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Faire du tourisme l’activité par laquelle l’Algérie sortirait de son extrême dépendance de la rente d’hydrocarbures, comme l’avaient promis pratiquement tous les gouvernants qui se succédé à la tête de l’Etat demeure un vœu pieux, aucune action d’envergure n’ayant été engagée à ce jour pour sortir ce secteur de sa profonde léthargie.
Bien au contraire les prédations qui se multiplient à l’encontre de son patrimoine hôtelier, ses sites archéologues, ses sources thermales, son patrimoine forestier et son environnement écologique en général sont à l’origine d’une régression largement perceptible de bon nombre d’atouts du tourisme algérien.
Le mal est si profond qu’il est impossible de parier sur cette activité sans une préalable mise à niveau de pratiquement toute l’infrastructure hôtelière qui devra aller de paire avec une requalification de l’ensemble du personnel aux techniques modernes de gestion de ce secteur soumis à la rude épreuve de la concurrence internationale.
Vu sous cet angle l’Algérie n’a effectivement rien d’extraordinaire à offrir aux touristes étrangers auxquels des destinations comme la France, l’Espagne, la Tunisie, le Maroc, la Turquie, la Russie et autres ont des services et des produits beaucoup plus attractifs et certainement moins chers à proposer.
En ajoutant à ce sombre tableau les interdits moraux et religieux imposés aux citoyens comme aux touristes étrangers, il ne faut effectivement pas s’attendre à ce que les étrangers, ni même nos émigrés, se bousculent aux portillons des infrastructures touristiques algériennes.
S’il est vrai que l’infrastructure touristique s’est enrichie ces dix dernières années de quelques hôtels essentiellement urbains, leurs conceptions douteuses (ceux réalisés par les chaines internationales mises à part) et leurs modes de gestion archaïques ne sont pas, il ne faut pas craindre de l’avouer, de nature à produire le rush d’estivants attendu.
Et pour preuve, bon nombre de ces hôtels de construction récente se plaignent de leurs difficultés à atteindre des taux de remplissage convenables. Faute de publicité certains hôtels publics (hôtels balnéaires et sahariens notamment) restent désespérément vides durant les basses saisons, d’où leurs déficits chroniques.
Les quelques opérateurs (Patrons d’hôtels et d’agences de voyages) que nous avons interrogés imputent les difficultés du tourisme algérien à un tout un faisceau de déterminismes, parmi lesquels nous avons pu retenir en premier lieu, l’extrême difficulté pour les étrangers désireux de se rendre dans notre pays, d’obtenir un visa auprès des consulats algériens réputés pour leur flegme bureaucratique. Les longues chaînes qui s’y forment aux premières de la journée n’incitent pas à faire ce voyage, d’autant plus que d’autres pays ont introduits des facilités en matière d’octroi de visa et de contrôle aux frontières qui fluidifient considérablement les flux touristes qui vont dans leurs directions.
Il y également le rôle négatif que jouent la plupart de nos agences de voyages devenues au fil du temps des pourvoyeuses en touristes pour des destinations étrangères plutôt que pour leur pays.
Elles ne rapportent pas de devises à l’Algérie mais bien au contraire lui en font perdre en racolant des clients algériens en faveur d’autres pays. On estime les devises sortie du pays par ce biais à environ deux milliards de dollars, en comptant évidemment, ceux qui voyagent sans passer par ces agences notamment en direction de la Tunisie, du Maroc, de l’Espagne et de la France.
L’Etat devrait rapidement promulguer des mesures incitatives pour pousser les agences de voyages à faire venir des touristes en Algérie plutôt qu’à faire, comme c’est actuellement le cas, l’inverse. Elles devraient également travailler à la promotion du tourisme local en organisant à travers tous les sites emblématiques du pays des voyages attractifs en jouant sur la publicité et autres supports d’information susceptibles d’entrainer un large engouement pour ce type de détentes.
Il y a aussi l’absence de formation, couplée à un manque flagrant de civisme, dont pâtissent les clients qui prennent le risque de se rendre sur une plage, dans un hôtel touristique ou dans un restaurant algérien.
Le mauvais accueil y est souvent de mise, l’hygiène laisse à désirer, le choix des produits et services sont très limités et le rapport qualité-prix rarement avantageux. En Algérie, nous apprend le patron d’une station balnéaire implantée à Azeffoun, « on ne sait même pas faire un casse-croute aux normes.
Dans un pays touristique qui se respecte vendre des casse-croutes renfermant de la viande ou des fromages de qualités douteuses peut conduire devant les tribunaux ou occasionner la fermeture de votre commerce. Ce n’est malheureusement pas le cas en Algérie » ajoute t-il en nous désignant du doigt un cuisinier en train de frire à même le sol des pommes de terre destinées à remplir des morceaux de pains posés, eux aussi, sur un parterre en terre battue.
Il y a, enfin, l’archaïsme de nos moyens de paiements qui contraint les touristes à payer en argent liquide. Faute de cartes de crédits et de retraits de devises, les touristes étrangers sont obliger de venir avec des liasses d’euros, de dollars et autres monnaies pour effectuer leurs achats en Algérie.
Outre le risque de se faire voler ou de se faire agresser en raison de l’argent en leur possession, les paiements en liquides constituent pour eux un désagrément, que des pays ayant modernisés leurs moyens de paiements ont su leur épargner. C’est un gros problème que nos autorités se doivent de solutionner au plus tôt si elles souhaitent vraiment redynamiser le secteur du tourisme.
Il y a, comme on le constate, encore beaucoup à faire pour redorer le blason du tourisme algérien qui recèle certes de nombreux atouts à commencer par la position géostratégique du pays, la diversité de ses paysages et ses sites historiques, mais ces atouts non négligeables ne sauraient à eux seuls ériger l’Algérie en grande destination touristique mondiale.
Tout reste en effet à faire en matière de culture touristique que l’école et la communication devraient prendre en charge pour notamment apprendre aux enfants, comme aux adultes, la manière d’accueillir des étrangers en étant tolérants sur les différences de religions, d’habillements et d’alimentations.
Un effort particulier devrait également être fait en matière de formation aux nouveaux métiers du tourisme et de l’hôtellerie (accueil, télé réservations, prospection informatique, arts culinaires, divertissements, travail en réseaux etc.)
A défaut la relance du tourisme resterait un slogan creux et la recherche de destinations étrangères par des algériens, de plus en plus nombreux à bouder leur pays, continuera à être une tendance lourde pour nos finances publiques.
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