La croissance du commerce international est au ralenti pour la cinquième année consécutive, et a même atteint en 2016 son plus bas niveau depuis la crise financière mondiale de 2008-2009. Selon les données préliminaires fournies par une nouvelle étude, les échanges mondiaux de marchandises ont progressé à un rythme d’un peu plus de 1 % en 2016, contre une croissance de 2 % en 2015 et de 2,7 % en 2014. Les échanges de services ont quant à eux continué de plutôt bien résister, en parvenant à se redresser légèrement après le déclin enregistré en 2015.
Alors que, les années passées, le ralentissement de la croissance du commerce était essentiellement le fait soit des pays à revenu élevé soit des pays en développement, il apparaît en 2016 généralisé à ces deux ensembles d’économies.
À partir de l’analyse d’un échantillon de 18 pays sur 30 ans, les auteurs de l’étude concluent que le climat d’incertitudes ayant prévalu en 2016 pourrait avoir amputé la croissance du commerce de 0,6 point de pourcentage et contribué ainsi à hauteur d’environ 75 % au ralentissement enregistré entre 2015 et 2016.
« Les incertitudes liées à la situation politique de l’Europe et des États-Unis ont eu pour effet de réduire la croissance mondiale en général, ce qui a eu des répercussions négatives sur le commerce, expliquent Cristina Constantinescu, Aaditya Mattoo et Michele Ruta, tous trois économistes au sein du Groupe de la Banque mondiale et auteurs de l’étude. Dans un environnement incertain, les entreprises tendront à remettre à plus tard leurs investissements et leurs projets d’exportation, tandis que les consommateurs réduiront leurs dépenses. La menace d’un éventuel démantèlement des accords commerciaux ajoute à l’incertitude et risque aussi d’affecter la croissance des échanges. »
L’étude vient par ailleurs étayer le lien entre le ralentissement de la croissance des échanges et celui de la croissance de la productivité. L’atonie des échanges s’est accompagnée d’une stagnation dans le développement des chaînes de valeur mondiales, ce qui a eu pour effet de réduire le potentiel de croissance de la productivité associé à une division internationale du travail plus efficace et à la diffusion des technologies.
« On assiste à un déclin de la croissance aussi bien au niveau des échanges que de la productivité, et ces deux ralentissements peuvent s’expliquer par le tassement du développement des chaînes de valeur mondiales », soulignent les auteurs.
En s’appuyant sur l’analyse de 13 secteurs manufacturiers dans 40 pays et sur une période de 15 ans, l’étude montre qu’il existe un lien entre productivité du travail et chaînes de valeur mondiales : une hausse de 10 % de l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales se traduit par une hausse de la productivité de près de 1,7 %.
Source : Banque Mondiale