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Les cours du pétrole dopés par la flambée du gaz avant une réunion de l’Opep+

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La forte hausse des cours du gaz tire dans une moindre mesure un pétrole devenu plus compétitif, une partie de la demande dédiée à la production d’électricité et au chauffage étant susceptible de se reporter vers l’or noir cet hiver.

Ce surcroît de consommation pourrait amener les pays producteurs de l’OPEP+, qui se réunissent lundi, à revoir à la hausse leurs plans de production.

Le report d’une partie de la demande de gaz vers le brut proviendrait « pour moitié par la production d’électricité en Asie, pour l’autre, plus incertaine, d’un effet de couverture en cas d’hiver plus froid que la normale dans l’hémisphère nord », explique Bjornar Tonhaugen, analyste à Rystad Energy.

Les pays déjà très gourmands en pétrole « tels que l’Arabie saoudite et le Koweït au Moyen-Orient, ainsi que le Japon et la Corée du Sud en Asie » sont les plus susceptibles d’opérer ce basculement, complète Dmitry Marinchenko, analyste à Fitch, contacté par l’AFP.

Au niveau mondial, la part du pétrole dans la production d’électricité est très faible : moins de 3% en 2019 selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), loin derrière le charbon (36,7%) et le gaz naturel (23,5%). « Seule une petite frange des centrales électriques disposent d’une capacité de basculement » vers le pétrole ou le charbon, nuance Tony Syme, économiste au sein de Salford Business School, « le nombre ayant diminué ces trente dernières années du fait de la prise en compte de l’impact environnemental des combustibles fossiles ».

Les cours du brut, soumis par ailleurs à de multiples autres facteurs, ont donc progressé dans le sillage de l’envolée des prix du gaz, mais avec une ampleur moindre.

La demande supplémentaire de pétrole liée à l’effet d’aubaine qu’il représente vis-à-vis du gaz est difficile à évaluer, mais serait de « 320.000 barils par jour au cours des six prochains mois en Asie et en Europe », selon les estimations de S&P Global Platts.

Goldman Sachs monte « jusqu’à 1,35 million de barils par jour pour la production d’électricité et 600.000 barils par jour dans l’industrie en Asie et en Europe » si les prix du gaz continuent à crever le plafond. Ce volume ne représente cependant que 2% de la demande mondiale de pétrole, qui devrait passer l’an prochain la barre des 100 millions de barils par jour, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). « Bien que gérable du point de vue du marché pétrolier, un tel choc représenterait néanmoins une hausse de 5 dollars par baril », reprennent les analystes de la banque américaine, car l’offre de brut peine déjà à répondre à la demande actuelle.

Les membres de l’OPEP justement et leurs alliés via l’accord OPEP+, qui se retrouvent lundi lors d’un sommet ministériel, pourraient en tenir compte en augmentant un peu plus que prévu leur production. Mais beaucoup d’analystes en doutent.

L’ampleur du basculement du gaz vers le pétrole « va surtout dépendre de la différence du prix entre les deux », avance Olivier Daguin, investisseur au sein de OFI AM, interviewé par l’AFP.
Celle-ci s’est considérablement creusée ces derniers jours.

En Europe, les prix du gaz continuent de flamber : le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais, la référence sur le Vieux Continent, a atteint vendredi la barre de 100 euros le mégawatt-heure (MWh) pour la première fois de son histoire. C’est cinq fois plus qu’en début d’année, alors que le pétrole n’a « que » doublé sur la période.

En se prêtant à un exercice périlleux de conversion en équivalent barils de pétrole, le gaz européen est désormais deux fois plus onéreux que les 80,75 dollars que coûtait mardi un baril de Brent de mer du Nord, le cours de référence de l’or noir en Europe, alors à son plus haut en trois ans.
Afp

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