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Mustapha Zebdi, président de l’APOCE: « Il y a une mauvaise gestion de la filière lait »

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Dans cet entretien, le président de l’association algérienne de la protection du consommateur (Apoce) évoque plusieurs sujets liés à l’actualité du consommateur à commencer par la crise du lait. Pour Mr Zebdi, cette crise va perdurer dans le temps tant que des solutions profondes ne sont pas prises en considération pour régler le phénomène. L’APOCE a reçu selon lui, plusieurs plaintes durant ce mois de ramadhan comme celle relative à la vente de viande congelée comme étant de a viande locale fraiche. 

Algérie-Eco : plusieurs régions du pays y compris Alger connaissent des perturbations dans la distribution du lait en sachet et ce avant même le mois du Ramadan. Pourquoi à votre avis la crise du lait perdure dans le temps ?

Mustapha Zebdi : Il y a actuellement moins de tension dans certains endroits mais je confirme que plusieurs localités du pays ont vécu cette crise du lait qui commence à inquiéter les consommateurs et les associations des consommateurs. Le problème persiste depuis plusieurs mois, et s’est accentué durant la première semaine du mois de Ramadan. Il y  a des déclarations contradictoires de la part de l’office interprofessionnel du lait et les laiteries concernant la disponibilité de la poudre de lait.

La crise s’est atténuée grâce à l’augmentation de la production de lait par les producteurs étatiques. Mais le problème va persister tant qu’il n’y aura pas un traitement profond du phénomène. Il faut aller au fond des choses. On parle souvent de problème d’approvisionnement, de distribution, de détournement de la poudre de lait, mais que fait-on pour régler tout cela. Donc, on peut dire qu’il y a une mauvaise gestion de la filière. Je vous donne un simple exemple dans certaines régions où il y a une seule laiterie, et bien la poudre de lait n’arrive même pas à ces régions.

Certains médias parlent des deux wilayas de M’Sila et Bordj Bou Arreridj, où plusieurs facteurs empêchent les laiteries de parvenir à satisfaire la demande et ce suite à la réduction, depuis début 2017, de 18 % (soit 30.000 litres/jour) du quota de poudre de lait octroyé par l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) à la laiterie, entraînant la baisse de sa production de 168.000 à 138.000 litres/jour. Autre facteur de tension, l’augmentation de la consommation journalière par personne de lait durant le ramadan.

Qu’est-ce que vous  suggérez dans ce sens ?

Il y a comme je l’ai expliqué des données contradictoires et des chiffres qui se heurtent, que ce soit par rapport à la matière première qu’est la poudre de lait ou au taux de production et de distribution, donc il est nécessaire de faire un état des lieux correct. D’un côté, l’Office national interprofessionnel du Lait et produits laitiers, ONIL, assure qu’aucune baisse n’a été relevée concernant les quantités de poudre de lait alors que les laiteries privées parlent d’une baisse de 10 à 20% des poudres, selon une enquête menée par l’Apoce.

Nous avons conclu donc qu’il y aurait un maillon défaillant dans la chaîne de distribution, que ce soit au niveau de l’approvisionnement des laiteries en poudre de lait, ou au niveau de la désignation des quotas de lait par région. Sinon, comment expliquer que les laiteries publiques travaillent à 100% de leur capacité, alors que les laiteries privées ne produisent qu’à hauteur de 20%?

Il faut donc régler le problème en profondeur, il faut que le ministère de l’agriculture se réunisse avec tous les intervenants de la filière lait pour trouver les solutions adéquates à cette crise. Aussi, je  dis que si les autorités veulent véritablement se pencher sur la question et mettre la lumière sur ce mystère, l’Apoce est prête à apporter son aide, afin que le consommateur puisse enfin connaître le pourquoi des choses.

A part la question portant sur la modification, sans préavis, d’Algérie Télécom de son offre Internet 4G sans fil avec modem fixe (4G LTE), dont vous avez soulevé le problème au PDG du groupe dernièrement, quels sont les autres plaintes que vous recevez durant ce mois de Ramadhan ?

Si vous me permettez avant de répondre à cette question d’éclaircir les choses concernant la 4G. l’APOCE a frappé à toutes les portes pour essayer de convaincre l’opérateur public des télécommunications Algérie Télécom (AT) à annuler, ou du moins à revoir sa décision entrée en vigueur le 25 mai dernier, portant sur la modification, sans préavis, de son offre Internet 4G sans fil avec modem fixe (4G LTE), de sorte à supprimer le passage à un débit réduit (512 Ko illimité) à la fin du crédit initial d’un 1G. Après l’ARPT, une lettre adressée au Premier ministre, le PDG d’AT nous a reçus dernièrement. Nous avons expliqué que les clauses du contrat proposé aux abonnés de la 4G LTE sont arbitraires et mêmes illégales. L’APOCE a reçu pas moins de 3 000 plaintes de la part des abonnés de cette formule 4G LTE qui se plaignent de l’agissement sans préavis d’Algérie Télécom. Notre association a donné un délai de 10 jours à Algérie Télécom pour donner une réponse aux doléances de ses clients avant de passer à l’action.

Autre plaintes reçue par l’APOCE, celle de la vente de viande. Certains bouchers s’adonnent à des pratiques illégales selon des consommateurs. Ils vendent de la viande congelée en la présentant comme de la viande locale fraiche, avec le même prix. C’est pour nous des pratiques inconcevables et nous interpellons dans ce sens le ministère du commerce pour renforcer le contrôle dans ce sens.

Qu’avez-vous programmé pour les prochaines semaines ?

A l’approche de la saison estivale, l’APOCE a programmé au moins deux campagnes de sensibilisation. La première a trait au mauvais stockage des boissons et d’eau en bouteilles de plastique. Nous connaissons bien les dangers du soleil et de la chaleur si ces bouteilles sont exposées au soleil. Donc ce que nous prévoyons, c’est de sensibiliser en premier lieu les consommateurs et ensuite les distributeurs.

L’autre campagne concerne le ciment comme celle de la semoule. Nous souhaitons une forte collaboration de la part des pouvoirs publics et nous allons essayer d’avoir une séance de travail avec le ministère du commerce concernant la disponibilité du ciment car le problème est très sensible et d’essayer de trouver les solutions pour arrêter la spéculation concernant le ciment subventionné. 

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