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Programme de refinancement, comptes devises, nouveau premier ministre… les explications de Souhil Meddah

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L’expert financier et directeur général du cabinet RMGC Advice & Solution, Souhil Meddah, est revenu, dans cet entretien sur le programme spécial de refinancement lancé par la Banque d’Algérie, sur la nomination de l’ancien argentier au poste de premier ministre, ainsi que sur la nouvelle instruction de la Banque d’Algérie fixant les modalités d’ouverture et de fonctionnement de comptes devises commerçant et professionnel non commerçant.

Algérie Eco : La Banque d’Algérie a mis en place un programme spécial de refinancement de 2100 milliards DA pour une durée d’un an. Que pensez-vous de ce programme ?

Souhil Meddah : Ce programme spécial s’inscrit, après constat d’une décélération dans la vitesse des flux de la masse monétaire dans l’espace économique réel, qui nécessite des apports nouveaux et des recompositions nouvelles des structures de richesses. Nous pouvons déduire deux types de conclusions, qui sont à la fois en relation avec l’état du volume de l’activité économique, avec la consommation des agents non financiers, d’une part et d’autre part, par rapport aux capacités d’apport et de soutien des agents financiers (banques primaires, institutions financières…).

D’abord, il ne s’agit pas obligatoirement d’un soutien à la politique budgétaire dans son volet dépense, mais d’une simple ouverture vers des flux relativement limités dans des niveaux qui permettront aux différents agents d’augmenter le niveau de leurs transactions courantes et des revenus, des distributions et des redistributions de valeurs.

Plus spécialement, l’objectif s’oriente vers un entrainement de la chaine des valeurs en passant par quelques projets d’investissement de taille moyenne avec l’ouverture d’espace d’exercice et d’activité pour les opérateurs (entreprises et autres…) et enfin sur les revenus des individus et leur consommation.

Ensuite, cette option doit nécessairement faire appel à une augmentation significative de la masse monétaire, sous une forme de financement sur titrisation ou d’avances sur profits. La titrisation va obéir aux règles et instruments de l’open market, sachant que dans ce cas la liquidité qui va s’ajouter vient en compensation avec les valeurs déjà engagées en crédits et sur lesquelles, d’autres opportunités de financement pourront s’ajouter, tout en respectant le seuil des réserves fractionnaires.

La question qui doit se poser pour cette option, c’est que même avec la baisse du taux des réserves obligatoire, y’a-t-il assez de ressources pour la Banque d’Algérie, pour pouvoir répondre aux besoins des banques primaires, afin de leur permettre en tant qu’agents financiers d’accorder d’autres crédits aux autres agents économiques (non-financiers), diversifiés entre équipements, exploitation et consommation !

Ce programme consiste en des opérations de cession temporaire d’apport de liquidités effectuées à l’initiative de la Banque d’Algérie. Cela s’apparente à la planche à billets ?

Selon les dispositions des articles 3 et 6 du règlement de la Banque d’Algérie, les financements octroyés auront une nature de classement à court ou à moyen terme entretenus entre agents financiers sur fond de l’open market, contre des titres de créances déjà souscrits à partir des valeurs déjà prêtées et dont les contreparties en masse monétaire existent déjà.

Le financement non conventionnel s’appuie en contrepartie de titres émis directement sur la base d’une anticipation comptant sur une politique budgétaire qui est seule qualifiée à transformer ces ressources en emplois tout en réalisant des flux nouveaux.

Est-ce-que ce programme correspondant à un financement non conventionnel non avoué ?

Sachant que l’objectif est d’ajuster le niveau de la masse monétaire qui est en baisse, toutes formes de financement par injection de liquidités nouvelles afin d’élargir la masse monétaire dans un espace économique, peut s’interpréter comme une création ex-nihilo et de fait par un financement non conventionnel. Mais ce programme qui est réparti en plusieurs échéances, selon des cas détaillés, prend une autre forme qui doit naturellement obéir à une condition fondamentale sur l’existence réelle de sources ou de contreparties, c’est-à-dire attaché à d’autres agents non financiers en crédits obtenus ou en garanties souscrites.

La Banque d’Algérie a autorisé l’ouverture auprès des banques un ou plusieurs comptes devises commerçant ou professionnel non commerçant. Que pensez-vous ?

C’est un instrument accompagnateur qui va permettre aux agents commerçant ou non commerçant de disposer de leurs avoirs en devises afin de garantir une facilité et fluidité dans les échanges, mais contre une obligation de les rapatrier dans des délais précis afin de garder les conditions stipulées, sinon et dans le cas contraire de percevoir les revenus contre vente en dinar.

Selon le texte publié, il est aussi question de procéder à des opérations d’achat via ces comptes, avec notamment une autorisation d’engager une petite partie pour les besoins de fonctionnement autres que l’exploitation. Le retrait en espèce n’est autorisé que dans des cas exceptionnels.

Cette autorisation touche une catégorie de professionnels qui pour le moment n’offre pas un fort potentiel de flux ou de croissance, sachant que la configuration de notre potentiel économique de croissance est beaucoup plus structuré sur les projets structurants que sur les activités de commerce, de services ou de savoir-faire.

Que pensez-vous de la nomination de l’ancien argentier, Aymen Benabderrahmane, au poste de premier ministre ?

La nomination de nouveau Premier Ministre, intervient dans un cadre conjoncturel important qui nécessite un ajustement profond des actions économiques, de la qualification des instruments potentiellement mobilisables, des successions des modèles économiques utiles dans le futur proche et aussi sur le moyen et long terme. Car il est important de comprendre que le futur développement économique et social doit passer par deux modèles ou plus. A ce titre, l’intervention de l’Etat sera imminente.

Cette nomination vient par anticipation par rapport aux besoins ou aux évolutions décisionnels contre les trois hypothèses probables qui sont, le probable recours à l’endettement extérieur de façon limitée et ciblée, le retour forcé de la dépense publique même partiellement et enfin, sur les besoins d’opérer avec l’ajustement de la politique monétaire qui est du domaine de la Banque d’Algérie, vis-à-vis des agrégats macroéconomiques les plus élémentaires, dans le présent ou le futur (compétitivité, inflation, pouvoir d’achat… etc).

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