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Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA : «Il y a 2.2millions de logements inachevés et le règlement de ce problème se pose au niveau de l’application de la loi 08/15 »

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Dans cet entretien, le président du collège national des experts architectes donne son avis sur le lancement de la formule LPA estimant que peu importe les formules, il faut respecter les délais de réalisation. M Abdelhamid Boudaoud réagit aussi aux dernières déclarations du ministre de l’habitat qui a déclaré que les programmes de logements élaborés seront réalisés en utilisant les matériaux de construction de fabrication locale. Notre interlocuteur propose dans ce sens de vérifier la capacité des entreprises locales à satisfaire les besoins du programme.

Algérie-Eco : Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar, a annoncé, lundi à Alger, que le décret exécutif relatif à la formule Logement promotionnel aidé (LPA), qui comprend pour un premier plus de 70 000 unités, est en phase de signature. D’abord quel commentaire faite-vous sur cette formule ?

Abdelhamid Boudaoud : Le problème ne se pose plus au niveau du choix des formules pour le logement. J’ai toujours dis cette phrase : peu importe la formule du logement. Respectez le délai et donnez-moi mon logement. C’est l’idée qui traverse l’esprit de tout algérien qui est dans le besoin. On a le FNPOS, l’AADL, le LPP, le social, le LSP autant de formules mais peu de résultats convaincants pour diminuer la crise du logement.

Déjà la formule AADL dont la majorité des Algériens ont y mis leur espoir rencontre des problèmes d’ordre financiers et capacité des entreprises à réaliser les logements qui lui ont été destinées. Il reste même des bénéficiaires de 2002 qui ne sont toujours pas logés, sans compter ceux de 2013 qui attendent avec impatience un logement AADL. Pourtant, on leur a promis trois ans au maximum pour bénéficier d’un logement, on est à presque 6 ans maintenant du lancement de cette formule.

Pour le LPA, on ne peut pas également se prononcer maintenant sur sa réussite ou son échec. Pour cette formule le gouvernement a d’ailleurs fixé l’aide de l’État qui est de 700.000 DA lorsque le revenu est inférieur ou égal à quatre fois le salaire national minimum garanti.

Le ministre de l’Habitat a affirmé, dernièrement, que les programmes de  logements élaborés, toutes formules confondues, ainsi que les structures  publiques seront réalisés en utilisant les matériaux de construction de fabrication locale, et ce, à partir de l’année 2018, exprimant sa  satisfaction de la qualité des matériaux et produits fabriqués localement  et destinés au secteur de la construction. Qu’en pensez-vous ?

Je dirai seulement qu’avant de donner des instructions, il faut bien étudier les choses. Par exemple je me pose cette question. Est-ce que le ministère de l’habitat a recensé le nombre d’entreprises du secteur du bâtiment qui peuvent satisfaire les besoins en matière de construction ? A-t-on suffisamment d’entreprises, sont-elles capables de respecter les contrats de vente ? A-t-on un fichier de ces entreprises ? Autant de questions qui méritent des réponses avant de s’engager dans le terrain.

Certes pour le ciment, le problème de l’autosuffisance est réglé, mais pas pour les autres matières comme le fer. La construction du logement n’est pas seulement une affaire de ciment, c’est toute une chaine de matières nécessaires.  

Je donne juste un exemple. En 1985 le ministre de l’habitat de l’époque, Abderrahmane Belayat, a été informé qu’une entreprise locale produisait le coffrage suffisamment pour ne pas importer. Chose que le ministre à l’époque a prise au sérieux et a même fait sortir une ordonnance interdisant l’importation de ce produit. Lorsqu’il a fait appel à cette entreprise locale, celle-ci s’est désengagée de toute responsabilité, causant d’énormes retards dans les programmes du logement à l’époque. Donc il ne faut pas tomber dans le même piège.   

Autre souci celui des ascenseurs. A-t-on réfléchi, avant de construire des tours de 14 étages et plus de vérifier, s’il y a assez de sous-traitants ou s’il y a une entreprise qui fabrique des ascenseurs ? Non bien sûr !sinon comment expliquer qu’il existe 1476 ascenseurs en panne au niveau des logements AADL.  

Et concernant la loi 08/15 sur les bâtisses inachevées. Nous savons que le ministère a prolongé le délai jusqu’à 2019. Nous savons également que le CNEA ne cesse d’attirer l’attention du ministère sur l’application de cette loi. Que pouvez-vous nous en dire plus ?

Je pense que ça ne sert à rien de prolonger les délais. Il faut voir le problème autrement. Le CNEA a toujours estimé et attiré l’attention des Pouvoirs publics sur le fait que les administrations ne jouent pas leur rôle en ajoutant que ce phénomène pénalise lourdement les usagers concernés en raison de l’inflation (coût au mètre carré). Les dossiers doivent être traités au cas par cas et que certains d’entre eux nécessitent une régularisation rapide.

Le CNEA dénonce le fait que malgré un reportage photographique et un rapport de l’architecte agréé et assermenté, « de simples agents de l’APC remettent en cause ce travail ». Il propose alors que chaque APC recense les bâtisses concernées par la loi 08-15 et incite et sensibilise les concernés à bénéficier d’une régularisation.

Il faut savoir aussi que dans cette loi, on trouve des articles qui exige au P/APC d’effectuer des contrôles au niveau des ces bâtisses inachevées. Nous n’avons vu jusque là aucun P/APC se déplacer pour cette cause. Il ya  2.2millions de logements inachevés et le règlement de ce problème se pose au niveau de l’application de la loi 08/15 »

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