Dans une nouvelle enquête portée sur le système financier offshore, conduite par le Consortium International des Journalistes d’Investigations (ICIJ) basé aux USA, en collaboration avec 380 journalistes issus de 70 pays, dont le quotidien francophone algérien «Le Soir D’Algérie» est partenaire, a permis de faire des révélations fracassantes sur des intérêts offshore de 120 politiques à travers le monde et le pillage fiscal des multinationales et les deals secrets de leurs facilitateurs d’affaires, dont des algériens impliqués apparaissent dans ces fuites de quelques 13.4 millions de documents obtenus par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.
Les implications algériennes citées dans cette enquête
Outre Rédha Bedjaoui, frère de Farid Bedjaoui et neveu de l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Mohamed Bedjaoui, cité dans cette enquête pour avoir dissimulé une partie de sa fortune aux Iles Caïman et les Îles vierges britanniques, et qui a fait l’objet de plusieurs scandales et qui reste dans l’impunité.
Selon «Le Soir D’Algérie», l’ancien moudjahid Yacef Saadi, le fils du patron de Cevital Yassine Rebrab et un ancien ministre de l’énergie Nouredine Ait Laoussine ont été également cités dans ces nouvelles révélations qui touchent plusieurs élites mondiales à l’instar de la reine Elisabeth II d’Angleterre.
En effet, d’après les éléments de l’enquête citant les personnalités algériennes, publiés par le quotidien algérien dimanche 05 novembre 2017, Yacef Saadi a domicilié «une partie de sa fortune aux îles Caïman où il détient un «trust», administré par Appleby, dans lequel il est associé avec sa fille Zaphira, une artiste plasticienne résidant aux Etats-Unis».
Pour rappel, Yacef Saâdi est déjà apparu dans le listing de la filiale suisse de HSBC, révélé par ICIJ en 2015. Le Soir D’Algérie a dévoilé qu’«il dispose d’un compte qui, en 2006-2007, était pourvu de 400 000 dollars américains». Précisant qu’«il a été désigné comme membre du Conseil de la nation au titre du tiers présidentiel en 2001 pour un mandat de six ans renouvelé deux fois, celui-ci, n’a pas d’activités lucratives connues en Algérie». «Il a fondé au lendemain de l’indépendance la boîte de production cinématographique Casbah Films qui a produit un seul film, La Bataille d’Alger, où Yacef Saâdi joue son propre rôle pendant la guerre de Libération nationale, celui de chef militaire de la Zone autonome d’Alger», a ajouté la même source.
Ce film a été projeté aux Etats-Unis dans les années 2000 et, selon les déclarations de son entourage après l’éclatement du scandale connu désormais par les «SwissLeaks», «il lui a rapporté 200 000 dollars au titre des droits d’auteur. Yacef Saâdi bénéficie d’une pension de moudjahid, touche une indemnité de sénateur et loue des biens immobiliers qu’il possède à Alger» a détaillé la même source.
Dans ces mêmes révélations de paradis fiscaux, Nouredine Ait Laoussine, ancien ministre de l’énergie au début des années 1990, éclaboussé également dans cette affaire, «il a été actionnaire dans la compagnie Madagascar Oil Limited via l’Île Maurice. Il détenait 2405 actions, soit 0,2% du capital de la compagnie, aux côtés de trois fonds d’investissement nord-américains, à savoir Rab Special Situations Master Fund (73,8%), Millennium Global Natural Ressources Fund (18,7%), et Airlie Opportunity Master Fund (4,5%)».
Selon les propos de cet ancien dirigeant qui a précisé que «ces actions, il les avait acquises gratuitement quand il était membre du conseil d’administration de cette compagnie». Ajoutant que «ces actions faisaient partie de ma rémunération. Mais, je les ai vendues à un prix dérisoire, 180 dollars pour être précis, juste après ma démission, il y a quatre ou cinq ans». La même source a révélé également que Ait Laoussine est actuellement «président de Nacolsa SA, qui met au point des formules de coopération entre parties intéressées par les questions touchant à l’exploration, la production et à l’approvisionnement du pétrole et du gaz, il est aussi membre du conseil d’orientation de la compagnie émiratie Dana Gas PJSC».
«Paradise Papers» a révélé aussi que «Appleby gère une compagnie domiciliée aux îles Caïman, «Little Cayman East 91A 177» pour le compte de Yassine Rebrab, fils du patron du groupe Cevital».
Des révélations ou la partie visible de l’Iceberg !
Toutefois, il est de notoriété publique, que ces révélations impliquant des responsables algériens ne sont que la partie visible de l’Iceberg. Et ce, au vu de la situation qui prévaut en Algérie, marquée par des affaires de corruptions à l’intérieur et certainement à l’extérieur, et à tous les niveaux.
Il est à noter que, le gouvernement algérien, interdit tout transfert de devises à l’étranger et tient également un discours de lutte contre la corruption. Rappelons que, plusieurs affaires ont été rapportées par les médias algériens, sans pour autant que, les autorités dans la plupart des cas n’inquiètent et poursuivent en justice les mis en cause, et surtout en sachant qu’il est question de l’argent de l’Etat et du peuple.
Alors, comment se fait-il que, de l’argent (devises) est transféré illicitement à l’étranger en acquérant des biens sans être dérangés? Et que des responsables algériens éclaboussés dans le passé par des affaires de corruption à l’échelle mondiale restent dans l’impunité ?
Cependant, avec ces 13 millions de documents révélés par «Paradise Papers», l’on s’attend inévitablement à des surprises et des divulgations plus fracassantes sur les dirigeants et hommes d’affaires algériens impliqués dans des affaires de corruption, d’évasion fiscale à l’échelle internationale et sans parler de l’échelle nationale.