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Le FMI invite les pays à miser sur l’éducation pour réduire les inégalités

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« Echappatoire à la pauvreté », l’éducation reste encore très inégalitaire dans le monde, y compris dans les pays développés, a souligné mercredi le Fonds monétaire international, recommandant d’améliorer l’accès à l’enseignement pour résorber à l’avenir les inégalités de revenus.

« L’éducation explique en grande partie les inégalités », résume Abdelhak Senhadji, directeur adjoint au FMI. « Améliorer l’accès à l’enseignement est la solution ultime pour mettre fin aux inégalités », a-t-il estimé dans un entretien à l’AFP.

L’éducation est fondamentale à deux titres, poursuit-il, car « elle permet de s’adapter à l’évolution technologique très rapide, qui est le moteur de la croissance », et c’est « une échappatoire à la pauvreté en permettant de s’élever au sein de la société et de dépasser ainsi ses conditions sociales d’origine ».

« Capitaliser sur l’humain est sans doute la meilleure assurance contre l’insécurité de l’emploi liée aux rapides évolutions technologiques », a renchéri de son côté Vitor Gaspar, directeur du département des affaires budgétaires, lors d’une conférence de presse.

Certaines inégalités sont inévitables dans un système basé sur l’économie de marché, constate le FMI. Mais il s’inquiète d’une « inégalité excessive qui compromettrait la cohésion sociale, conduisant à un affaiblissement de la croissance économique », dans un rapport publié mercredi dans le cadre de ses réunions d’automne.

Les inégalités mondiales ont diminué ces dernières décennies, reflétant une solide croissance des revenus dans certains grands pays émergents, comme la Chine et l’Inde. Cependant, elles varient selon les pays: elles se sont creusées dans la plupart des pays développés quand les tendances sont plus hétérogènes dans les autres.

Au cours des trois dernières décennies, les seules inégalités de revenus se sont accrues dans 53% des pays.

Pour réduire ces écarts, le FMI préconise d’améliorer la scolarisation. Or, déplore-t-il, les enfants n’accèdent pas à l’éducation de manière égalitaire y compris dans les pays riches.

Aux Etats-Unis, l’écrasante majorité des écoles publiques n’accueille ainsi pas les enfants avant l’âge de cinq ans. Mais des établissements privés « offrent » la possibilité d’une scolarisation dès deux ans dans des conditions privilégiées, moyennant une dizaine de milliers, voire quelques dizaines de milliers, de dollars par an, établissant les écarts dès la petite enfance.

Le statut socio-économique est également un facteur déterminant pour accéder à l’enseignement dans les pays en développement qui reste problématique en Afrique sub-saharienne, au Moyen-Orient et en Afrique du nord et, dans une moindre mesure, dans les pays en développement d’Asie, d’Amérique Latine et des Caraïbes, détaille le FMI.

Et lorsque les enfants de familles socialement défavorisées sont scolarisés, ils bénéficient d’un enseignement de moindre qualité, ceux-ci étant admis dans des établissements moins bien dotés de matériels pédagogiques et d’enseignants.

La Banque mondiale avait elle-même déploré récemment les dysfonctionnements scolaires et l’incompétence des enseignants se traduisant par des millions d’enfants dans le monde incapables de lire, écrire et compter bien qu’ayant passé plusieurs années sur les bancs de l’école.

Pourtant, s’attaquer à la réduction des inégalités dans l’éducation est possible sans gréver les budgets des Etats. « Les dépenses consacrées à l’éducation représentent plus de 5% du PIB des pays développés et environ 4% du PIB des pays en voie de développement », reprend Abdelhak Senhadji, soulignant que le FMI ne préconise pas une hausse des dépenses alors que les pays sont confrontés au problème de l’endettement (plus de 110% PIB dans les pays industrialisés).

« Avec l’objectif d’une croissance qui profite au plus grand nombre, nous recommandons une meilleure distribution des dépenses en ciblant les enfants des milieux socialement défavorisés. Il faut être judicieux en ne dépensant pas nécessairement plus mais en dépensant mieux », dit-il.

Les Etats doivent non seulement évaluer la pertinence des dépenses en matière d’éducation mais encore repenser l’éducation en ayant comme objectif l’équité, insiste-t-il. Et de citer l’exemple des pays du Golfe qui consacrent des ressources financières importantes à l’éducation en ratant pourtant leur cible. « Les jeunes sont certes très bien éduqués mais ils n’ont pas les compétences requises sur le marché du travail. C’est comme si vous formiez des ingénieurs mais que vous aviez besoin de philosophes », commente-t-il.

« Cela crée une certaine frustration d’avoir suivi des années d’étude pour finalement être exclu du marché du travail. Quand on connait l’ampleur du chômage des jeunes, 30% dans certains pays du Moyen Orient par exemple, il y a urgence à repenser le type d’enseignement », conclut-il.

Afp

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