Les nouvelles coupes de production de brut annoncées jeudi par certains pays exportateurs de l’Opep+ ont été accueillies avec scepticisme par le marché du pétrole et n’ont pas eu l’effet escompté sur les cours qui ont encore baissé, ce vendredi.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, a chuté de 2,44% à 78,88 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en janvier, a perdu 2,48% à 74,07 dollars.
Après de longues négociations, à l’issue de la réunion tenue le 30 novembre par visio-conférence, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) ont annoncé de nouvelles réductions de production de pétrole pour 2024. Pour Andrew Lebow de Commodity Research Group, cité par l’agence AFP : « Mais il y a une bonne dose de scepticisme de la part des courtiers qui se demandent si le volume de ces coupes va être vraiment réalisé ».
L’Arabie Saoudite a annoncé l’extension de sa mesure de réduction d’un million de barils par jour (bpj) jusqu’à « la fin du premier trimestre 2024 », suivi par la Russie, qui prolonge également les coupes sur ses exportations de trois mois, approfondies à 200.000 barils. (soit un total de 500.000 bpj).
D’autres pays membres de l’alliance comme les Emirats arabes unis, l’Irak, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie ou Oman vont également procéder à des diminutions de moindre ampleur, pour près de 700.000 bpj au total, a précisé le groupe dans un communiqué.
Au total, l’OPEP+ a ainsi annoncé des coupes additionnelles volontaires s’élevant à 2,2 millions de bpj. Mais sans compter les prolongations des coupes volontaires supplémentaires de la Russie et de l’Arabie saoudite anticipées par le marché, seulement 900.000 bjp devraient donc être retirés jusqu’en mars 2024.
Les analystes de DNB, cités également par l’AFP, ont indiqué que « ce qui a été annoncé comme une mesure majeure de l’Opep+ s’avère être, selon nous, un ajustement modeste de la production ». Ils ont noté par ailleurs que l’Arabie saoudite n’a pas voulu sabrer davantage sa production, ce qui « pourrait être considéré comme un signe que le leader de facto de l’Opep commence à ressentir la douleur de ses réductions ».
La discorde sur les quotas de production ne semble d’ailleurs pas enterrée. L’Angola, qui s’est vu attribuer un objectif de production inférieur à celui décidé en juin, a rejeté ce nouveau quota. « Une note de protestation a été envoyée au secrétariat général de l’OPEP », a précisé le ministère Angolais des Ressources minérales et du pétrole dans une déclaration transmise à l’AFP.
« Notre pays est membre de (l’OPEP) depuis plus de 16 ans et durant cette période, il a pleinement respecté toutes les obligations de l’Organisation, tout en participant aux efforts déployés par les pays signataires (…) pour stabiliser le marché pétrolier international », a-t-il insisté.
« Si vraiment les coupes annoncées sont réalisées, l’offre de brut sera en déficit et ce sera bon pour les cours », a conclu Andrew Lebow, soulignant toutefois qu’un ralentissement de l’économie mondiale, déjà commencé aux États-Unis et en Europe, allait aussi peser sur les cours.