Les cours du pétrole se sont sensiblement repliés jeudi, le marché faisant fi d’un possible prolongement de coupes de production du groupe Opep+ en 2025, car l’offre reste abondante.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a lâché 2,08%, pour clôturer à 81,86 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain de même échéance a lui perdu 1,66%, à 77,91 dollars.
Oscillant autour de l’équilibre en début de séance, l’or noir a effectué une glissade après la publication du rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).
Le chiffre principal de l’EIA aura été la diminution de 4,1 millions de barils des stocks de pétrole brut sur la semaine, alors que les analystes attendaient, en moyenne, une baisse plus limitée de 1,15 million de barils, selon un consensus établi par l’agence Bloomberg.
Mais, selon John Kilduff, d’Again Capital, les opérateurs ont ensuite « regardé plus en détail » le document et se sont aperçus que les stocks d’essence avaient, eux, gonflé de deux millions de barils, alors que le marché tablait sur une réduction de 1,5 million.
Ce décalage est attribuable à la montée en régime des raffineries américaines, dont les capacités ont été utilisées à 94,3%, contre seulement 91,7%, une première depuis plus de neuf mois.
Compte tenu de cette accélération, « les stocks de brut n’ont pas beaucoup diminué », considère John Kilduff.
L’augmentation des stocks d’essence, désormais supérieurs de 5,9% à leur niveau de l’an dernier à la même époque, mais aussi de produits distillés, parmi lesquels figure le gazole, accréditent l’idée d’une offre pléthorique.
Elle complique la tâche de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés de l’accord Opep+, qui tiennent une réunion dimanche pour définir leurs niveaux de production des mois à venir.
Selon l’agence Reuters, le cartel pourrait prolonger en 2025 une partie des coupes sur lesquelles il s’est engagé l’an dernier, à hauteur de 3,66 millions de barils par jour, et qui devaient théoriquement arriver à échéance en fin d’année.
Parallèlement, l’Opep+ maintiendrait, au deuxième semestre 2024, d’autres réductions, soit 2,2 millions de barils, annoncées initialement en novembre.
« Cela offre du soutien au marché, mais ce n’est pas suffisant pour ramener le WTI au-dessus de 80 dollars et le Brent au-delà de 90 dollars », estime John Kilduff.
Le marché a, par ailleurs, relevé la révision à la baisse de l’estimation de croissance américaine pour le premier trimestre, désormais évaluée à 1,3% en rythme annualisé, contre 1,6% initialement.
Le chiffre confirme un ralentissement de l’activité économique et de la consommation aux États-Unis, ce qui augure mal de la demande.
AFP