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Programme d’Action du gouvernement: L’État a-t-il les moyens d’une aussi grande ambition

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Traduire en plan d’actions le trop généreux programme électoral du quatrième mandat du président Bouteflika n’est pas évident quand la disponibilité des ressources budgétaires tend, comme c’est déjà le cas, à faire cruellement défaut. La difficulté est d’autant plus insurmontable que le pouvoir exécutif ne connaît que ce mode de financement par le budget, le financement par le marché (levées de fonds concurrents, mobilisations de valeurs mobilières, B.O.T etc.) n’ayant jamais été une tradition chez nos gouvernants qui n’y pensent qu’à l’occasion des crises d’accumulation essentiellement dues aux effondrements cycliques des cours du pétrole.

Ces alternatives de financements possibles sont malheureusement vite oubliées dés lors que les prix du baril remontent ou, comme cela a été longtemps le cas, lorsque le fond de régulation des recettes d’hydrocarbures (le FRR) avait retardé de plusieurs années l’épuisement des réserves de change.

Abelmadjid Tebboune, devra donc faire une périlleuse gymnastique budgétaire pour concilier les promesses électorales très coûteuses du président Bouteflika et les recettes de l’Etat en constant déclin, notamment, depuis que la chute des cours pétroliers s’est inscrite dans la durée. Le nouveau gouvernement n’ayant pas dérogé au principe sacrosaint de l’Etat providence qui a toujours prévalu en Algérie c’est, cette fois encore, avec l’argent du Trésor public que le premier ministre projette de financer les engagements électoraux que président de la république, avait pris au temps où le baril de pétrole n’était encore pas loin de 100 dollars. Mais en cette période de dégringole des cours,  l’Etat algérien a-t-il vraiment les moyens d’une aussi si grande ambition ?

Rien n’est moins sûr, car ce projet de programme d’actions traduit dans les faits des engagements particulièrement coûteux, exprimés en termes de nombre de logements à livrer, d’infrastructures et d’équipements à réaliser, d’entreprises publiques à maintenir en activité en dépit de leur insolvabilité, d’engagement à soutenir les prix de produits de premières nécessité, d’emploi des jeunes, de pléthore de fonctionnaires à payer régulièrement, de santé, de formation, de transferts sociaux et autres.

Abdelmadjid Tebboune s’est évertué à traduire fidèlement toutes ces exigences dans le programme d’actions qui sera bientôt soumis à un parlement qui ne trouvera sans doute rien à redire, puisqu’il est l’émanation d’un programme présidentiel auquel la majorité parlementaire avait apporté publiquement son soutien. Rien n’y a effectivement été omis et, dans certains cas, la générosité sur le dos des contribuables a été poussé encore plus loin, s’agissant notamment de prise en charge des catégories sociales vulnérables, dont la définition n’est malheureusement jamais donnée, ouvrant la voie à toutes sortes d’interprétations lorsqu’il s’agira de les appliquer.

Mais où donc trouver chaque année les 4500 à 5000 milliards de dinars nécessaires au financement des actions gouvernementales mentionnées dans l’ambitieux programme du gouvernement Tebboune. Mis à part ce que rapporteront les fiscalités pétrolières et ordinaires qui ne couvriront, dans le meilleur des cas, que la moitié des besoins en financement, on ne trouve nulle part dans ce programme qui sera prochainement soumis au parlement, d’autres moyens de financement, autre que budgétaire, clairement identifiés.

Il faudra donc s’attendre à des déficits publics record pouvant allégrement dépasser 20% du PIB, quand bien même, le gouvernement viendrait à dévaluer fortement le dinar, augmenter les impôts et élargir l’assiette fiscale.

Le recours à l’endettement extérieur ayant été d’emblée proscrit par le président Bouteflika qui dans son communiqué préconise, on ne peut plus clairement, de l’éviter, il faudrait que les autorités en charge des finances redoublent d’ingéniosité pour trouver les bonnes formules d’emprunts qui éviteront à l’Etat la débâcle financière qu’elle avait subi au milieu des années 80.

Il ne faudrait surtout pas qu’elles tardent à le faire tant que le niveau de nos réserves de change inspire encore la confiance aux bailleurs de fonds étrangers et autres. Si ce matelas venait à disparaître leurs comportements à l’égard de l’Algérie seraient à l’évidence moins conciliants et leurs prêts plus chèrement rémunérés.

Enfin, dans cette quête de moyens nécessaires au financement du programme du gouvernement, on se demande pour quoi il n’est pas clairement fait allusion dans le document endossé par le conseil des ministres, à l’argent détenu par les hommes d’affaires algériens installés dans leur pays ou à l’étranger. Ils seraient, selon une institution onusienne (NWH), au nombre de 4100 millionnaires en dollars prêts à investir en Algérie, pour peu que le gouvernement crée un climat des affaires idoine et leur donne des assurances quant à la stabilité institutionnelle et juridique du pays. En évitant de les solliciter dans une période de déclin budgétaire aussi cruciale, le pouvoir ne fait en réalité que réitérer son refus de voir des hommes d’affaires algériens prendre de l’ampleur au point de lui disputer à terme, tout ou parties, de ses pouvoirs régaliens. Mais jusqu’à quand pourra t-il tenir sans eux et sans endettement extérieur ?

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