Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Mr Umberto Torresan, Senior Business Développement Manager DuPont Sustainable Solutions, nous a révélé les projets de cette firme internationale en Algérie notamment l’aide qu’elle veut accorder dans les secteurs des énergies renouvelables et l’agriculture au gouvernement algérien mais également dans le domaine de la formation et de l’optimisation des compétences.
Algérie-Eco : Parlez-nous de la société que vous représentez et quelles sont ses domaines de prédilection et son apport en Algérie?
Umberto Torresan : La société E.I. DuPont de Nemours et Compagnie, est une entreprise américaine, fondée en juillet 1802 à Wilmington, dans le Delaware, par Éleuthère Irénée du Pont de Nemours. Elle a 215 ans d’existence.
À l’origine, c’est une usine de fabrication de poudre à canon. Après évolution, la Société DuPont devient l’un des plus grands groupes de chimie. Au cours du XXe siècle, elle a été un pionnier dans la révolution des « matières plastiques », avec la découverte du nylon, puis en développant d’autres matériaux polymères tels que le néoprène, le téflon, le kevlar ou le lycra.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, DuPont développe une expertise dans le nucléaire en construisant l’usine de production de plutonium sur le complexe nucléaire de Hanford pour le projet Manhattan. Elle construit par la suite le complexe nucléaire de Savannah River Site.
La compagnie dispose d’un siège en Europe, précisément à Genève et dans d’autres continents. Elle emploie prés 27000 personnes. C’est une entreprise industrielle présente dans divers secteurs d’activité tels que l’Energie, fossile et renouvelable, l’agriculture, la sécurité alimentaire, la chimie, etc.
Aujourd’hui, DuPont est une firme transnationale de la science, de la chimie et de la biologie. Elle s’impose comme le plus grand producteur de pro-biotiques dans le monde. La moitié des panneaux solaires dans le monde sont dotés de nos composants.
Parallèlement, nous avons développés une division de conseils et de formations s’appuyant sur notre grande expérience dans divers domaines économiques et après toutes ces années qui ont vu le Groupe se développer, nous avons appris à traiter et à corriger des erreurs qui peuvent être très préjudiciables, nous avons donc appris le comment-faire pour améliorer la production et en même temps améliorer la sécurité de l’entreprises et celles des travailleurs. Nous avons décidés de partager nos connaissances avec tout le monde et tous ceux qui veulent aller de l’avant.
A cet effet, nous travaillons avec les meilleures sociétés dans le secteur Oil&Gas comme la BP , Saoudi Aramco, Anadarco, etc et d’ailleurs à ce propos, nous avons un contrat de service pour le compte du groupement Berkine Anadarco, Sonatrach. Nous travaillons également avec le Groupe Red Med dans un cadre de partenariat. Nous prodiguons à cette entreprise un service de conseils et de formations dans ce qu’on appelle « l’Excellence opérationnelle » dans des volets liés à la sécurité, la productivité et l’optimisation des process. La gestion de tous les risques présents dans les opérations industrielles, l’assurance de l’efficacité des actifs (extraction de la valeur maximale des équipements et installations existants) et l’HSE (Hygiène Sécurité Environnement). Il est question du changement d’une entreprise familiale vers une société Corporate d’un niveau mondial. Red Med est une société sérieuse et remarquable, elle a choisi la bonne stratégie qui fonctionne.
Vu votre expérience dans le consulting, quelles sont selon vous les grandes faiblesses des entreprises algériennes ?
Je dirai de prime abord que le plus grand problème de l’Algérie réside dans le secteur des ressources humaines. Et précisément dans la catégorie des cadres moyens. Ces derniers ne sont pas compétitifs au niveau mondial. Ils ne peuvent pas avoir la même performance que des cadres moyens américains ou européens mais il est possible de changer cette situation et d’élever le niveau. Cela a été fait en Chine et dans d’autres pays de par le monde. Nous voyons, une possibilité incroyable ici. L’Algérie est un pays avec des ressources énormes pas uniquement matérielles mais notamment humaines. Nous constatons la volonté des Algériens à vouloir changer et se perfectionner, il faut juste trouver la bonne manière de le faire. L’expérience avec Red Med, le prouve, c’est tangible.
Il faut miser sur les cadres moyens car c’est cette catégorie d’effectifs qui aident l’entreprise à se développer et à grandir. Il faut former le leadership mais également les cadres moyens.
Le ministère de l’énergie compte lancer un appel d’offres relatif à l’énergie renouvelable pour la réalisation de centrales de 4000MW, est-ce que vous comptez apporter votre appui technique dans ce sens ?
Nous avons plusieurs décennies d’expérience dans les énergies renouvelables nous étions déjà entrés de plain pied dans cette activité quand l’idée de basculer vers ces énergies alternatives était encore à l’état embryonnaire. Nous avons dans ce sens explorer et expérimenter toutes sortes de technologies ayant trait à ce secteur et finalement nous nous sommes fixés sur l’idée que le photovoltaïque est la meilleure source alternative car économiquement plus rentable et plus viable.
Pour ce qui est du projet algérien en énergie renouvelable de 4000MW, nous avons proposé au ministère de l’énergie de partager nos connaissances pour les aider à évaluer les appels d’offres et les propositions des sociétés notamment les clauses ayant trait aux spécificités car vous savez, c’est facile de proposer des prix très bas alors que la qualité du projet est minime. Il faut impérativement savoir ce qu’on offre réellement.
Le ministère de l’énergie algérien est intéressé par notre appui qu’on propose gratuitement et c’est une promesse faite par notre président en décembre dernier à l’occasion de la tenue d’ « Algéria Energy Day ». C’est un appui de conseil concernant les spécificités des projets devant être consignés dans le cahier des charges.
Les énergies renouvelables doivent être réfléchies selon une stratégie de long terme et de longue haleine. Il faut donc choisir les bons composants et les matériaux de qualité pour des installations qui durent le plus longtemps possible et savoir optimiser au maximum leur rentabilité car leurs coûts sont énormes. Pour nous, partager nos connaissances est d’abord une valeur éthique et cela ne nous empêche nullement de faire également des affaires mais nous favorisons la confiance et l’équité. Nous sommes dans une démarche relationnelle de partenariat et de long terme.
Avez-vous des projets dans le domaine de la formation?
On va en effet créer une école dans le Sud Algérien qui s’appellera « Académie d’Excellence DuPont » à Hassi Messaoud qui formera des cadres supérieurs et moyens en partenariat avec le Groupe Red Med. Elle sera opérationnelle au mois de septembre. Nous explorons également les possibilités d’apporter des solutions dans le secteur agricole dans ce qu’on appelle l’agriculture de précision qui aide à augmenter la production sans utiliser les produits chimiques à l’aide de technologies très pointues.