Les cours du pétrole sont montés vendredi à un sommet de plus de cinq mois, dopés par la perspective d’une riposte iranienne contre Israël et l’éventualité d’une perturbation de l’offre d’or noir.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s’est octroyé 0,79%, pour clôturer à 90,45 dollars. Il a grimpé en séance jusqu’à 92,18 dollars, une première depuis fin octobre. La baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, a lui glané 0,75%, à 85,66 dollars.
« Le marché s’inquiète de voir une attaque de représailles de l’Iran (contre Israël) mener à l’élargissement du conflit dans la région et avoir un impact sur les approvisionnements en pétrole », a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
La république islamique a promis de répondre à la frappe qui a détruit, le 1er avril, une annexe de l’ambassade d’Iran à Damas en Syrie, et fait plusieurs morts dont deux généraux de la Force Qods, cellule qui intervient hors des frontières Iraniennes.
Les États-Unis ont positionné plusieurs navires de guerre pour protéger Israël et les forces américaines stationnées dans la région, en prévision d’une attaque Iranienne qui pourrait intervenir dans les heures à venir, selon le Wall Street Journal.
« Je ne veux pas donner d’information confidentielle mais je m’attends à ce que cela soit bientôt », a dit le président américain Jo Biden vendredi, qui a aussi répondu à une question sur le message qu’il souhaitait adresser à Téhéran: « Ne le faites pas! »
« Nous sommes prêts à nous défendre au sol et dans les airs, en coopération étroite avec nos partenaires, et nous saurons comment répondre », a déclaré, vendredi, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui a rencontré le général américain Erik Kurilla, en charge du Moyen-Orient.
« Les implications seraient différentes selon que l’attaque viendrait directement d’Iran ou d’un intermédiaire, mais aussi en fonction de la cible, le territoire israélien ou ailleurs », a détaillé Daniel Ghali, de TD Securities. Des frappes directes « créeraient un risque de riposte en territoire Iranien » par Israël, ajoute l’analyste, dans une note.
« Si l’Iran attaquait et qu’Israël ripostait, ils pourraient s’en prendre aux infrastructures pétrolières », anticipe Andy Lipow. La république islamique a exporté environ 1,3 million de barils par jour en 2023.
En fin de séance, les cours du brut ont néanmoins abandonné une partie de leurs gains, dans un contexte de forte remontée du dollar, devise de référence pour les échanges de pétrole, et d’aversion pour le risque.
« L’appréciation du dollar, c’est la double peine pour certaines économies d’Amérique du Sud ou d’Asie du Sud-Est » avec l’ascension du prix de l’or noir, a souligné Andy Lipow. « On pourrait donc voir la demande s’affaisser dans ces régions avant l’Europe ou les États-Unis. »
AFP