Hamidi Meftahi est l’un des premiers entrepreneurs d’Algérie et le président directeur général de Céramique Boumerdès. Dans cet entretien il revient sur l’essor de l’industrie de céramique dans le pays et l’impact des dernières mesures prises par le gouvernement.
Propos recueillis par Nacereddine Benkharef
Algerie Eco :Comment évolue l’industrie de la céramique en Algérie ?
Hamidi Meftahi La croissance de cette industrie est positive grâce au lancement du langement dans le cadre du programme du président de la République. Il faut dire la vérité, le lancement de la faïencerie et les carreaux de sol est dû à la construction des logements. Quand le bâtiment va tout va car ce dernier draine derrière lui que ce soit la maçonnerie, l’électricité, la plomberie, le chauffage… Quand un pays choisit la voie de la construction, il est gagnant.
Justement, le ralentissement du rythme de l’investissement public, notamment dans le logement à cause des effets de la crise, n’a pas impacté négativement cette activité (pertes de marché, suppression d’emploi…) ?
Au contraire, c’est l’inverse. Le gouvernement avait arrêté pendant deux mois l’importation des intrants destinés à cette industrie, mais il est revenu sur sa décision. Nous n’avons pas été vraiment gênés car on avait une marge de manœuvre. Le problème ne s’est donc pas posé véritablement.
On parle aujourd’hui de construire avec des produits 100% algériens, est-ce réalisable ?
Tout est réalisable. Nous fabriquons les briques et le ciment localement. Le fer est produit à environ 60% en Algérie et les pièces nécessaires aux installations électriques (gaines, interrupteurs…) sont de fabrication algérienne. Même les chaudières sont produites du côté de Relizane. Donc aujourd’hui, on peut construire des logements algériens à 90%.
Entre avril et décembre 2017, le ministère du Commerce a interdit l’importation de la céramique en produit fini. Est-ce que vous soutenez le fait d’interdire l’importation dans votre secteur ?
Absolument, cette interdiction est positive pour les fabricants locaux car on est en mesure de satisfaire le marché national. Le produit local est moins cher que celui importé et sa qualité n’a rien lui envié.
Pensez-vous qu’en matière de qualité, le produit algérien est compétitif ?
C’est la même qualité (entre la céramique algérienne et celle importée). Nous travaillons avec les espagnols qui sont au top en la matière (les fournisseurs des intrants). Ils viennent ici pour 4 à 5 jours dans le but d’effectuer des contrôles de qualité.
Cependant, l’introduction d’importer la céramique a été levée au mois de décembre. Ne craignez pas que cette décision puisse avoir un impact négatif sur la production locale ?
A notre niveau, non (sans donner plus de détails).
Etes-vous pour que le gouvernement interdise à nouveau les importations de céramique ?
Je suis pour cette interdiction à condition que les producteurs locaux satisfassent la demande intérieure.
Est-ce que le produit algérien est exportable ?
Tout à fait, la céramique algérienne est exportable.
Qu-est ce qui empêche alors d’aller vers l’exportation ?
Le gouvernement doit aider les opérateurs algériens. On ne peut aller seuls en tant que producteur vers l’export. Il faut ouvrir des représentations dans les pays ciblés. Il faut également avoir un personnel sur place pour faire la promotion du produit, notamment en Afrique. Même en Europe, notre produit est exportable, mais on ne connait personne. Il faut avoir des gens à l’intérieur du pays ciblé, et cela le commerce.
Le gouvernement doit donc donner un coup de pouce…
Absolument ! Autrement, on ne pourra pénétrer aucun marché étranger. S’il n’y a pas la possibilité de transférer l’argent pour ouvrir des locaux à l’étranger dans le but de faire connaitre le produit, ce ne sera difficile d’exporter.
Est- ce que vous avez une stratégie à l’export au sein de votre entreprise ?
En effet, il y’a une équipe qui travaille sur ce volet. Nous souhaiterions travailler avec les pays de l’Afrique subsaharienne tels que le Cameroun, la Cote d’ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal. En somme sept ou huit pays vers lesquels nous aimerions exporter nos produits.
Il y’a également la Libye. Si demain ce pays voisin recouvre sa stabilité, nous aurons pour dix ans de travail sans arrêt.