Pour éviter la catastrophe les pays de l’OPEP chercheraient à s’entendre sur, au minimum, la reconduction de l’offre telle que retenue lors du sommet d’Alger, à l’occasion duquel furent imposés aux membres du cartel des réductions de production d’un total de 1,2 millions de barils/jour, jusqu’à la fin du premier semestre 2O17. C’est ce qui ressort des déclarations de ministres de l’énergie de certains pays du golfe et du secrétaire général de l’OPEP au forum sur l’énergie qui s’est tout récemment tenu à Abou Dhabi.
L’accord d’Alger ayant été étendu à onze pays non OPEP (dont la Russie), il est également dans l’intention du Cartel de reconduire cette entente, voire même de l’élargir à de nouveaux pays producteurs de pétrole qui n’en sont pas membres, l’objectif étant de porter le niveau de la réduction de l’offre à, au minimum, 1,8 millions de barils/jour. Ces accords ont, affirment les experts, été globalement respectés sans toutefois atteindre l’objectif recherché, à savoir, une remontée significative et durable des prix des hydrocarbures sur un marché inondé d’or noir.
L’abondance de pétrole et de gaz à travers le monde persiste en effet malgré cette initiative de l’OPEP qui avait permis d’éviter la catastrophe. Si dans l’état actuel de l’industrie pétrolière mondiale saturée d’hydrocarbures, on estime que le Cartel et ses alliés, ne peuvent pas à eux seuls impulser une forte dynamique de remontée des prix, les observateurs avertis sont tout même d’accord pour dire que sa décision de réduire quotas de production a effectivement permis de maintenir les cours à leurs niveaux actuels.
Convaincus qu’un relâchement en matière d’offre des pays du Cartel pourrait engendrer un effondrement spectaculaire des prix, les pays de l’OPEP accueilleraient donc favorablement une reconduction de l’accord d’Alger, que l’OPEP s’apprêterait à proposer à ses membres à l’occasion sa prochaine réunion. C’est un geste minimum que toutes les parties prenantes doivent consentir pour, en quelque sorte, sauver les meubles, estiment les meilleurs observateurs.
Il faut dire que la production d’hydrocarbures à pris une envolée fulgurante avec la production de pétrole et de gaz de schiste encouragée par des prix de revient de plus en plus bas et les encouragements du président Trump à développer cette filière. Le niveau de production tirés de cette activité à été tel qu’il a pratiquement comblé le vide causé par la réduction de l’offre de 1,2 millions de barils/jour décidée par l’OPEP en juillet 2016, pour quelque peu contenir la baisse des prix du pétrole qui prenait des proportions alarmantes.
Mais au vu des prévisions pessimiste de l’AIE qui prévoit une surabondance d’hydrocarbures et une stagnation de la croissance mondiale durant au minimum les deux années à venir, il y a peu de chance que cette probable décision de l’OPEP, enclenche une dynamique de remontée forte et durable des prix. C’est tout juste si les producteurs d’hydrocarbures, pourraient prétendre à leur stabilisation aux cours actuels, qui fluctuent entre 25 et 45 dollars le baril.
Il faut dire que l’extraction de pétrole non conventionnels ne posent plus de problèmes de prix de reviens, ces derniers ayant été ramenés à titre d’exemples à moins de 35 dollars dans certains périmètres du Dakota et du Texas ce grâce aux avancées technologiques et au management avant-gardiste des champs d’exploitation. Des avancées qui suscitent évidemment l’intérêt des banques prêtes à miser sur ce genre d’investissement susceptibles de générer très rapidement des bénéfices fabuleux.
Une dizaine de puits sont de ce fait mis en service chaque semaine en grande partie dans ces régions selon les statistiques de la compagnie pétrolière Baker Hughes qui table sur l’exploitation d’environ 1000 nouveaux puits d’ici la fin de l’année 2017. La production de pétrole de schiste représentera à cette échéance plus de la moitié de la production totale américaine actuellement estimée à 4,5 millions de barils/jour. Autorisés depuis peu par le Congrès à exporter le pétrole, les compagnies pétrolières américaines auront de quoi inonder le marché mondial des hydrocarbures en provocant bien des désagréments, sinon la ruine, des compagnies pétrolières qui ont des coûts de production trop élevés.
La production mondiale de pétrole pouvant dépasser allégrement les 100 millions de barils/jour à la fin de cette année alors que la consommation est appelée à stagner aux alentours de 98 millions, il y a fort à craindre que les prix entament une nouvelle chute ou, dans le meilleur cas, stagnent à leurs niveaux actuels. Pour les pays qui vivent exclusivement de leurs rentes pétrolières la situation serait dans les deux cas de figures à être alarmante.