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Ahmed Mehdi Omarouayache, Président d’Algeria Digital Cluster : « L’Algérie forme des ingénieurs et des techniciens qui ne sont pas rentabilisés »

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Ahmed Mehdi Omarouayache, Président d’Algeria Digital Cluster et expert des TIC, estime, dans cette interview qu’il nous a accordé que l’Algérie forme des ingénieurs et techniciens qui ne sont pas rentabilisés en soulignant que des sommités au sein de notre diaspora pourraient jouer un grand rôle dans l’arrimage du pays aux standards mondiaux. Il a en outre précisé que le digital requiert la confiance numérique pour qu’il soit une réussite en soulignant le rôle de la communication et la pédagogie pour concrétiser ce chantier.

Algérie-Eco : Le rapport mondial sur les technologies de l’information du Forum économique mondial, classe l’Algérie loin derrière le Maroc, la Tunisie et l’Egypte. L’Algérie au 3e rang maghrébin et 117e mondiale. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

 Ahmed Mehdi Omarouayache : Beaucoup justifient ces classements par le fait que les entités chargées de les rédiger prennent des sources non fiables qui donnent une image qui est décalée par rapport à la réalité, il est vrai que les rapports internationaux ne reflètent pas toujours fidèlement la situation réelle sur le terrain, mais il revient à  nous de travailler à une meilleure communication  et de combler le vide qui est occupé aujourd’hui par des sources non fiables.

De notre côté, les entreprises du numérique, nous nous sommes regroupés  au sein d’un cluster dont l’un des objectifs principaux est de faire remonter la réalité du terrain  et d’avoir une cartographie des acteurs du numérique, d’abord pour nous-mêmes en tant qu’entreprises,  afin d’avoir de la visibilité par rapport à notre activité puis pour constituer un outil d’aide à la décision pour nos pouvoirs publics. Je crois savoir que cette question de la communication est entrain d’être sérieusement prise en charge par le MPTIC.

Après, je ne crois pas que cela suffit à justifier les classements de l’Algérie, nous sommes réellement en retard, que ça soit dans l’usage du numérique par les particuliers, les entreprises ou l’administration, c’est vraiment dommage parce que nous nous privons d’un levier puissant pour le développement de notre pays.

L’Algérie forme des ingénieurs et des techniciens qui ne sont pas rentabilisés, on trouve dans notre diaspora des sommités qui pourraient jouer un grand rôle dans l’arrimage du pays aux standards mondiaux. L’état devra donner l’exemple en utilisant massivement le digital pour faciliter la vie du citoyen, ce qui instaurera cette confiance numérique indispensable à la démocratisation de cet usage chez la population.

Il faut aussi signaler que l’Algérie investit massivement dans les infrastructures alors que sur les 12 piliers couverts par le rapport, l’infrastructure est celui où les progrès sont les moins marqués.

Une trentaine d’entreprises algériennes des TIC, dont la vôtre ont décidé de créer une association professionnelle, quelle en était la motivation?

ALGERIA DIGITAL CLUSTER dont  je suis l’un des premiers fondateurs  et que j’ai l’honneur de présider, n’est pas une association sur le plan juridique mais un groupement d’intérêt économique sans capital et à but non lucratif, c’est-à-dire que le cluster a plus vocation à faciliter le business de ses membres que de faire du business par lui-même.

Le premier noyau du cluster est constitué d’entreprises publiques  et privées allant de la start-up à la multinationale, au-delà de ces différences, nous partageons des valeurs, des ambitions et une vision commune pour l’émergence d’une économie numérique prospère en Algérie.

Cela passe obligatoirement par la mobilisation de toutes les parties prenantes et la prise de conscience de la nécessité de travailler en collectif, il est vrai que l’on doit reconquérir notre marché domestique, surtout dans les technologies les plus sensibles et celles relevant de la souveraineté nationale, mais dans une économie mondialisée et dans un secteur numérique où les barrières n’existent pas, les entreprises les plus intégrées à la chaine des valeurs mondiale auront le plus de chances de survivre et de se développer.

Je suis heureux que cette initiative fut très bien accueillie par nos pouvoirs publics, la Direction générale de la PME au ministère de l’Industrie et des mines nous a fait profiter de sa grande expérience dans la création de clusters en nous accompagnant dans  nos premiers pas, le Ministère soutient aussi nos actions comme celle de prendre en charge la participation de startups algériennes à Viva Technology Paris, un grand forum mondial de startups , le MPTIC a clairement affiché sa volonté à travailler avec le cluster dont il a soutenu la création et commence à nous associer à ses action, nous avons aussi eu l’honneur d’être invité par Monsieur feu le ministre du commerce à travailler avec la cellule export pour promouvoir nos services et produits à l’international, le Ministre délégué à l’économie numérique et à la modernisation des moyens de paiements s’est montré aussi très disponible et j’ai vraiment espoir à concrétiser des actions rapidement.

L’introduction de la 4G, a été lancée mais elle suscite toujours des doutes  quant à son opportunité, au moment où un nombre considérable d’Algériens n’ont même pas accès à la téléphonie fixe et mobile traditionnelle. Qu’en pensez-vous?

Je pense qu’il ne faut pas prendre du retard pour adopter les dernières technologies, déployer la 4G ne veut pas dire arrêter le déploiement de la téléphonie fixe et mobile traditionnelle, la dimension sociale du numérique est certes importante et toute la population doit avoir accès au TIC, mais il ne faut pas négliger la dimension économique, les besoins sont différents entre un particulier et une entreprise et même d’une entreprise à une autre et chacun devrais trouver des services appropriés à ces besoins.

Par contre nous devrions nous diriger vers des solutions de mutualisation des équipements entre les opérateurs  afin de limiter le recours à l’importation de ces équipements qui sont très onéreux, cela permettra aussi d’avoir des tarifs plus accessibles pour le consommateur et de moins solliciter nos réserves de changes.

Cependant cet effort sur l’infrastructure et la mise à disposition de connexions très haut débit devrait s’accompagner d’une véritable stratégie de contenu local et de services en ligne nationaux.

L’e-paiement opérationnel pour les grandes entreprises. Pensez-vous que l’opération va réussir ?

Le paiement en ligne sera un des grands moteurs de l’émergence d’une économie numérique et la mise en place d’un ministre chargé de l’économie numérique et de la modernisation des moyens de paiement est un signal fort de l’Etat.

Pour la question de la réussite de l’opération, je l’espère vraiment et j’y crois, à partir du moment où ça apporte un réel confort au citoyen, il va adhérer, deux points quand même importants  pour cette réussite, le premier est celui de la confiance des utilisateurs, ce qu’on appelle la confiance numérique qui est un grand chantier où nous devons faire beaucoup de communication et de pédagogie,  et c’est là où vous les représentants de la presse avez un grand rôle à jouer pour faire avancer les choses, nous au cluster nous attachons une grande importance à cette question et nous sommes engagés dans ce chantier de la confiance numérique.

Le deuxième point est relatif à la diversité des offres de solutions de paiement en ligne, les besoins ne sont pas les mêmes pour tout le monde et il faut donner au citoyen une variété de solutions de paiement comme cela se fait dans les pays qui sont avancés dans ce domaine.

Il ya des startups algériennes qui sont capables de relever ce défi et de proposer des solutions pertinentes qui peuvent après avoir réussi en Algérie, s’exporter a l’international.

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