Les prix du pétrole poursuivaient leur baisse vendredi, les taux d’intérêt mondiaux élevés ravivant les inquiétudes quant à l’activité économique mondiale, et pèsent sur les perspectives de la demande.
Vers 09H30 GMT (11H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, perdait 1,73% à 72,86 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, abandonnait 1,90% à 68,19 dollars.
Le pétrole a perdu du terrain sur la semaine, « les principales banques centrales ont fait preuve d’agressivité dans la lutte contre l’inflation », commente Han Tan, analyste chez Exinity.
« Les hausses de taux plus importantes que prévu au Royaume-Uni et en Norvège, associées à l’insistance de la Réserve fédérale américaine sur le fait qu’elle a d’autres hausses de taux en réserve, ont fait craindre aux marchés une récession mondiale », poursuit-il.
Jeudi, la Banque d’Angleterre a relevé jeudi ses taux de 0,5 point, les portant à 5%. La Banque de Norvège a elle aussi opté pour une hausse de 0,5 point, poussant son taux directeur à 3,75%.
La banque nationale suisse a quant à elle relevé son taux directeur de 0,25 point pour le porter à 1,75%. Enfin, la banque centrale turque a poussé jeudi son principal taux directeur à 15%, soit un revirement majeur dans sa politique monétaire.
« Les taux d’intérêt (élevés) représentent un risque énorme pour les perspectives économiques et l’inflation s’avère bien plus tenace qu’on ne l’espérait », explique à l’AFP Craig Erlam, de chez Oanda.
D’autant que l’analyste rappelle que de nombreux économistes s’attendaient à ce que des baisses de taux interviennent au cours du second semestre. « Nous demandons toujours où se trouve le pic (des taux) et combien de temps il va se maintenir », souligne-t-il.
En parallèle, du côté de l’offre, « les données disponibles concernant les exportations de pétrole (russe) par voie maritime et le traitement du pétrole brut sur le marché intérieur n’ont pas montré de baisse notable jusqu’à présent », note Carsten Fritsh, analyste chez Commerzbank.
La Russie s’était pourtant engagée dès février à réduire sa production de quelque 500.000 barils par jour.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a accordé à la Russie un niveau de référence un peu plus élevé pour les réductions de production de 2024, passant de 9.828 millions de barils par jour à 9.949.
« Si la Russie devait continuer à produire plus de pétrole que convenu, la volonté de l’Arabie saoudite de poursuivre ses réductions volontaires de production pourrait diminuer », affirme Carsten Fritsh, qui juge que cela pourrait aussi mettre « en péril la crédibilité du cartel pétrolier élargi ».
AFP