La mise en œuvre d’une transition énergétique efficace nécessitera une main-d’œuvre qualifiée, pleinement en phase avec les nouvelles technologies de production d’énergie. Mais de plus en plus d’organismes, de consultants et d’experts évoquent la faible qualification des travailleurs du secteur vis-à-vis des besoins en compétences qui seront générés.
Nouvelles compétences : Dans une étude publiée le 7 juin dernier, le cabinet d’audit britannique Ernst & Young (EY) a déclaré que secteur de l’énergie est en retard dans le recrutement d’employés possédant les compétences nécessaires pour faciliter la mise en œuvre de la transition énergétique. L’étude est intitulée EY Power & Utilities Digital Transformation and the Workforce Survey.
Pour arriver à cette conclusion, le cabinet a mené une enquête auprès de 159 cadres du secteur à travers le monde entier, et 10 dirigeants de compagnies publiques en charge des énergies renouvelables, de l’électricité et du gaz naturel. 90% des responsables interrogés ont répondu qu’il y a trop peu de travailleurs possédant les compétences nécessaires pour assurer la transition, ce qui remet en question leur capacité à adopter les technologies numériques qui occupent une place importante dans le processus.
9 des 10 dirigeants interrogés ont déclaré qu’ils allaient modifier leurs combinaisons de sources d’énergie et s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs, pour une énergie plus propre au cours des prochaines années. La moitié d’entre eux a déclaré que la transition énergétique fera partie des changements les plus profonds dans les entreprises qu’ils dirigent. Ce dernier groupe a classé l’adoption de nouvelles technologies parmi les trois tendances à plus fort impact positif sur leur organisation, d’où le besoin quasi vital d’une main-d’œuvre à la hauteur des enjeux.
Cyntressa Dickey, responsable des services de conseil aux personnes dans le domaine de l’énergie chez EY, a déclaré que « la transition énergétique exige de nouveaux ensembles de compétences qui deviendront de plus en plus délicates à mesure que les technologies évolueront ». Cela implique que la formation deviendra un élément omniprésent dans la chaine de valeurs de la transition énergétique.
« Le nombre de menaces pour la qualité de la main-d’œuvre continue d’augmenter, le nombre de concurrents non traditionnels continue de croître, et la technologie se développe au rythme le plus rapide de l’histoire. L’adoption et l’investissement numériques sans la main-d’œuvre qualifiée qui les accompagne ne produiront pas les avantages ou le rendement souhaités », a-t-elle précisé.
Le défi est d’autant plus difficile à relever que les cadres ne savent pas nécessairement où se trouvent les lacunes en matière de compétences. Par conséquent, ils rencontrent des problèmes de rétention de la main-d’œuvre. Pour finir, un tiers d’entre eux a déclaré ne pas pouvoir mesurer l’écart entre les compétences dont ils disposent et celles dont ils ont besoin.
Comment les acteurs se préparent-ils ?
94% des 159 cadres de l’enquête ont estimé qu’il faut investir au plus vite et en permanence dans la formation, notamment les capacités numériques et techniques, et 60% pensent que leur main-d’œuvre actuelle a besoin de se recycler ou de se perfectionner. Or, la durée moyenne d’une bonne formation dans le domaine est actuellement de 7,5 mois pour un coût de 4650 dollars par travailleur. Pour les acteurs de la transformation, il faudra donc investir plusieurs milliards de dollars pour régler le problème.
Seuls 57 % d’entre eux ont déclaré avoir mis en place un plan solide pour fournir cette formation, dont 48% en Amérique.
« Les services publics peuvent être le pivot d’une économie neutre en carbone, s’ils peuvent exécuter efficacement un plan pour le numérique et développer la main-d’œuvre pour le soutenir. Cependant, un échec pourrait leur faire perdre des parts de marché et les faire devenir une cible de choix pour les perturbations. Les services publics devront adopter une approche centrée sur l’humain pour développer un état d’esprit numérique et intégrer la technologie dans toute l’entreprise, afin de servir les clients plus efficacement », a déclaré Ryan Levine, un analyste d’EY.
Il apparait que l’incapacité des parties prenantes de la transition énergétique à combler le déficit de compétences et à mettre en œuvre efficacement les technologies numériques constitue une menace pour leur avenir.
Source : Ecofin