Dimanche à Monrovia dans la capitale du Libéria, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a donné son accord de principe à la demande d’adhésion du Maroc. Sauf coup de tonnerre, le royaume chérifien devrait bientôt intégrer l’organisation sous-régionale.
Cependant, comme le reconnait Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères « pour rendre cette adhésion effective, il va falloir voir quels sont les textes à adapter, côté CEDEAO et côté marocain ».
« L’absence de continuité territoriale est un vrai problème », car ce même dimanche, la CEDEAO a recalé la demande d’adhésion de la Mauritanie en lui notifiant de «présenter une requête de réadmission».
En février dernier, le Maroc avait présenté à Ellen Johnson Sirleaf, alors présidente en exercice de la CEDEAO, sa demande d’adhésion « à part entière » à la communauté ouest-africaine, un mois après sa réintégration dans l’Union africaine.
Le Maroc est à la recherche d’une zone économique pour stimuler son économie depuis la montée des tensions entre le royaume et l’Algérie voisine, qui a paralysé les activités de l’UMA (Union du Maghreb Arabe), dont font partie le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie, la Tunisie et la Libye. La piste CEDEAO semble donc la mieux indiquée.
En effet, l’Afrique de l’Ouest représente 25% de la population africaine. A l’horizon 2035, d’après les chiffres de la Banque mondiale, la région devrait connaitre l’une des plus fortes croissantes démographiques. Avec un PIB globalement supérieur à 700 milliards $, la CEDEAO en intégrant le Maroc dépasserait la Turquie et s’approcherait de l’Indonésie en termes de PIB. Plus frappant, la région a affiché entre 2007 et 2012 de forts taux de croissance économique de 6,7% en moyenne. Il s’agit d’un excellent marché pour une économie émergente aussi dynamique que celle du Maroc.
De plus, si l’Afrique subsaharienne ne représente aujourd’hui qu’un peu plus de 6% des exportations marocaines et environ 1% de ses importations (contre 5% en 1993), la CEDEAO demeure la principale partenaire économique du royaume chérifien sur le continent.
L’impact économique de l’adhésion du Maroc à ce groupement économique régional, 20e économie mondiale, peut être évalué donc à travers la dynamique d’exportation.
Dans le volume 2 de son «Analyse de la politique commerciale du Maroc», quelques jours après la demande d’adhésion du royaume, la Banque africaine de développement (BAD), a révélé qu’une baisse de moitié des droits de douane pratiqués par la CEDEAO, devrait entrainer une hausse d’environ 5% des exportations marocaines vers le marché ouest-africain.
Selon le Centre marocain de Conjoncture (CMC) dans sa lettre mensuelle « Maroc Conjoncture » n° 291, en matière d’investissements et de coopération économique, l’appétit marocain pour la CEDEAO présente plusieurs opportunités pour le royaume. Par exemple, l’environnement des affaires est de plus en plus propice. Cette déclaration suit la même ligne directrice que la dernière édition de 2017 de Doing Business. Selon ce document publié par la Banque mondiale en début d’année, les pays de la CEDEAO améliorent considérablement le climat des affaires le rendant plus attrayant aux investisseurs.
Reste désormais à déterminer si les facilités propres aux pays membres de l’organisation sous-régionale, en l’occurrence la libre circulation des personnes et des biens et le Tarif extérieur commun, s’appliqueront de facto aux ressortissants ouest-africains dans leurs relations avec le royaume chérifien.
Ecofin