La Commission européenne souhaite négocier avec Moscou pour s’assurer que le projet controversé de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne « soit exploité de façon transparente et non discriminatoire », a-t-elle annoncé vendredi.
L’exécutif européen, qui se dit défavorable à ce projet, a formellement demandé au Conseil de l’Union européenne (UE), qui représente les Etats membres, de lui accorder un mandat pour cela. « Le gazoduc Nord Stream 2 ne contribue pas à la réalisation des objectifs de l’union de l’énergie. Si ce gazoduc est néanmoins construit, il nous faut à tout le moins veiller à ce qu’il soit exploité de manière transparente et dans le respect des règles de l’UE », a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic.
Ce projet, qui divise les Européens, vise à doubler d’ici fin 2019 les capacités de son grand frère Nord Stream 1, et permettre à plus de gaz russe d’arriver directement en Allemagne, via la mer Baltique, donc sans passer par l’Ukraine.
Défendu par Berlin, Nord Stream 2 est vivement critiqué par plusieurs pays de l’est de l’Europe, Pologne en tête, dans un contexte de tensions géopolitiques entre l’UE et Moscou depuis le conflit ukrainien de 2014.
Selon la Commission, « la section en mer de Nord Stream 2 est dans une situation particulière car il se trouve en partie, notamment à son unique point d’entrée, en dehors de la juridiction de l’UE ».
Il faut donc « négocier un cadre juridique spécial qui tienne compte des principes fondamentaux du droit international et du droit » européen.
Ce gazoduc « ne peut pas être exploité dans un vide juridique ou uniquement selon le droit de l’énergie d’un pays tiers », a insisté le commissaire à l’Energie, Miguel Arias Canete.
L’UE veut s’assurer que le gazoduc sera exploité de manière transparente, que les prix ne seront pas discriminatoires, que les tiers pourront y accéder et que les activités de fourniture et de transport seront séparées. « Mon point de vue sur ce projet est négatif », avait écrit le président du Conseil européen, Donald Tusk, dans une lettre adressée au président de la Commission, Jean-Claude Juncker, consultée mercredi par l’AFP.
« Il nous rendra plus dépendant de l’approvisionnement russe » et « renforcera la position (du géant gazier russe) Gazprom comme fournisseur de gaz dominant au sein de l’UE », avait détaillé le dirigeant polonais. « Pour résumer, cela ne servira pas les intérêts européens. »
Le financement de Nord Stream 2, évalué à 9,5 milliards d’euros, a été bouclé fin avril. Gazprom en sera le seul actionnaire, tandis que ses partenaires – le français Engie, les allemands Uniper (ex-EON) et Wintershall (BASF), l’Autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell – en financeront la moitié à parts égales.
Chacun des cinq industriels européens contribuera ainsi à hauteur de 950 millions d’euros.
Afp