En hausse depuis quatre jours, les cours du pétrole continuaient de grimper vendredi matin. Les craintes quant à une escalade de la crise sociale au Kazakhstan, pays membre de l’Opep+, ainsi qu’une situation toujours tendue en Libye, soutenaient les prix sur un marché déjà préoccupé par une insuffisance de l’offre.
Vers 07h40, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, le contrat le plus échangé à Londres, gagnait 0,91% à 82,74 dollars, après avoir déjà bondi la veille de 1,47% à 81,99 dollars. En l’espace d’une semaine, il a grimpé de 6,18%.
A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en février, prenait 0,82% à 80,28 dollars, dépassant à nouveau la barre des 80 dollars franchie pour la dernière fois il y a un mois et demi. Il avait clôturé jeudi sur une hausse de 2,06% à 79,46 dollars.
De l’avis des analystes, l’envol des prix reflète, outre les troubles au Kazakhstan, la détérioration de la situation politique en Libye. Au Kazakhstan, des heurts ont eu lieu mercredi et jeudi entre forces de l’ordre et manifestants, qui protestent contre la hausse des prix du gaz, faisant 26 morts à Almaty, la capitale économique, selon les autorités. Des troupes russes et d’autres pays alliés de Moscou sont arrivées jeudi au Kazakhstan pour appuyer le pouvoir en place.
« Ce bond reflète la crainte du marché vis-à-vis de l’escalade au Kazakhstan et de la détérioration de la situation politique en Libye », a décrypté, dans une note, Louise Dickson, du cabinet Rystad Energy.
Si le pays est un important producteur, avec quelque 1,8 million de barils par jour en 2020 selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), l’exploitation pétrolière n’aurait pas été affectée par les troubles pour l’instant.
« Avec ce courant haussier, il suffit d’une nouvelle, comme celle sur le Kazakhstan, pour encourager ceux qui jouent la hausse et faire paniquer ceux qui parient à la baisse », a commenté Stephen Schork analyste et auteur du Schork Report. « C’est comme si les prix élevés suffisaient, à eux seuls, à générer des prix encore plus élevés. »
La crise au Kazakhstan vient faire planer une menace supplémentaire sur un marché déjà préoccupé par l’insuffisance de l’offre. Du côté de la Libye, les fermetures forcées d’installations et un oléoduc endommagé privent le pays de quelque 500’000 barils par jour, alors que la production des membres de l’accord OPEP+ n’assure déjà pas le volume prévu.
La neutralisation de quatre champs pétroliers libyens par des hommes affiliés aux gardes installations pétrolières (GIP) devait durer jusqu’à l’élection présidentielle, prévue initialement le 24 décembre, mais celle-ci a été reportée et ne se tiendra pas avant fin janvier, au mieux.