Les analystes de l’économie africaine ont salué le regain de 0,8% de croissance retrouvée par le Nigéria en 2017, après la récession de 2016 (un PIB en chute deux fois). A côté de ce regain de croissance, on note aussi une amélioration de l’inflation qui a été de seulement 14%, contre 18% une année auparavant.
Aussi, on a pu noter une amélioration des réserves de changes (favorable à la stabilité extérieure de la monnaie), qui ont atteint les 47 milliards $ récemment. L’économie la plus peuplée d’Afrique avec ses 180 millions d’habitants, a donc de quoi séduire des investisseurs et autre personnes ayant des intérêts pour des marchés à fortes opportunités. Pourtant, une réflexion plus profonde sur les indicateurs macro-économiques de ce pays, invite à la prudence.
La forte croissance du produit intérieur brut est surtout le fait d’une hausse des prix du baril de pétrole sur la période 2017, elle- même conditionnée par la conjoncture internationale en rapport à cette matière première. Lorsqu’on regarde la contribution des secteurs non pétrolier et non-agricole qui constituent 65% de la formation du PIB, ils sont restés en récession -0,6%), même si c’est moins qu’en 2016 (-1,7%).
Pareillement, l’amélioration des réserves de change est surtout liée à un double facteur. Une baisse de 10% de la consommation qui est caractéristique d’une atonie de l’économie et du pouvoir d’achat des ménages, et la décision prise par la banque centrale, d’effectuer des rationnements sur les règlements des factures à l’import. Enfin, bien qu’il soit revenu à 14%, le niveau d’inflation demeure en dessus des objectifs de 12% de la banque centrale.
La situation est rendue encore plus complexe, en ce que le pays devra gérer en 2019 des élections générales, dont une présidentielle comme très souvent assez incertaine en Afrique. Cela réduit la capacité de l’équipe gouvernementale actuelle à prendre des mesures fortes.
En effet, une manière de relancer la consommation et les investissements serait d’accroître l’implication du gouvernement dans le PIB, ce qui suppose soit augmenter des taxes, soit emprunter massivement sur le marché des capitaux. Dans le premier cas, de nouvelles mesures fiscales plomberaient encore davantage, le pouvoir d’achat déjà affaibli des ménages nigérians.
Le recours aux prêts bancaires semble aussi assez contraignant. Même si elles sont demeurées rentables, les banques nigérianes continuent de voir s’accroître le volume des créances douteuses. Aussi, plusieurs d’entre elles hésitent à prendre plus de risques, même sur le gouvernement du Nigéria. L’entrée en vigueur dès 2018 d’une nouvelle règle de prise en compte du risque (IFRS 9) rend les choses encore plus compliqués
Ecofin