Le processus de modernisation des moyens de paiement devrait s’accélérer dans les touts prochains mois, selon le Président du Directoire de la Société Générale Algérie, monsieur Eric Wormser. L’arsenal juridique a été en grande partie promulgué et les supports techniques (outils informatiques, confection des cartes de retrait et de crédit) ainsi que les personnels chargés de les mettre en œuvre seraient globalement prêts à opérer le bouleversement tant attendu dans le mode de paiement.
L’Algérie qui enregistre un énorme retard dans ce domaine a aujourd’hui plus que jamais besoin de moyens de paiement modernes (cartes de retraits de fonds, cartes de crédit, paiement par internet etc.) pour faciliter la vie des citoyens, développer le tourisme , longtemps handicapé par l’absence de cartes de crédit, bancariser le maximum de monnaie en circulation et assurer la traçabilités des flux monétaires. En Algérie seuls 33% de l’argent en circulation est en effet bancarisé (un des plus faible au monde) et les touristes qui s’aventurent sur notre territoire doivent venir avec des liasses de billets pour payer leurs achats puisque ni les paiements par internet ni les cartes de crédit n’y sont encore possibles.
Les guichets de change pour les touristes ne peuvent être de surcroît effectués que dans les banques très procédurières et quelques rares hôtels urbains, ce qui complique la vie aux touristes qui pour cette raison en grande partie évitent la destination touristique algérienne. Il semble y avoir consensus au plus haut sommet de l’Etat (ministère des finances, ministère des technologies de la communication, Banque d’Algérie etc.) pour accélérer la modernisation du système bancaire algérien, notamment au moyen de la mise en œuvre d’une nouvelle génération de moyens de paiement désignée sous le terme de monétique.
Le pari est tout à fait jouable du fait qu’un certain nombre de nouveautés en matière de modernisation des infrastructures de traitement des paiements de marchandises ont déjà été introduites dans le système bancaire algérien. Sont entre autres cités, le virement Swift, la télé compensation des chèques, le virement télé compensé et la compensation des cartes de crédit qu’il serait donc possible d’utiliser. L’introduction des effets de commerce et d’avis de prélèvement sont, quant à eux, annoncés pour les prochains mois. L’absence de culture du paiement électronique pourrait quelque peu bloquer la mise en œuvre des changements qui vont prochainement s’opérer, mais il serait, selon monsieur Eric Wormser, possible d’y palier au moyen de la communication qui consisterait, notamment, à familiariser les clients des banques aux nouveaux instruments de paiement et rétablir progressivement la confiance des utilisateurs
Si le système de paiement algérien se caractérise aujourd’hui encore par une faible utilisation des moyens scripturaux, une amélioration constante des délais de recouvrement est tout de même effective, en dépit la persistance d’incidents de paiement (rejets de chèques pourtant copieusement provisionnés) qui causent d’importants préjudices aux entreprises, comme aux citoyens ordinaires.
La monnaie fiduciaire, est-il à déplorer, joue un rôle primordial dans le système de paiement national en raison du faible taux de bancarisation, et de l’importance du commerce informel. Une bonne partie des importations algériennes continuent à être payées en espèces malgré l’imposition du Crédoc comme unique moyen de paiement des importations.
Parmi les moyens de paiement scripturaux, le chèque est en cours de réhabilitation (il est accepté notamment par les services publiques), mais son fonctionnement reste pénalisé, malgré les progrès permis par la télé compensation, par la lenteur et l’incertitude des opérations interbancaires. Les virements représentent entre 10% et 15% des opérations interbancaires, selon une note de la Banque d’Algérie datée de novembre 2015. Les délais de traitements du chèque et du virement ont été ramenés de plusieurs mois, à moins de 5 jours ouvrables.
A signaler que contrairement à de nombreux pays, les effets de commerce sont très peu utilisés en Algérie et les systèmes de cartes de paiement électronique sont également peu développés. Seules les cartes de retrait sont utilisées à une échelle réduite. La « mobile banking » qui pourrait connaître un rapide essor, grâce notamment aux jeunes virtuoses du Smartphone, n’a malheureusement démarré que timidement. Elle attend une impulsion qui pourrait venir des banques commerciales, notamment étrangère familières de ce mode paiement.
Par ailleurs, seuls quelques grands hôtels urbains, trois compagnies aériennes et, depuis peu, des grands services publics comme la Sonelgaz , Algerie-Télécom et la Seeal acceptent les cartes de crédits.
Parallèlement au chèque, la production des instruments monétiques a débuté le 30 octobre 2006. Le nombre de cartes bancaires émises par les banques et Algérie Poste seraient d’environ 1,3 millions, tandis que les TPE installés auprès des commençants ne dépasseraient pas le millier. Plus de 1500 distributeurs automatiques de billets (DAB) ou guichets automatiques de billets (GAB) sont mis en place, même si les clients sont nombreux à se plaindre (ceux d’Algérie Poste notamment) de leur mauvaises gestion (ruptures fréquentes de billets de banques, pannes, erreurs etc.)
D’autres instruments modernes de paiement, comme les effets de commerce (la lettre de change, traites, billet à ordre) verront également bientôt le jour à la faveur de ce vaste mouvement de modernisation du secteur financier que les autorités concernées (Ministère des finances, ministère des TIC, Banque d’Algérie et autres institutions impliquées dans la réforme bancaire) ne tarderont pas à lancer.