Au cours la saison 2021/2022, quelque 13.000 hectares de colza ont été emblavés contre 3.000 hectares la saison précédente. Si durant la saison 2020/2021, coïncidant avec la première expérience de la culture de colza, les autorités se sont félicté des résultats, cette année, elle connaît des obstacles.
Alors que la moisson a été entamée, les agriculteurs rencontrent un problème de taille : ils ne savent pas où déposer leurs productions de colza. Selon le journal El Watan de ce dimanche 22 mai, les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) n’ont pas eu l’ordre d’ouvrir leurs dépôts aux récoltes du colza.
« Les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) chez qui nous déposions cette céréale destinée à la transformation ainsi que la semence n’ont pas encore donné leur accord pour accueillir les récoltes des fellahs ayant semé cette saison le colza », se plaignent des agriculteurs privés et des fermes pilotes, cités par la même source.
La culture du colza est un programme quinquennal national qui s’étend de 2020 à 2024, mis en place par le ministère de l’Agriculture et soutenu par le président de la République, rappelle le même journal, qui ajoute que du côté de l’administration de la CCLS, l’on affirme qu’aucun transformateur n’a affiché son intérêt pour la récolte de cette année et que sa tutelle ne l’a pas encore instruit à l’effet de recevoir les récoltes du colza.
« Il y a une contradiction flagrante », selon Nadir Ahcene Djaballah, le président de l’Association professionnelle pour l’orientation et la protection des fellahs (APOPF), cité par le quotidien national.
« Après ces blocages administratifs, le colza ne sera certainement pas cultivé, la saison prochaine«
Et d’expliquer : D’un côté, la culture du colza est considérée comme un programme soutenu personnellement par le président de la République dans le but de limiter l’importation en devises fortes des oléagineuses pour leur transformation en Algérie. De l’autre, les CCLS, qui ont vendu aux fellahs la semence du colza au début de la saison et loué leurs moissonneuses pour la récolte, n’ont pas eu encore l’accord de la direction générale pour ouvrir les dépôts et recevoir les récoltes du colza. »
« Ce qui représente, selon lui, un risque pour la qualité de la graine en l’absence d’une bonne conservation. Pire, jusqu’à hier, aucune convention avec des transformateurs n’a été signée avec les CCLS. Quel sera, alors, le sort des récoltes du colza cette année, sachant que la superficie emblavée est pratiquement quatre fois plus importante que l’année dernière ».
« Après ces blocages administratifs, le colza ne sera certainement pas cultivé, la saison prochaine, par un nombre important d’agriculteurs », prévient Nadir Ahcene Djaballah, qui souligne que « la saison 2020/2021, qui coïncidait avec la première expérience de la culture de colza avec l’emblavement de quelque 4.000 ha, avait donné d’encourageants résultats avec une récolte globale de 13 935 quintaux de colza. »
Le président de l’Association professionnelle pour l’orientation et la protection des fellahs (APOPF) rappelle les déclarations de l’année passée de l’ex-secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Salah Chouaki, qui avait annoncé : ‘La première expérience de la culture de colza, au titre de la saison agricole 2020-2021, a été couronnée de succès et a enregistré des résultats encourageants avec 13.935 quintaux, dont 11.397 quintaux de céréales destinées à la transformation, ainsi que 2.538 quintaux de semences qui sont stockées au niveau des Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS)’. »
Une commission d’enquête dépêchée dans l’Est du pays pour s’enquérir des difficultés des producteurs
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural Mohamed Abdelhafid Henni a dépêché une commission d’enquête au niveau des wilayas de l’Est du pays pour s’enquérir des difficultés rencontrées par les producteurs du colza.
« Suite aux difficultés et insuffisances constatées en rapport avec le programme de production de colza au niveau des wilayas de l’Est du pays (producteurs privés et fermes pilotes), le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a dépêché une commission d’enquête sur les lieux », avait indiqué le 4 mai dans un communiqué le ministère de l’Agriculture.
Cette commission, placée sous l’autorité de l’inspection générale du ministère, doit « enquêter avec diligence sur les anomalies et erreurs ayant conduit à une situation qui a mis en difficulté de nombreux agriculteurs ayant adhéré au programme colza pour la campagne 2021-2022 », avait expliqué le communiqué, ajoutant qu’à l’issue des conclusions de cette commission d’enquête, les décisions appropriées seront prises, a fait savoir le ministère.
L’Algérie « ne renoncera pas » à la culture du colza
Ce dimanche, le ministre de l’Agriculture s’est exprimé sur les difficultés que rencontre la culture du colza. Abdelhafid Henni a indiqué que « nous sommes dans l’attente des résultats de l’enquête » sur les diffucultés liées à cette culture.
Relevant qu’il y a des wilayas où la production est bonne et dans d’autres où elle est faible. Le ministre a tenu à évacuer l’hypothèse liée à la mauvaise qualité des semences du colza, en assurant que les semences sont traitées rigoureusement. M. Henni a néanmoins admis quelques « difficultés » relatives aux itinéraires techniques et au climat dans certaines wilayas.
Le ministre de l’Agriculture a déclaré que son département « ne compte pas renoncer à la culture du colza ». Il a assuré les agriculteurs qui se sont lancés dans cette culture qu’il y aura des facilitations en leur faveur. « Nous avons des contrats avec des transformateurs privés. Une solution finale au problème sera trouvée dans les plus brefs délais », a indiqué Abdelhafid Henni qui mise sur une semence nationale de colza.
Concernant la question du stockage de la production du colza, le ministre a indiqué que les agriculteurs savent tout et l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a pris toutes les mesures nécessaires en mettant à la disposition des agriculteurs les points pour déposer leurs productions.
M. Henni a également fait savoir que son département se projette sur la culture de tournesol. Tout en annonçant l’entame d’une période expérimentale, il a rappelé l’expérience de l’Algérie dans ce domaine, mettant en exergue la maîtrise de l’itinéraire technique « beaucoup plus facile que le colza ».