Exemptés de gel de leurs productions pétrolières dans le cadre de l’accord de Vienne, la Libye et le Nigéria avaient les moyens de retrouver leurs productions d’autrefois qui avaient fortement chuté. Malheureusement, le spectre de la violence qui plane sur leurs principales zones de production n’augure pas de lendemains meilleurs pour leurs secteurs pétroliers, au grand dam des autorités et de leurs programmes respectifs de relance de l’industrie pétrolière.
Les inquiétudes nées de la liberté accordée à ces deux pays d’augmenter leurs productions sont encore dans les mémoires. Certains analystes disaient, il y a quelques mois, craindre une surabondance de l’offre globale, portée par ces deux géants. En Libye, depuis plus d’une semaine, des violences ont éclaté entre les groupes armés contrôlés par trois gouvernements rivaux, l’objectif étant de prendre le contrôle des périmètres. Une situation qui a engendré des affrontements sans précédent autour des installations et des ports du croissant pétrolier dans l’Est du pays. La production pétrolière, qui était remontée à 700 000 b/j avec pour cible 900 000 b/j en fin du mois de mars, est descendue à 615 000 b/j. Plusieurs compagnies menacent de déserter les lieux et la société d’Etat du pétrole entrevoit de décréter un Etat de force majeure sur la production.
Si les affrontements dans cette zone persistent, on craint une érosion de plus de 60% de la production nationale dans les prochains jours. Les investisseurs aussi pourraient durablement jeter le tablier car aucune issue de sortie de crise ne pointe à l’horizon.
Pour ce qui est du Nigéria, on croyait qu’avec l’accalmie observée dans le delta du Niger, les sabotages d’installations pétrolières faisaient déjà partie du passé. Dimanche dernier, contre toute attente, quatre groupes de militants armés, originaires de la région, ont réclamé l’arrêt immédiat de toute production. Il s’agit d’Adaka Boro Avengers, Niger Delta Creek Warriors, Camp Ogunuma et des révolutionnaires du Delta du Niger.
Ils ont, dans la note commune adressée au gouvernement fédéral, indiqué qu’ils ont fait taire les armes pour laisser le temps au gouvernement de régler les problèmes en suspens et libérer les militants arrêtés. Mais puisque rien de tout cela n’a été fait, ils ont promis de recommencer les attaques quitte à réduire à néant la production nationale.
« Le gouvernement fédéral du Nigeria prend les populations de la région du delta du Niger pour des aveugles. Le vice-président, Yemi Osinbajo qui a récemment visité la région n’a tenu aucune des promesses qu’il a faites. Nos ressources sont utilisées pour financer des projets dans le Nord et l’Ouest, mais rien ici. Jusqu’à présent, nos militants sont toujours gardés par le gouvernement fédéral, détenus sans procès. Nous demandons à toutes les compagnies pétrolières multinationales opérant dans le delta du Niger de suspendre leurs activités, dans leur propre intérêt. Ils devraient cesser immédiatement le fonctionnement jusqu’à ce que les questions de la région du delta du Niger soient traitées », a-t-on pu lire dans la note.
Le Nigéria produit actuellement 1,6 million de barils de pétrole et envisage de faire grimper le volume extrait à 3 millions b/j d’ici les quatre prochaines années. Selon la banque Morgan Stanley, il est possible que les perturbations prennent de l’ampleur dans ces pays.
En outre, le Soudan du Sud pourrait aussi voir son programme de relance de la production pétrolière saboté par les violences entre la branche armée de l’opposition et le pouvoir. Les rebelles ont demandé, il y a quelques semaines, aux travailleurs de ne pas se rendre sur les sites de production. Dimanche, ceux-ci ont réussi à mettre la main sur des ressortissants indiens. Ceci malgré un important déploiement militaire pour assurer la sécurité sur les installations.
La production actuelle du Soudan du Sud est de 130 000 b/j et le gouvernement envisage de la faire porter à 290 000 b/j d’ici à juillet 2018.
Ecofin