C’est ce mardi que la nouvelle assemblée populaire nationale fera son entrée à l’Hémicycle de Zighoud Youcef pour sa première séance plénière.
La suite verra la démission de l’actuel gouvernement pour que soit désigné le prochain, censé prendre les rênes de l’exécutif et poursuivre le programme du président de la république, lequel faut-il le préciser tâtonne acculé par la chute des prix du pétrole mais surtout par une gestion boiteuse.
Il faut rappeler également que le gouvernement sortant n’a présenté aucun bilan. Sellal a fait abstraction de la déclaration de politique générale conformément à l’article 98 de la Constitution durant les trois dernières années sans s’inquiéter de devoir rendre des comptes de la conduite de son plan. Un manquement grave qui ferme la porte au débat national mais surtout réduit l’APN à une caisse enregistreuse, la privant ainsi de la prérogative fondamentale de mettre le gouvernement devant ses responsabilités et de lui ôter le pouvoir en cas d’échec.
A souligner que la déclaration de politique générale donne lieu à un débat sur l’action du gouvernement. Ce débat peut s’achever par une résolution. Il peut également donner lieu au dépôt d’une motion de censure par l’Assemblée populaire nationale. Bien entendu la réalité est loin d’être conforme au texte fondamental et les rapports de force au sein du parlement bicaméral sont tout aussi improbables que déséquilibrés.
Ceci dit, ce serait malhonnête d’omettre de pérciser qu’Abdelmalek Sellal ne détient pas la palme d’or de l’entourloupe. Il n’a fait que perpétuer un état qui existait avant lui car ses prédécesseurs Ahmed Ouyahia , tout comme Abdelaziz Belkhadem, qui ont occupé son poste, ont également bafoué cette obligation constitutionnelle pour échapper aux remontrances.
Outre le bilan qui n’a pas été rendu public, encore faut-il qu’il soit établi, mise à part des bribes qui fuitent au compte-gouttes et surtout distillées par ouï-dire, le gouvernement Sellal s’est illustré par son manque d’homogénéité et sa clique de ministres passés maitres dans l’art de la controverse. Ils sont arrivés même à étaler sur la scène publique leurs divergences en se renvoyant la balle sur des problèmes majeurs qui touchent l’avenir la nation. Donnant l’impression d’une cour de récréation où on se chamaille pour un jeu de dés. Quant à Sellal, incapable d’être le manager avisé, il accentue le côté burlesque du décor.
Nous avons vu ces ministre tout au long de leur gouvernance, se contredire, hésiter, rater le coche et se rétracter. L’industrie automobile avec l’affaire Tahkout, les licences d’importations, les créances impayées dans le BTPH, le RHB, les coupures d’Internet, même le Forum Africain d’affaires qui a réuni pratiquement tous les pays africains à Alger pour remettre l’économie nationale dans son giron naturel, a été saboté par le gouvernement pour une affaire de protocole qui aurait pu être réglé loin des projecteurs.
Les élections législatives qui ont enregistré un taux d’abstention et des bulletins blancs jamais atteint de mémoire d’Algérien, ont porté le coup de grâce à un exécutif qui croyait qu’il suffisait d’un spot publicitaire bricolé, des annonces à l’emporte-pièce et des appels au vote pour que tout le monde s’incline.
Mais au-delà de l’homme politique, idéologiquement peu convaincant, le personnage lui-même ne séduit pas. Ni par sa façon d’être et encore moins par sa façon de parler, ceci étant qu’un homme public doit être outillé pour prétendre à un poste politique clé, la culture, l’éloquence et le sens de la répartie mesurée sont indispensables.
Ce qui est cocasse avec Sellal, est dès qu’il ouvre la bouche, on doit croiser les doigts par peur de ce qu’il peut dire surtout devant les officiels étrangers car ses sorties hilarantes et ses vannes bon marché sont devenues prévisibles. Ses déclarations et ses phrases décousues sont constamment tournées en dérision notamment sur les réseaux sociaux. On peut dire que de ce coté-là, il a la cote. Les vidéos qui le caricaturent sont virales.
L’autre camouflet est celui que vient de lui infliger le président du MSP en refusant de rallier le nouveau gouvernement pour lequel des tractations sont en cours de manière officieuse, donnant l’impression que Sellal est confiant quant à sa reconduction mais au final personne ne peut certifier qu’il a carte blanche pour recruter son équipe. Sachant que la désignation du premier ministre est du ressort du président de la république et que des rumeurs insistantes donnent d’autres noms à ce poste. Même Chakib Khellil ne s’est pas gêné pour lancer son offre de service.
Toujours est-il que la reconduction de Sellal et ses ministres, risque de maintenir le statu quo et exacerber la défiance et comme dit l’adage, on ne change pas une équipe qui gagne mais une équipe qui perd oui ! wait and see.