L’inflation en Algérie continue de malmener la bourse des ménages. La hausse des prix généralisée a un impact négatif sur le pouvoir d’achat des Algériens.
Intervenant dans l’émission « Invité du Direct » du RadioM, l’économiste, Nour Meddahi, a expliqué les raisons de la tendance haussière de l’inflation.
Cette tendance haussière s’explique, selon l’économiste, par une inflation importée due à « l’augmentation des coûts de production ». Il y a aussi la baisse de la valeur du dinar ».
À ce propos, « on peut avoir des coûts internes qui peuvent créer l’inflation, à l’exemple de l’augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) en 2021 (de 18000 DA à 20000 DA), l’augmentation de la TVA en 2018 et l’augmentation des tarifs de l’énergie en 2016 et 2017 », a expliqué M. Meddahi.
La deuxième raison est, selon l’économiste, l’augmentation de la demande. Dans ce cas, il a souligné que l’augmentation des salaires et une baisse des impôts sur les salaire les plus bas (IRG) sont des facteurs qui créent l’inflation.
La troisième raison est la baisse de l’offre, notamment les restrictions aux importations, à l’exemple de l’interdiction d’importation des véhicules. Il y a également la sécheresse qui fait baisser la production agricole, selon M. Meddahi
La planche à billets à l’origine de l’inflation?
Interrogé pour savoir si la planche à billets serait à l’origine de l’inflation actuelle, M. Meddahi a indiqué que l’argent créé a servi à financer la dette de certaines entreprises publiques comme Sonelgaz et à financer les retraites. « Depuis 2018 la moitié des retraites sont financées par la création monétaire », a-t-il ajouté.
Il a également souligné que la création monétaire n’a pas créé plus de demande. M. Meddahi a indiqué que la création monétaire n’a pas créé de l’inflation en raison du déficit de la balance des paiements.
« Quand il y a un déficit de la balance des paiements, on voit que les réserves de change baissent, mais ça veut dire aussi qu’on détruit des dinars », a-t-il expliqué.
Il a ajouté que « les dinars qui étaient créés par la planche à billets étaient détruits par le déficit de la balance des paiements », expliquant que la masse monétaire n’a pas augmenté.
« On sait qu’il a eu 6500 milliards de dinars qui ont été créés. En octobre 2017, j’ai regardé l’évolution des réserves de change et je me suis dit à quel moment on aura un déficit de la balance des paiements autrement dit une baisse des réserves de change équivalente à l’argent qui a été créé il situe ce moment entre octobre et novembre 2020. À cette période, l’inflation était de l’ordre de 2,3% selon les chiffres de l’ONS », a précisé l’économiste.
Il a précisé que « l’inflation officielle est donc restée faible juste au niveau de la destruction de la masse monétaire qui a été créé par la première vague de la création monétaire ».
En suite, il a y eu la deuxième vague de la création monétaire. « La Banque d’Algérie a acheté, avec ses fonds propres, des bonds du Trésor. Selon le dernier état de compte de la Banque d’Algérie du mois de novembre 2021, elle a acheté pour 520 milliards de dinars », a indiqué M. Nour Meddahi.
La Banque d’Algérie a annoncé le refinancement des dettes des entreprises publiques. « Sur une année, ils ont décidé de créer 2100 milliards DA », a-t-il précisé. Ajouter à celà les 520 milliards DA, on est à plus de 2600 milliards de dinars créés lors de la deuxième vague de la planche à billets.
Selon l’économiste Nour Meddahi, cette deuxième vague de la création monétaire risque d’être inflation.