Les cours du pétrole ont chuté mercredi à leur plus bas en presque deux semaines, les cours souffrant de la robustesse du dollar et toujours des craintes d’un prélèvement des États-Unis dans leurs réserves stratégiques.
À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour le mois de décembre a perdu 2,40 dollars ou 2,97 % à 78,36 dollars.
Une baisse inattendue des stocks américains de brut la semaine dernière de 2,1 millions de barils alors que les analystes misaient sur une hausse de 1,2 million, n’a pas redonné le sourire au cours qui avaient démarré dans le rouge.
Bon signe pour la demande aux États-Unis, les réserves d’essence ont diminué aussi, dans la mesure des attentes des analystes, reculant de 700 000 barils.
« C’était un rapport constructif avec une baisse des stocks à travers tous les produits », s’est félicité Andy Lipow, du cabinet Lipow Oil Associates, basé à Houston (Texas).
Mais ce repli des stocks est à double tranchant pour les marchés, qui craignent qu’il n’entraîne encore une hausse des cours et pousse un peu plus l’administration Biden à chercher à céder des réserves stratégiques sur le marché pour faire baisser les prix.
« Des réserves moins élevées que prévu pourraient pousser Washington à ouvrir ses réserves stratégiques de brut », commentait Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades.
Selon le South China Morning cité par Bloomberg News, Washington aurait demandé à Pékin de libérer aussi une partie de ses réserves de brut, lors du sommet virtuel mardi entre Joe Biden et Xi Jinping.
Pour Andy Lipow, les cours étaient davantage affectés mercredi par la solidité du dollar qui se maintenait autour de ses plus hauts en 16 mois.
« La tendance a plus à voir avec le renforcement du dollar qui met une pression sur les prix du brut et avec les récents commentaires de l’OPEP qui voit la demande décliner au premier trimestre 2022 », a estimé l’analyste.
« Le dollar plus fort a eu un impact négatif sur l’humeur des marchés américains ces dernières séances », a-t-il ajouté.
Selon lui, une ponction dans les réserves stratégiques américaines pour faire baisser les cours serait « une réponse ponctuelle pour se faire plaisir et faire baisser ces prix, mais en réalité, la demande mondiale croît plus vite que la volonté et la capacité de l’OPEP à produire », créant une tension sur les cours.
Depuis juillet 2020, quelque 47 millions de barils ont été tirés petit à petit des réserves stratégiques des États-Unis et mis sur le marché sans toutefois parvenir à dompter la hausse des cours, relevait par ailleurs l’analyste.
Le président Joe Biden, qui promet de mettre tout en œuvre pour maîtriser l’inflation qui a atteint un sommet en 30 ans en octobre sur un an, a par ailleurs annoncé mercredi qu’il demandait une enquête aux autorités de la concurrence sur les hausses de prix de l’essence et les compagnies pétrolières.
AFP