Après cinq ans de crise, enfin une éclaircie ? Patrons et analystes de l’industrie minière africaine se retrouvent à partir de lundi au Cap pour leur grand raout annuel, revigorés par la remontée longtemps attendue des prix des matières premières.
Depuis quelques mois, les cours du fer, du cuivre ou de l’étain sont nettement repartis à la hausse et ont redonné le moral à tout un secteur jusque-là en panne d’investissements. « Les prix d’un certain nombre de matières premières ont doublé depuis un an, certains de seulement 50% mais ceux de trois ou quatre autres ont été multipliés par trois ou quatre », se réjouit l’analyste Peter Major, de Cadiz Corporate Solutions.
« Cette +indaba+ (conférence en langues zoulou et xhosa) devrait donc être la plus importante de ces dernières années parce que tout le monde a de bonnes raisons de se réjouir et parce que tout le monde gagne à nouveau de l’argent », ajoute M. Major.
Dans de nombreux pays, comme la République démocratique du Congo (RDC) ou l’Afrique du Sud, l’industrie minière constitue un des moteurs de l’activité économique et, souvent, une des principales sources de revenus.
Sur le continent africain, la chute des cours a fait des ravages, aussi bien dans les comptes des entreprises qu’en matière d’emploi.
En 2014 et 2015, le géant brésilien Vale a annoncé avoir perdu au seul Mozambique plus d’un milliard de dollars. Et en Afrique du Sud, l’industrie minière a supprimé 50.000 emplois de 2012 à 2015, soit 10% de ses effectifs, selon la Chambre des mines. « Ces cinq dernières années au moins, j’ai toujours dit +ça ne peut pas être pire l’an prochain+. A chaque fois, ça l’a été », confie un autre expert, Rene Hochreiter, de Noah Capital Markets.
Mais le creux de la vague semble désormais être passé. La Banque mondiale (BM) l’a récemment confirmé dans un rapport, en attribuant la ferme remontée des prix à un resserrement de la demande chinoise et à une baisse de la production.
A l’origine de cette hausse, la BM a cité « les efforts de la Chine pour développer les secteurs de production intensive des matières premières et de la construction » et le coup de fouet donné aux prix par « l’élection américaine, qui a laissé présager une hausse des investissements en matière d’infrastructures ».
A la fin 2016, le minerai de fer se vendait à 80 dollars la tonne, deux fois plus qu’un an auparavant, et les prix de l’étain et le zinc ont enregistré leur 4e trimestre de hausse consécutive.
La Banque mondiale anticipe pour 2017 une hausse moyenne des prix des métaux de près de 11%, en forte progression par rapport aux 4% envisagés dans sa précédente estimation.
Le regain d’optimisme de la filière s’est aussi manifesté par la forte hausse « depuis plusieurs années » des inscriptions au « Mining Indaba », se félicite l’un de ses responsables, Kael O’Sullivan.
Même si ce vent d’optimisme a chassé les nuages les plus noirs qui pesaient sur l’avenir de la filière, certains se gardent bien de verser dans l’euphorie. »Tout ça ressemble à une sur-réaction (du marché) et je n’y crois pas », refroidit Peter Major.
« Le monde ne va pas sombrer dans la récession, et encore moins dans la dépression, mais le minerai de fer à 80 dollars la tonne c’est de la folie ».
Les cours vont se tasser « tôt ou tard », juge lui aussi Rene Hochreiter. « Tout le monde a tendance à sur-réagir, que ce soit à la hausse ou à la baisse », estime-t-il. « Il se peut qu’il y ait un peu d’euphorie en ce moment à cause de la hausse des prix, ça va se calmer. Mais cela ne veut pas dire que ça va repartir à la baisse ». « Le climat semble meilleur que ces dernières années (…) j’espère juste que ce ne sera pas un faux départ », conclut l’analyste.
AFP