Les voitures de marque Hyundai, emballées et arrivées en Algérie dans des containers alors qu’elles devaient, du moins en partie, être assemblés, dans l’usine de Tiaret et appartenant au nouveau « magnat des affaires » Mahieddine Tahkout, posent de sérieux problèmes.
Les images postées sur les réseaux sociaux si elles venaient à être authentifiées seraient un grand point d’interrogation sur les intentions du gouvernement qui a accordé des terrains, des abattements fiscaux et surtout a instruit les banques pour accompagner les détenteurs de ces « usines de montage de véhicules ».
Voyons voir. Que prévoit la législation en matière d’industrie automobile et forcément pour l’usine de montage de véhicules Hyundai, (Tahkout manufacturing Campany) à Tiaret ?
Le cahier des charges prévoit sans équivoque, un taux d’intégration d’au moins 40 % qui est nécessaire à l’issue de la cinquième année d’activité. Un taux de 15 % minimum est nécessaire dès la troisième année. En outre, un avantage de 10 % est accordé au cas où les moteurs, ponts ou boîtes de vitesses sont produits sur le sol Algérien. Le taux d’intégration sera calculé sur la base du coût de revient des pièces fabriquées par l’usine concernée. De même que les salaires et la formation. Les pièces acquises auprès de sous-traitants locaux, la matière locale, ainsi que la logistique et les prestations de service sont également prises en compte.
La phase SKD (Semi Knocked Down) est une étape importante dans la création d’une industrie automobile en Algérie.
A la différence des véhicules montés en CKD, soit par l’assemblage sur place de pièces importées, le principe du Semi Knocked Down (SKD) repose sur une intégration locale plus poussée. En effet, les pièces pour le montage du véhicule sont en grande partie importées à l’état brut et transformées sur place, tout comme certaines opérations élémentaires telles la peinture ou le vitrage.
C’est cette phase « SKD » auquel fait référence le patron de TMC, dans une mise au point adressée à la presse après la diffusion de l’information sur les voitures emballées.
Les rédacteurs de la mise au point ont raison en partie, mais seulement en partie.
C’est en fait une phase sur laquelle les concessionnaires, qui se sont lancés dans la construction automobile, doivent passer, même si le taux d’intégration à cette phase est toujours en deçà des attentes locales recommandées.
Mais c’est justement dans ce taux d’intégration que réside le scandale pour le cas de Tahkout et compagnie.
En plus clair, les véhicules qui sont importés depuis quelques mois sont déjà assemblés de bout en bout, sauf peut-être pour les roues, certainement par manque d’espace et de hauteur à l’intérieur des containers. En fait, Il n y’ a ni taux d’intégration ni usine au niveau de Tiaret pour la simple raison que les voitures qui sont importées sont prêtes à être revendues et à rouler, avec comme cerise sur le gâteau, rien à payer à la douane.
Il faut savoir, pour faire juste une petite comparaison, que l’usine Renault de Oued Telilat à Oran, a atteint les 10% de taux d’intégration les premiers mois du lancement de la « Symbol » avec cette fameuse phase « SKD » pour atteindre deux ans après plus de 30%.
L’usine emploie déjà quelques 800 personnes. Un tiers des composants de deux modèles (Symbol et Dacia Sandero) assemblés dans cette unité de Oued Tlilat sont fabriqués localement en Algérie.
Le cas de « Tahkout manufacturing Campany » est assurément unique en son genre dans l’histoire de l’industrie automobile.
Le gouvernement est-il au courant de ce problème ou sommes-nous encore dans la république des copains ?
Dans les deux cas, c’est encore une fois le pays qui continue de perdre du temps, de l’argent et par dessus tout, sa crédibilité.