Fumio Kishida, 64 ans, désigné lundi Premier ministre du Japon par le Parlement, est un ancien chef de la diplomatie cultivant un esprit de consensus rassurant, à défaut d’un charisme convaincant.
Kishida avait franchi une étape décisive la semaine dernière en remportant face à trois adversaires la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), qui domine la vie politique japonaise depuis 1955. Cet élu de Hiroshima (ouest du Japon) à la Chambre basse du Parlement depuis 1993 – comme son père et son grand-père avant lui – accède au pouvoir à sa deuxième tentative: il avait échoué il y a un an face au Premier ministre sortant Yoshihide Suga qui a renoncé à se représenter en raison de son impopularité. « Je veux relever les défis avec une forte détermination et regarder fermement vers l’avenir », a lancé lundi M. Kishida, qui devra accélérer la reprise économique du Japon en évitant une recrudescence de la crise sanitaire, le tout dans un contexte régional tendu marqué par les menaces nord-coréennes et les ambitions chinoises.
Selon Brad Glosserman, expert de la politique japonaise et professeur à l’université Tama de Tokyo interrogé par l’AFP, les forces dominantes au PLD ont estimé que M. Kishida était « un pari plus sûr en termes de stabilité » que son principal rival Taro Kono, plus populaire auprès des adhérents de base et du grand public mais perçu comme « moins malléable » par les barons du parti.
Fervent militant du désarmement nucléaire dans le monde, il a notamment contribué à la visite de Barack Obama à Hiroshima en 2016, la première d’un président américain en exercice dans cette ville détruite par la bombe atomique en 1945. Cela ne l’empêche pas d’être favorable à la relance du nucléaire civil au Japon, dont l’usage est très limité depuis la catastrophe de Fukushima en 2011. En plus du redémarrage de réacteurs anciens, il plaide pour l’introduction de petits réacteurs modulaires.
Sur le plan économique, cet ancien banquier a promis un nouveau plan massif de relance budgétaire pour doper la reprise après le choc de la pandémie et a affiché sa volonté de réduire les inégalités sociales. « Les gens veulent une politique de générosité », a lancé M. Kishida, qui se targue de disposer d’une grande capacité d’écoute.
La composition de son gouvernement, entre continuité avec l’ancienne équipe de M. Suga et nécessité de satisfaire les diverses factions du PLD, « reflète la volonté de M. Kishida de ne pas se faire d’ennemis » selon Junichi Makino, économiste chez SBMC Nikko Securities.
Afp