AccueilBanques-FinancesAllocation touristique : nouvelle note de la Banque d'Algérie

Allocation touristique : nouvelle note de la Banque d’Algérie

Date:

La Banque d’Algérie a adressé, mardi 23 décembre, une nouvelle note aux établissements bancaires concernant l’allocation touristique. Dans ce courrier, l’institution rappelle que « l’octroi de droit de change pour voyage à l’étranger est un droit strictement personnel. »

A ce titre, et en application des dispositions de l’instruction n°05-2025 du 17 juillet 2025 relative au droit de change pour voyage à l’étranger et de la note aux banques n°02/DGC/2025 du 16 décembre 2025, la Banque d’Algérie précise que « le règlement de la contrevaleur en dinars du droit de change doit être effectué exclusivement par le bénéficiaire lui-même ou toutes autres personnes qui lui sont apparentées, tel que défini dans l’instruction et la note susvisées. »

Par conséquent, la même source souligne que « les agences de voyages et tout autre organisateur de voyages ne sont en aucun cas autorisés à se substituer à leur clientèle pour le règlement, la perception ou la gestion des droits de change pour voyage à l’étranger, y compris pour le voyage Omra. »

Enfin, le document indique que « les guichets bancaires doivent systématiquement exiger la présentation du passeport original pour valider l’opération au profit du seul titulaire du document ou du représentant légal. »

Cette nouvelle note intervient après les deux notes datées du 15 et 16 décembre en cours, à travers lesquelles la banque centrale a imposé de nouvelles conditions concernant l’octroi de l’allocation de touristique dont le montant a été augmenté depuis juillet dernier à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs âgés de 12 et plus.

Dans la note du 15 décembre, la Banque d’Algérie a annoncé de nouvelles règles pour l’application du droit de change pour les voyages à l’étranger. La même source a insisté sur le renforcement des contrôles et imposé le paiement par des moyens scripturaux, exclut les paiements en espèces et rend obligatoire la détention d’un compte bancaire pour bénéficier de l’allocation.

Le lendemain, 16 décembre, la Banque d’Algérie a annoncé un réajustement des modalités de règlement en dinars de l’allocation touristique. La BA a expliqué que « l’octroi de ce droit de change étant subordonné à la détention d’un compte bancaire, conformément à la note N°01/DGIG/2025 du 15 décembre 2025, il revient désormais aux seules banques, d’encaisser la contre-valeur en dinars inhérente à l’opération. Le règlement sera effectué par le bénéficiaire effectif du droit de change ou par tout national résident au bénéfice de son conjoint ou de ses ayants droits conformément aux dispositions de l’article 5 de l’instruction susvisée, directement auprès de sa banque. » Elle a également précisé que « les adaptations introduites à ce titre, visent à rationaliser les circuits de paiement de la contre-valeur en dinars et à permettre aux banques d’assurer une meilleure gestion des flux financiers associés à ce droit de change ».

Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par la multiplication des pratiques frauduleuses liées à l’allocation touristique. Des enquêtes de presse et plusieurs affaires judiciaires ont récemment mis en lumière l’existence de réseaux organisant des déplacements, notamment vers la Tunisie, dans le but de détourner les 750 euros accordés au taux officiel vers le marché parallèle des devises.

Des interpellations, notamment à Souk Ahras et à Tébessa, ont révélé des tentatives de contournement des règles en vigueur, en particulier l’exigence d’un séjour minimal de sept jours à l’étranger. Face à ces faits, les autorités ont renforcé les contrôles et rappelé les sanctions prévues en cas de non-respect de la réglementation relative au droit de change.

La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a indiqué que de nombreux cas de fraude et d’abus ont été enregistrés dans l’utilisation de l’allocation touristique. Intervenant devant les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a fait savoir que près de 100.000 cas de fraude ont été recensés en l’espace d’un mois et demi.

Selon ses explications, ces pratiques impliquent souvent des réseaux organisés, avec la participation de certains intermédiaires, notamment des agences de voyages. Celles-ci auraient recours à des chômeurs pour leur faire obtenir l’allocation touristique avant de la détourner.

L’allocation touristique est devenue, pour certaines personnes, un moyen d’acquérir des devises à un coût réduit afin de les revendre ensuite sur le marché parallèle. Pour mettre un terme à ces dérives, l’État a décidé d’introduire des « restrictions temporaires au niveau des postes-frontières », dont l’obligation pour les bus se rendant en Tunisie de disposer d’une autorisation de circulation internationale.

Le ministre a également expliqué que, en coordination avec les autorités tunisiennes, les services concernés ont constaté un afflux inhabituel de voyageurs algériens vers la Tunisie durant les mois de novembre et décembre, avec plus de 5 000 bus recensés. Les investigations menées conjointement ont mis en cause certaines agences de voyages qui auraient organisé ces déplacements en utilisant des procédés frauduleux.

Dans un premier temps, ces agences facilitent l’entrée légale de ressortissants algériens, majoritairement des chômeurs, sur le territoire tunisien, uniquement pour leur permettre de bénéficier de l’allocation touristique. Par la suite, ces mêmes « voyageurs » regagnent l’Algérie par des passages frontaliers non surveillés, après avoir détourné l’allocation à d’autres fins.

Une fois le délai légal de sept jours écoulé, ils repartent vers la Tunisie par des circuits clandestins, avant de revenir en Algérie par des postes frontaliers officiels, avec l’aide des agences de voyages qui leur assurent l’apposition des cachets sur les passeports, alors qu’ils n’ont pas séjourné en Tunisie. Tout en affirmant que l’État ne remettra pas en cause la revalorisation du droit de change, Saïd Sayoud a assuré que des mesures seront prises pour mettre fin à ces pratiques.

Articles associés

Derniers articles