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SONATRACH : De moins en moins de gaz à exporter

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Siphonnés par la consommation locale qui croît de manière exponentielle, les niveaux de plus en plus bas des stocks de gaz naturel exportables pourraient, dés l’année 2020, empêcher la Sonatrach d’honorer ses engagements commerciaux.

A la vitesse où va la consommation domestique (8% de plus de MTP sont soustraits chaque année à la production globale), il est à craindre que la production nationale de gaz naturel et, dans une certaine mesure, celle du pétrole suffisent à peine à couvrir les besoins nationaux dopés par la croissance démographique et les équipements industriels énergivores sur fond de prix exagérément bas qui favorisent la consommation, voire même, le gaspillage.  

De plus en plus d’incertitudes et de doutes sur l’avenir industriel et commercial du gaz algérien sont en effet émis par des économistes algériens et étrangers qui pronostiquent, chiffres à l’appui, que la production de gaz qui stagne depuis ces dix dernières années entre 50 et 55 milliards de m3, suffise à couvrir la demande intérieure. Si la tendance venait à se maintenir en son état actuel, il y a fort à craindre que les quantités exportables soient, à plus ou moins court terme, réduites à la portion congrue.

L’avis éclairé du Conseil National de l’Energie sur l’avenir de cette filière qui procure au pays environ 54 % de ses recettes en devises, est attendu depuis plusieurs années mais cette instance, que seul le président de la république peut convoquer, n’a malheureusement jamais siégé depuis sa création au début des années 2000. Vu l’état de santé fragile du chef de l’Etat, tout porte à croire qu’elle ne se réunira sans doute jamais.

La crise qui se profile et qui ira crescendo tout au long des toutes prochaines années, est pourtant déjà apparente ne serait-ce qu’à travers les quantités de plus en plus importantes de gaz soustraites aux exportations afin de pourvoir à une demande intérieure qui explose sous les effets conjugués de la croissance démographique, de la distribution de gaz de ville dans pratiquement toutes les agglomérations urbaines et de l’alimentation d’équipements industriels énergivores réalisés au cours de la décennie ( usines de dessalement d’eau de mer, usines d’aluminium, centrales électriques etc.) qui absorbaient en 2014 déjà environ 30% de la production nationale de gaz, toutes catégories confondues.

Il y a vraiment de quoi s’inquiéter de ce boum de la consommation locale qui, de surcroît, intervient dans un contexte de stagnation de la production qui contraint à puiser dans les réserves exportables, réduisant d’autant nos recettes d’hydrocarbures déjà lourdement affectées par le déclin des prix internationaux. Les spécialistes estiment à environ 8% de plus la part de production de gaz soustraite chaque année à l’exportation pour être consommée à très bas prix en Algérie.

A ce rythme, l’offre exportable ne sera plus que de 10 milliards de m3 en 2030, estime le professeur Abdelatif Benachehou dans son dernier ouvrage « Sortir de la crise ». Une étude du ministère de l’énergie datée de mai 2014 avait, par ailleurs, déjà jeté le trouble en affirmant, chiffres à l’appui, que la consommation locale de gaz naturel est passée de 10 à 37 MTP entre 1999 et 2012, période qui correspond heureusement à un bond de la production d’hydrocarbures, rendu possible par la loi sur les sociétés mixtes et le partage de production qui avait permis à de nombreuses compagnies étrangères de découvrir et d’exploiter de nouveaux périmètres.

Le pic jamais égalé de 60 milliards de m3 de gaz naturel avait même été atteint précisément à cette période, avant de redescendre à un niveau beaucoup plus bas durant ces toutes dernières années. Cette tendance a, comme on le redoute, de bonnes chances de perdurer, voire même, de s’exacerber en raison de l’épuisement de certains puits, de l’insuffisance de découvertes de grands gisements et de l’absence de partenaires étrangers, dissuadés par la formule du 49/51 et, bien entendu, la modicité du prix des hydrocarbures actuel.

Cette baisse drastique de l’offre de gaz exportable en contexte de stagnation de la production, aussi bien à l’amont qu’à l’aval, ne manquera évidemment pas d’impacter négativement le niveau des recettes en devises. Le prix du baril de pétrole qui sert de référence à celui du gaz, ne permettra à titre d’exemple de n’empocher qu’environ 25 à 26 milliards de dollars en 2019, si ce dernier venait à se stabiliser, comme c’est depuis quelques semaines le cas, aux environs de 70 dollars.

Ce phénomène de régression des quantités à exporter affectant aussi bien le pétrole que le gaz, il à craindre que la baisse des offres destinées aux marchés étrangers réduise considérablement le niveau des recettes en devises et, conséquemment, celui de la fiscalité pétrolière qui représente une part importante du budget de l’Etat.

C’est dire à quel point le problème est grave et recommande d’agir au plutôt pour relancer tous azimuts la production, aussi bien, gazière que pétrolière tout en développant parallèlement d’autres sources d’énergies (solaire, éoliennes et autres) destinées à la consommation locale.

Il faudrait tout de même être prudent sur le volume des investissements à promouvoir pour booster la production de gaz, car un sérieux risque de mévente pourrait surgir à terme à la faveur des nouvelles découvertes d’hydrocarbures dans de nombreux pays du monde, des exploitations de pétrole et gaz de schistes et des grands programmes d’énergies alternatives que pratiquement tous les clients traditionnels de l’Algérie (Espagne, France, Italie) ont lancés.

Il faut ajouter à cette crainte celle encore plus sérieuse de la concurrence de gros producteurs de gaz comme la Russie, le Qatar et bientôt l’Iran et l’Australie qui mettront bientôt sur le marché européen de grandes quantités de gaz liquéfié à moindres prix. Jusque là sécurisée par ses contrats à long terme à prix stables, l’Algérie devra reconsidérer cette situation confortable qui a longtemps prévalu pour des raisons historiques, en se conformant comme tous ses concurrents aux prix et aux clauses contractuelles universelles.

C’est par conséquent toute la stratégie de production et de commercialisation des hydrocarbures, en général, et du gaz naturel, en particulier, qu’il faudrait revoir afin de lui donner une orientation conforme aux grands bouleversements qui affectent, aussi bien, le marché local, que les marchés extérieurs. L’état des lieux  et les nouvelles perspectives du secteur des hydrocarbures ne sauraient se faire évidemment se sans le concours du Conseil National de l’Énergie, seul habilité à prendre ce genre d’initiative.

Compte tenu de l’acuité du problème, il est temps que le président de la république active pour le grand bien de la nation, cette instance qui lui est, de par la loi, totalement assujettie.

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