Le Directeur général adjoint de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF), Redha Laib, s’est exprimé, ce dimanche, sur les raisons de la lenteur des navettes des trains, notamment au niveau de la banlieue algéroise qui enregistre plus de 80% du trafic ferroviaire national en matière de voyageurs.
Intervenant sur les ondes de la radio Chaîne 3, M. Laib a indiqué, au sujet de la lenteur des navettes des trains, que « la responsabilité est partagée », en évoquant aussi « la vétusté du réseau qui rend la vitesse modérée pour la sécurité des voyageurs« . « Les actes de malveillance, les passages à niveau illicite, le caillassage des trains qui convergent vers cette situation très problématique, non seulement pour les voyageurs, mais aussi pour la SNTF », a-t-il précisé.
« Cette réduction de vitesse, réduit la compétitivité du rail par rapport aux autres modes de transport », a-t-il dit, en soulignant que pour la SNTF, la sécurité du voyageur prime sur toutes autres considérations. « Il faut converger nos efforts, aller vers des campagnes de sensibilisation, pour assainir cette situation et remettre le train sur le rail », a-t-il ajouté.
Pour illustrer les dégâts importants causés à l’entreprise par les actes de malveillance, M. Laib a cité l’exemple de 17 autorails diesel de type « CAF » acquis par la SNTF, et aujourd’hui, seulement quatre sont opérationnels, tandis que les 13 autres ont subi des accidents au niveau des passages à niveau. « Ce phénomène est d’une ampleur très importante et très préjudiciable à l’entreprise », a-t-il dit, en soulignant que les campagnes de sensibilisation se poursuivent dans les mosquées et les écoles.
Il a également fait état d’un projet d’installation de la vidéosurveillance sur la totalité de la banlieue algéroise, et ce, dans le but de réduire les actes de malveillance. « Nous sommes aussi sur un projet très ambitieux qui est l’installation de la vidéosurveillance sur la totalité de la banlieue algéroise : D’El Affroune (Blida) jusqu’à Alger, et d’Alger jusqu’à Tizi-Ouzou. Nous allons mettre sous surveillance vidéo tout ce tronçon de ligne qui connait plus de 80% du trafic ferroviaire national en matière de voyageurs », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « Après la mise en place de ce système (de vidéosurveillance), nous espérons réduire sensiblement les actes de malveillance, et par conséquent, augmenter la compétitivité et la vitesse des trains sur cette zone ». Il a rappelé que ces actes de malveillance sont punis par la loi et les services de sécurité font ce qu’ils peuvent faire au vu de l’étendu du réseau ferroviaire national. « La conscience du citoyen est la pierre angulaire dans ce contexte », a-t-il indiqué.
M. Laib a souligné que la SNTF a lancé plusieurs projets de réforme qui touche à son organisation et sa politique commerciale, liées au projet de numérisation des différentes structures de la SNTF, à l’image de l’achat de ligne des billets pour les grandes lignes ainsi que la mise en place de distributeurs de billets automatiques.
Ligne de transport de marchandises entre l’Algérie et la Tunisie
Concernant la ligne ferroviaire entre l’Algérie et la Tunisie relancée en août dernier, il a noté que durant la saison estivale les trains sur cette ligne affichaient complets. « On transportait 300 voyageurs par sens, c’est-à-dire, vers Tunisie et à partir de Tunis », a-t-il précisé, en ajoutant que ce nombre a diminué avec la fin de la saison estivale et la rentrée sociale, en assurant que cette ligne continuera de transporter des voyageurs entre les deux pays tout au long de l’année.
S’agissant de la relance de la ligne ferroviaire dédiée au transport de marchandises entre l’Algérie et la Tunisie, M. Laib exliqué qu’avec la baisse du nombre de voyageurs sur cette ligne, des locomotives seront dédiées au transport de marchandises entre les deux pays. Il a également souligné que les infrastructures ferroviaires tunisiennes ne répondent pas aux exigences du matériel roulant algérien.
« Les infrastructures de base tunisiennes ont une capacité un petit peu modérée. Nous avons pu, avec quelques difficultés, dégager un matériel approprié, pour assurer le transport vers Tunis », a-t-il noté, en faisant savoir que c’est la SNTF qui assure la disponibilité de l’ensemble du matériel roulant et la chemins de fer tunisiens n’ont pas pu mettre à disposition du matériel roulant pour cette ligne.
M. Laib a fait état de la réduction prochaine des locomotives dédiées au transport de voyageurs pour les dédier au transport de marchandises, suite à « la baisse de l’affluence des voyageurs ». « Dans ce sens, nous comptons, incessamment, organiser un workshop avec toutes les parties prenantes et sous l’égide du ministre des Transports, pour redynamiser et essayer de voir avec les opérateurs économiques la possibilité de transporter le marchandises avec le ferroviaire », a-t-il précisé, en rappelant que le transport ferroviaire de marchandises depuis la Tunisie s’est déjà fait par le passé, et que jusqu’en 2003, on transportait du sable et du verre à partir de ce pays voisin.
Concernant le transport ferroviaire de marchandises au niveau national, M. Laib a indiqué qu’après plusieurs années de stagnation avec 4,5 millions de tonnes par an, ce secteur a enregistré 5,2 millions de tonnes en 2023, avec une augmentation de 700 000 tonnes. Pour 2024, il est attendu d’atteindre 6 millions de tonnes de marchandises transportées par le ferroviaire, « avec les mêmes moyens », a-t-il souligné, qui a fait savoir la société est en phase d’acquisition de nouveaux moyens pour augmenter les capacités de transport.
M. Laib a également soulevé la problématique de la concurrence « déloyale » exercée par les transporteurs privés, notamment les transporteurs par camions. « Ils ont moins de charges que nous et ne respectent pas tout le temps la réglementation en vigueur, ce qui réduit la compétitivité du transport ferroviaire. Néanmoins, nous oeuvrons toujours à augmenter notre part de marché en matière de transport de marchandises », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « Nous attendons en parallèle l’entrée en exploitation des nouvelles mines de Gara Djebilet (minerai de fer) et Bled El Hadba (phosphate), ce qui va nous offrir un plan de charges d’environ 100 millions de tonnes à l’horizon 2040 ». « Nous sommes entrain de nous préparer pour répondre favorablement et efficacement à ce besoins. Et nous sommes disponibles pour tous les opérateurs économiques algériens qui voudront travailler avec nous et dans la limite de nos capacités », a-t-il dit.
100 millions de tonnes de marchandises transportées par an d’ici 2040
« Les pouvoirs publics ont la volonté de faire du rail un levier majeur dans le développement du pays notamment sur les plans économique, social et environnemental », a indiqué le Directeur général adjoint de la SNTF, révélant que « l’Etat a mis à la disposition à tous les intervenants (SNTF et Anesrif, ndlr) des enveloppes très importantes pour pouvoir élever qualitativement et quantitativement le trafic ferroviaire en Algérie, en ce sens que des mégaprojets ont été initiés. »
Il s’agit, selon lui, des deux lignes minières, dont l’une desserve la mine de Gara Djebilet (Tindouf) et la mine de Bled El Hadba (Tébessa), rappelle-t-il, indiquant que « les travaux ont été entamés et les acquisitions sont en maturation ».
En outre, ajoute l’invité de la Radio algérienne, la SNTF a développé une stratégie à l’horizon 2040. « Cette stratégie est basée sur des indicateurs quantifiables et vérifiables, basée aussi sur la planification des outils de l’Etat et du schéma directeur du secteur ferroviaire, ainsi que les outils utiles dans cette stratégie de développement, suivant la spécificité de chaque région afin d’aller vers une efficience et une densité de transport, à la fois, des voyageurs et des marchandises.
Sans donner de date de réception, il a dit attendre l’acquisition des deux autres lignes vers le sud : la ligne Touggourt-Hassi Messaoud et El Bayadh-Mechria « qui sont deux extensions d’imposition et non un choix ».
Par ailleurs, M. Laib a assuré que la SNTF est en attente d’acquérir du nouveau matériel destiné notamment pour le transport des voyageurs. Et d’indiquer que vu l’étendue du pays la SNTF a opté pour le transport de nuit, afin d’assurer le plus de confort possibles aux voyageurs et faciliter à toute la population l’accès à ce moyen de transport de masse.
Cette modernisation est confrontée, toutefois, à la vétusté du réseau qui atteindra bientôt les 6000 kilomètres. A ce propos, le responsable de la SNTF a rappelé que l’Algérie dispose d’un réseau vieillissant, car datant de plusieurs décennies, citant comme exemple la rocade nord qui relie Annaba-Tlemcen via les villes côtières.
« Cette rocade nécessite de grands travaux qui s’étalent sur quatre phases à savoir : de rattrapage, de mise à niveau, de modernisation et une phase d’extension, dont l’aboutissement est d’offrir une rocade nord performante, de meilleures conditions de sécurité et de vitesse aux voyageurs », a-t-il souligné.
Concernant les lignes de train à grande vitesse (LGV), M. Laib a rappelé la réception de la ligne Boughezzoul-Djelfa-Laghouat. « Nous attendons la mise en place des systèmes de signalisation et de télécommunication qui permettent d’élever la vitesse de 220 km/h », a-t-il souligné, en ajoutant qu’il est attendu la réception de la ligne à grande vitesse entre Mechria (Naama) et El Bayadh, et auss la ligne entre Oued Tlelat (Oran) et Tlemcen, qui le projet phare LGV et qui est « en phase de finalisation ».