Le collectif NABNI reprend son cycle de publications en commençant par une première contribution intitulée « NABNI rappelle l’urgence de commencer les réformes ».
Le collectif analyse la situation économique du pays et propose de remettre au cœur du débat la question des réformes, à engager en toute urgence si nous voulons éviter une crise économique majeure. Dans cette contribution, et pour la première fois, le collectif Nabni s’exprime et donne son avis sur le recours au financement non conventionnel.
« Le financement non conventionnel qui pourrait, sous certaines conditions, accompagner un plan de relance de l’économie risque plutôt d’aggraver la situation économique (risques d’hyperinflation, déficit budgétaire …) », écrit le collectif dans sa contribution. En fait, le collectif alerte que deux ans après la publication du premier plan ABDA, les indicateurs économiques restent inquiétants et les vraies réformes semblent oubliées. Le fond de régulation des recettes est épuisé depuis février 2017, comme l’avaient anticipé les plans ABDA I et II en 2015.
A l’inverse, le collectif estime que le plan d’urgence qu’il propose vise à entamer un vrai virage dans les politiques publiques, tout en faisant preuve de pragmatisme. Il propose des actions faisables sur un horizon de 18 à 36 mois. Ce plan propose des réformes tenant compte des capacités actuelles de l’Administration et des problèmes de gouvernance économique qui risquent de demeurer importants dans le court et moyen termes.
Parmi ces propositions, Nabni évoque la dépréciation du dinar.
« Le meilleur moyen de réduire les importations est de dévaluer le dinar car un dinar maintenu artificiellement fort est purement et simplement une subvention aux importations. Cette dépréciation n’a pas besoin d’être brusque, mais le glissement progressif et régulier qui avait été entamé à l’été 2014 puis interrompu deux ans plus tard, doit être repris et maintenu », indique-t-on.
Ensuite, Nabni écrit que la réussite d’un plan de réforme repose sur sa gouvernance, sa crédibilité et la communication qui l’accompagne. « Compte tenu du nombre, de l’importance et de la complexité des réformes à mettre en place par notre administration, il est impératif de prévoir des mécanismes de gestion des réformes et du changement via la mise en place d’une « Delivery Unit ». Cette unité spéciale dédiée à la gestion et au suivi des réformes aurait pour mission de mener à bien les réformes prioritaires contenues dans ce plan d’urgence et serait placée au niveau du Premier Ministère afin que son action soit efficace et ses interventions soutenues », ajoute la même source.
Le collectif pense qu’il est crucial que le gouvernement s’engage à mener les réformes structurelles durant les 18 prochains mois de façon crédible et transparente. Il doit également faire en sorte, selon lui, qu’elles fassent l’objet d’un travail soutenu au-delà des 18 mois en dépit des oppositions et du risque d’être interrompues ou remises en cause. Ceci risque d’être d’autant plus le cas que nous entrerons bientôt dans une période électorale. Les engagements de conduire des réformes, en contrepartie de la « bulle d’oxygène » que représente le financement du déficit budgétaire par la Banque d’Algérie, ont malheureusement très peu de crédibilité dans le contexte actuel.
Le plan d’actions et de réformes doit être publié, propose-t-on dans la contribution. Il pourrait s’intituler« Document d’Engagement Gouvernemental » sur les Réformes. Il doit y être précisé de manière transparente le contenu des actions-de manière très concrète et précise, les résultats mesurables attendus, les responsabilités institutionnelles ainsi qu’un échéancier précis.
Le collectif suggère de mettre fin aux licences d’importation
Concernant le volet importation, le collectif suggère de mettre fin aux licences d’importation : Les licences d’importation sont contre-productives. Leurs critères de sélection et d’attribution sont opaques et arbitraires. Il propose en outre de mieux taxer, éliminer les exemptions fiscales et réduire les gaspillages budgétaires, de mettre en place une taxe foncière pour renflouer les caisses de l’Etat et libérer le foncier, revoir la gouvernance du secteur public marchand et privatiser les entreprises publiques non stratégiques: Le processus de privatisation devra être transparent et public afin d’éviter les fraudes et spéculations.
Il est question également de réduire les subventions et compenser les ménages par des transferts monétaires. Deux options pour un lancement immédiat : revenu universel ou transferts ciblés. Sans oublier de mettre en place un système de redistribution des richesses en préparation de la réduction des subventions aux produits et services. En préparation de la réduction des subventions aux biens et services, il est impératif de mettre en place un nouveau système redistributif.
S’agissant du système financier, Nabni propose de réformer le système bancaire pour mieux irriguer l’économie 5.1.
Réforme des banques publiques : Il s’agit de transformer les banques publiques en véritables banques au service du développement économique.
Pour le climat des affaires, il suggère de transformer ce dernier pour les entreprises et lever les contraintes structurelles au bon fonctionnement du marché du foncier industriel.
« Plus de transparence pour une meilleure gouvernance économique : Il s’agit d’instituer la transparence comme socle de l’efficacité de l’action de l’Etat et de sa redevabilité et de mettre fin à l’opacité dans le processus de prise de décision et ouvrir systématiquement le champ à la consultation et à la concertation afin de produire des lois et des règlementations ancrées dans la réalité et qui servent les intérêts du citoyen et de l’économie algérienne », lit-on dans la contribution.
Abolir la règle 51/49
Le collectif parle également d’encourager et soutenir les investissements nationaux et étrangers, abolir la règle du 51/49 en dehors des secteurs stratégiques tels que l’énergie, l’eau, les infrastructures et certains secteurs financiers et refondre le code des investissements et mettre en place une agence de développement des investissements nationaux et étrangers.
Il propose en outre de mettre en œuvre une stratégie export cohérente et dynamique et lancer un vrai plan d’urgence en matière d’exportations est primordial car elles ont le double effet vertueux de générer des devises et rééquilibrer notre balance commerciale mais aussi de stimuler la production nationale en lui offrant un marché plus important et en la tirant vers le haut en matière de standards de qualité et de productivité.
Nabni tient à rappeler que depuis 2011, il n’a cessé d’alerter l’opinion publique de l’urgence de réformer notre économie pour réduire sa dépendance des marchés pétroliers et de leur volatilité. Le grand risque pour le collectif est la fuite en avant.