Avec un produit intérieur brut estimé à, à peine 156,1 milliards de dollars en 2016, l’Algérie est à l’évidence un pays qui crée peu de richesses. Trop de richesses que dizaines de nations et des centaines de firmes étrangères ayant un potentiel beaucoup moins importants que le notre dépassent allégrement. Les pays riches sans disposer de ressources naturelles sont connus et pour ce qui est des entreprises dont les chiffres d’affaires annuels dépassent ou avoisinent le double du PIB algérien, on peut citer les firmes Wal Mart, State Grid , Sinopec Group, Toyota et Apple (pour ne citer que ces firmes bien connues) qui avaient réalisé en 2015 des chiffres d’affaires respectifs de 486, 315, 268, 255 et 216 milliards de dollars chacune.
Ce qui est encore plus grave est que la valeur ajoutée tirée du travail et des moyens de production algériens est lamentablement basse eu égard à l’importance des capitaux que le gouvernement algérien avait alloué aux entreprises dans le cadre de la relance économique. Durant ces quinze dernières années le trésor public aurait effet déboursé pas moins de 850 milliards de dollars pour réaliser des équipements publics, des dizaines de milliers de logements et diverses infrastructures de base pour n’obtenir au bout du compte qu’une croissance annuelle moyenne de 3%.
Pour prendre conscience de l’énormité des capitaux que l’Etat a dépensé sans être parvenu à changer grand-chose à l’état général de l’économie, il faut effectivement savoir que le plan Marshal de 1947 destiné à la reconstruction de tous les pays Europe affectés par les destructions allemandes, ne dépasse guère 17 milliards de dollars de l’époque, soit environ 200 milliards, à la valeur actuelle. Comparée à celles qui ont servi à la reconstruction de de pratiquement toute l’Europe d’après guerre, l’efficience des dépenses algériennes est à l’évidence dérisoire, pour ne pas dire, négligeable !!!
Le faible accroissement du produit intérieur brut algérien est, de surcroît, essentiellement tiré par les secteurs hors hydrocarbures qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, évoluent dans de meilleures conditions de productivité que celui des hydrocarbures qui, bien que fortement soutenu par l’État (Prés de 60 milliards d’investissements pluriannuels), affiche des taux de croissance de plus en plus bas, mis à part ces deux dernières années où on constate une timide remontée. En recul depuis 2009, la richesse tirée des hydrocarbures aurait, selon l’Office National des Statistiques connu une longue période de régression, au point qu’elle elle ne représentait plus que 4% du PIB en 2014.
Avec un produit national brut aussi faible et une population qui vient de dépasser 40 millions d’habitants et augmente chaque année d’un million de nouveaux nées, le PIB par tête d’habitant ne peut, à l’évidence, qu’être parmi les plus faibles des pays producteurs de pétrole. En effet, même s’il a connu une légère progression par rapport à l’année 2012, le produit national brut par habitant ne dépasse guère 3844 dollars aujourd’hui.
La performance est à l’évidence très faible et nettement en dessous des capacités de production disponibles, mais aussi et surtout, en dessous des espérances d’une aussi lourde contribution financière de l’État à la relance économique. Les experts sont en effet unanimes à reconnaître qu’avec autant de ressources injectées par l’État dans l’économie, l’Algérie aurait dû atteindre, au minimum, 7% à 8% de croissance si elle était convenablement gouvernée.
Un haut cadre du Fond Monétaire International qui s’est exercé à comparer notre PIB par tête d’habitant à celui de certains pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient producteurs de pétrole, a affirmé que le PIB moyen per capita de ces derniers dépasserait allégrement 10.000 dollars, soit un peu plus du double du bien modique résultat algérien. De l’amertume de ces chiffres qui présagent du pire, il est évidemment légitime d’extrapoler sur l’importance du challenge que l’Algérie doit impérativement livrer dès à présent pour éviter que son économie sombre dans les abîmes du sous développement.
Il faut en effet savoir, affirme notre interlocuteur du FMI, que si l’Algérie continue à évoluer avec des taux de croissance aussi bas, elle se condamne inévitablement à la pauvreté relative (comparée aux pays qui créent davantage de richesses). A, à peine 1,7% en 2018 et 2019, comme le prévoit le plan d’action d’Ahmed Ouyahia, et eu égard, à l’accroissement démographique qui ne sera pas loin de 2% à ces échéances, il faudrait à l’Algérie au minimum entre 30 et 35 années pour doubler le revenu par tête actuel et atteindre cette moyenne de 10.000 dollars réalisée par les pays MENA exportateurs, comme nous, de pétrole et de gaz.
Les experts tout comme les partis de l’opposition imputent ces très faibles performances, à un premier ministre qui fait la sourde oreille, à des problèmes de gouvernance politique qui se répercutent négativement sur le bon fonctionnement des institutions du pays. Se contentant de gagner du temps jusqu’au prochains scrutin de 2019, il veut éviter toute les réformes structurelles pourtant indispensables, uniquement pour mener à bon port le système politique actuel qui a programmé sa régénérescence, avec ou sans Bouteflika, à la faveur de la prochaine élection présidentielle.
Il ne faut donc pas compter sur l’actuel gouvernement pour offrir au pays une stratégie claire de développement, ni de visibilité économique susceptibles de libérer les énergies et impulser une nouvelle dynamique à une économie en panne.
Pour remettre sur rails notre économie qui peine à sortir d’un mode de gouvernance sclérosant, il faudrait à l’évidence un nouveau régime de croissance fondé sur une autre manière de conduire le développement économique autrement que par des mesures populistes et ruineuses comme par exemple le recours à la planche à billet, l’assainissent financier de plus de 900 entreprises publiques irrémédiablement déstructurées et la poursuite de certains transferts sociaux coûteux et sans incidences bénéfiques pour les nécessiteux.
Autant de mesures irrationnelles qui ne produiront au bout du compte que de l’hyperinflation, une dérive continuelle du dinar, un surenchérissement des prix des inputs importés et un arrêt subit des investissements productifs. Tout pour conduire notre économie déjà suffisamment malmenée par l’instabilité juridique et le climat politique délétère, vers un effondrement. C’est une fatalité structurelle que le plan d’action trop flou et exagérément populiste, ne sera pas en mesure d’éviter.