demande soutenue et du contrôle des volumes de production. Les prix des métaux devraient gagner 9 %, portés par une reprise de la demande et des contraintes du côté de l’offre.
Les prévisions annoncées dans l’édition d’avril du Commodity Markets Outlook indiquent que les prix des produits énergétiques (pétrole, gaz naturel et charbon) s’envoleront de 20 % en 2018, soit une révision à la hausse de 16 points de pourcentage par rapport à octobre. L’indice des métaux devrait se redresser, la chute de 9 % du prix du minerai de fer compensant la hausse des autres métaux de base, tirée par le bond attendu de 30 % des cours du nickel.
Les matières premières agricoles (produits alimentaires et non alimentaires) devraient se redresser de plus de 2 % en 2018, avec l’amenuisement des perspectives d’ensemencement. Les perturbations liées aux conditions météorologiques devraient être minimes « L’accélération de la croissance mondiale et la hausse de la demande jouent un rôle important dans cette augmentation générale des prix de la plupart des matières premières, sachant que cette tendance devrait se prolonger, expliqueShantayanan Devarajan, directeur principal de la Banque mondiale pour l’économie du développement et économiste en chef par intérim. Dans le même temps, les mesures en cours de discussion ajoutent une certaine dose d’incertitude. »
Le baril de pétrole devrait également tourner autour de 65 dollars en 2019. Même si une baisse des cours est attendue par rapport aux niveaux d’avril 2018, le maintien des accords de diminution des volumes de production par les pays de l’OPEP et les autres pays producteurs et la solidité de la demande soutiendront les prix. Les contraintes du côté de la production d’huile de schiste aux États-Unis, les tensions géopolitiques dans certains pays producteurs et les hypothèques relatives à la levée des sanctions contre l’Iran par les États-Unis pourraient orienter ces prévisions à la hausse. Inversement, en cas de délitement de l’accord entre pays exportateurs de pétrole ou la fin pure et simple de cet accord, mais aussi de reprise de la production en Libye et au Nigéria et de montée en puissance plus rapide que prévu de la production d’huile de schiste, ces prévisions pourraient être inférieures aux annonces. « Avec la contraction significative des stocks, les prix du pétrole ont plus que doublé depuis le cours plancher atteint début 2016, précise John Baffes, économiste senior et auteur principal du Commodity Markets Outlook. La solidité de la demande de pétrole et un meilleur respect par les pays de l’OPEP et les autres pays producteurs de leurs engagements de production ont contribué à orienter le marché vers une situation de déficit. »
Les prévisions relatives au prix des métaux pourraient être revues à la hausse si la demande mondiale se révèle plus soutenue qu’anticipé. L’offre pourrait être contrainte par la lente intégration des nouvelles capacités, les sanctions commerciales contre les exportateurs et la politique menée par la Chine. Une révision à la baisse pourrait survenir en cas de croissance moins solide qu’attendu sur les principaux marchés émergents, la remise en service de capacités inutilisées et l’assouplissement de la politique environnementale de la Chine. Du côté des métaux précieux, le rapport table sur un rebond de 3 % cette année, étant donné le relèvement attendu des taux d’intérêt aux États-Unis et des scénarios plus inflationnistes.
Les prix des céréales, huiles et tourteaux devraient se redresser en 2018, sous l’effet d’anticipations d’ensemencement moins fortes qu’attendu. La faiblesse du phénomène La Niña qui s’est prolongé durant les premiers moins de l’année 2018 aura uniquement perturbé la production de banane en Amérique centrale et celle de soja en Argentine, sans répercussions notoires sur les marchés mondiaux. L’introduction possible par la Chine de droits compensatoires en réponse au relèvement des tarifs douaniers par les États-Unis pourrait pénaliser le marché du soja.
Le rapport consacre un dossier spécial à la situation des pays exportateurs de pétrole depuis l’effondrement des cours en 2014. Ce tassement des prix a altéré les recettes pétrolières, obligeant les gouvernements à tailler dans leurs dépenses, ce qui a aggravé le ralentissement de l’activité du secteur privé dans bon nombre de régions. Les inégalités de revenu et l’instabilité politique ont également érodé les capacités de certains pays exportateurs à gérer des prix aussi bas. « Les pays exportateurs de pétrole ayant des régimes de change flexibles, des amortisseurs budgétaires relativement importants et des économies plus diversifiées s’en sont mieux sortis que les autres depuis l’effondrement des cours, souligne Ayhan Kose, directeur du Groupe d’étude des perspectives de développement de la Banque mondiale. Mais la plupart d’entre eux connaissent toujours une situation budgétaire tendue, liée à la dégradation de leurs perspectives de recettes depuis 2014. »
Source : WBANK