Le collectif NABNI reprend ses activités par la publication d’un premier « blog » sur le thème : Le revenu universel. Selon le collectif, l’idée est simple et de plus en plus en vogue : Distribuer un revenu de base à tous les citoyens qu’ils soient adultes ou mineurs afin de garantir un minimum vital à tous. « Ce schéma remplacerait l’actuel système complexe d’aides (allocations, aides et autres). Il remplacerait aussi le système de subventions aux produits de première nécessité qui aujourd’hui n’encourage pas la production nationale en subventionnant massivement des importations (essentiellement de lait et de blé) ainsi que des ressources non renouvelables (l’énergie et l’eau) », indique le collectif. Pour l’énergie et l’eau Nabni estime que le système actuel, ne permet pas le développement des grandes compagnies nationales, comme Sonelgaz et l’Algérienne des Eaux (ADE) car il force les prix à des niveaux trop bas et le recours à l’endettement subventionné par les banques publiques n’est pas une solution pérenne à ce déséquilibre et induit des risques pour notre système financier.
Un simple revenu universel serait-il la solution à toutes ces distorsions ? S’interroge le collectif qui répond que c’est un moyen d’assurer une redistribution équitable et exhaustive de la richesse en évitant les erreurs inévitables et la fraude potentielle liées au ciblage ? C’est aussi un moyen de ne pas oublier les femmes, rétribuant ainsi justement un travail essentiel qui n’a jamais fait l’objet de rétribution : élever la prochaine génération d’Algériens.
« L’industrie représente 5% du PIB algérien et même si cette part croit en investissant dans les filières pertinentes elle ne sera pas nécessairement pourvoyeuse d’emplois : soit l’industrie sera à fort contenu capitalistique (comme la pétrochimie) soit elle sera manufacturière et robotisée », écrit le collectif pour qui la promotion de l’employabilité notamment des jeunes exigera de gros efforts d’accompagnement et de formation que la disponibilité d’un revenu universel rendra plus aisé.
« L’inefficacité et les gaspillages de notre modèle social actuel basé des subventions « universelles » tous azimuts et la difficulté depuis plusieurs années à lancer ne serait-ce qu’un pilote pour les subventions ciblées plaident pour une solution innovante qui sorte notre pays de l’impasse dans laquelle il se trouve », ajoute Nabni.
Le collectif relève que l’un de ces écueils vient du taux insuffisant de bancarisation de la population algérienne, à moins de 50%, lequel empêche ce système d’atteindre toute la population. Néanmoins la mise en œuvre de ce « Revenu Universel » peut constituer un levier pour la bancarisation. Ainsi par exemple, une des conditions à la perception de ce revenu pourrait être la détention d’un compte bancaire.
Un autre écueil, précise le collectif, réside dans la détermination du montant optimal qui garantit à la fois un minimum vital à tous et qui ne contient pas de risque inflationniste trop important. « En effet, à production constante, distribuer du revenu supplémentaire augmente le revenu de la population et par conséquent sa demande et les prix des produits. Cependant, les analyses préliminaires de ce nouveau système – aussi bien théoriques que tirées d’expériences pilotes- montrent que le risque inflationniste n’est pas avéré. Nous nous garderons de nous prononcer définitivement sur ce sujet mais quelques éléments peuvent commencer à nous éclairer », indique-t-on. En effet, pour une partie de la population, ce revenu viendrait se substituer aux subventions et aides ciblées. Pour la partie la plus pauvre de la population, ce nouveau revenu pourrait stimuler une nouvelle gamme de produits à bas prix pour répondre à une nouvelle catégorie de demande solvable et durable mais à petit budget. On peut penser à des meubles pas chers en kit produits localement avec des produits locaux comme la palme de dattier par exemple.
Pour les catégories les plus aisées, un impôt progressif pourra lisser le surplus de revenu induit par ce revenu universel qui par définition leur sera également attribué. Ce lissage du revenu via les impôts est plus simple et plus précis et évite de gaspiller le budget de l’Etat dans des subventions aux carburants ou à l’eau qui servirait à des biens de luxe, suggère le collectif.
« Quelques simulations préliminaires, en utilisant le montant des subventions alimentaires, au logement et à l’énergie – permettent de situer ce revenu autour de 7500 DA par habitant et par mois (en faisant l’hypothèse que ce revenu concernerait les plus de 15 ans- ce qui pourrait réduire l’incitation à arrêter les études à cet âge- et que les revenus élevés ne seraient pas concernés par ce revenu universel qui sera écrémé via une taxation progressive) », explique-t-on.
Pour Nabni, il n’est pas encore certain que cette solution soit la panacée mais elle mérite que nos économistes et notre gouvernement se penchent dessus.