L’économie européenne s’est bien redressée après la récession historique provoquée l’an dernier par la pandémie de Covid et l’expansion se poursuivra l’an prochain, malgré la vague actuelle de contaminations, a estimé jeudi la Commission.
Bruxelles a légèrement augmenté sa prévision de croissance du PIB dans la zone euro pour 2021 à 5%, tout en abaissant son pronostic pour 2022 à 4,3%, contre respectivement 4,8% et 4,5% attendus jusqu’ici.
L’exécutif européen estime que le rebond de l’inflation, tirée par l’explosion des cours du gaz, devrait peser sur la consommation et l’investissement. Mais il s’attend à ce que la hausse des prix se tasse l’an prochain à 2,2% après « un pic » à 2,4% cette année. « Le tableau général reste positif, mais nous devons rester vigilants et agir si besoin pour que les vents contraires ne fassent pas dérailler la reprise », a déclaré le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, lors d’une conférence de presse.
Il a toutefois insisté sur les risques de révision à la baisse des pronostics liés à la nouvelle flambée épidémique qui frappe l’Europe depuis plusieurs semaines, notamment dans les pays d’Europe centrale où la vaccination reste faible.
Le redressement est particulièrement fort en France (+6,6% de croissance en 2021, +3,8% en 2022) et en Italie (+6,2% et +4,3%), pays qui avaient été très touchés par la crise, tandis que le PIB de l’Allemagne, première économie européenne, progressera de 2,7% cette année et 4,6% l’an prochain.
« Croissance extraordinaire » : « Le niveau de croissance est extraordinaire et plus élevé que prévu et on peut être fier de ce résultat », a estimé M. Gentiloni, en insistant sur le succès des mesures de soutien mises en oeuvre par l’UE.
Après une chute historique du PIB en 2020 (-6,6% en zone euro), l’économie européenne avait retrouvé la croissance au printemps et celle-ci s’est poursuivie à un rythme soutenu durant l’été, grâce à la levée des restrictions sanitaires qui pesaient notamment sur les services liés aux loisirs (hôtellerie, restauration, voyage…). Elle a déjà approximativement retrouvé au troisième trimestre son niveau d’avant crise, a souligné M. Gentiloni. Après ce fort rattrapage, la croissance ralentira mais restera solide, prévoit la Commission qui table sur 2,4% de croissance en 2023 dans les 19 pays partageant la monnaie unique.
Parmi les bonnes nouvelles, la consommation devrait soutenir l’expansion. « L’embellie du marché du travail et un recul attendu de l’épargne des ménages devraient contribuer à soutenir les dépenses », estime la Commission.
Déficits budgétaires persistants : Elle s’attend également à ce que le plan de relance de l’UE, qui a permis de premiers versements aux Etats membres cet été, soutienne l’investissement public et privé. M. Gentiloni a dit s’attendre à 215 milliards de dépenses financées par les subventions européennes entre 2020 et 2023, soit 1,5% du PIB de l’UE.
L’exécutif européen reconnaît que le contexte est assombri par les perturbations des chaînes mondiales d’approvisionnement qui « pèsent sur l’activité, notamment dans le secteur manufacturier ». Mais, comme pour la flambée des prix de l’énergie, Bruxelles juge le phénomène temporaire.
La Commission se félicite de la création d’environ 1,5 million d’emplois au deuxième trimestre. Pour l’ensemble de l’UE, le taux de chômage atteignait 6,8% en août, retrouvant quasiment son niveau de fin 2019, avant la crise. Bruxelles table sur une poursuite du recul du chômage l’an prochain.
La poursuite de la croissance, accompagnée par la levée des mesures d’urgence comme le chômage partiel, va permettre de réduire les déficits publics l’an prochain à 3,9% du PIB dans la zone euro, contre 7,1% en 2021. Mais les écarts entre pays restent considérables : le ratio de déficit de la France est attendu à 5,3% en 2022 et à 5,8% en Italie — très au-dessus du seuil de 3% fixé par les règles européennes–, contre 2,5% en Allemagne.
La dette publique devrait parallèlement se résorber légèrement à 97% du PIB l’an prochain, après avoir atteint le seuil symbolique de 100% cette année. Si l’endettement de l’Allemagne devrait se limiter à 69,2% de la richesse nationale en 2022, il atteindra 113,7% en France et 151,4% en Italie.
Afp