Deux évènements économiques tournés vers l’Afrique se sont déroulés à Alger à la fin de ce mois de mai. Le Forum africain de l’Investissement et du Commerce les 24 et 25 et le Salon IMPEX du 25 au 27, tous deux dédiés principalement au trading inter-africains. Ils auront révélé ou rappelé l’intérêt croissant des opérateurs pour ce marché d’un milliard de consommateurs et le soutien affiché des représentants du gouvernement. Même si les ministres n’ont pas été au rendez-vous pour être actuellement interdits de déplacements. Campagne électorale oblige.
Ces deux évènements indiquent que les orientations renouvelées par l’exécutif algérien ont été bien assimilées. « Les exportations algériennes hors hydrocarbures pourraient atteindre les 5 milliards de dollars (USD) d’ici fin 2021, a indiqué d’emblée le secrétaire général du ministère du Commerce, Redouane Allili, comme pour donner la consistance économique voulue au parterre d’opérateurs et d’institutionnels qui lui faisaient face lors de l’inauguration du Salon IMPEX.
« L’objectif de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine), ajoute-t-il est de réaliser l’intégration africaine et d’arriver à imposer un tarif douanier commun pour tous les pays africains ». Les choses sont entendues et le témoin lancé aux opérateurs pour négocier et engager leurs opérations de trading.
Du côté du Forum des Investissements et du Commerce c’est à Abdelaziz Khelaf, conseiller aux affaires économiques à la présidence de la République, de donner la caution du président à l’événement en soulignant que l’Algérie est en « locomotive » des pays qui veulent impulser le développement économique en Afrique.
Au-delà des discours officiels, une réalité encore critique
Ceci est pour la devanture, mais en arrière-plan les discours sont plutôt controversés. A entendre les participants, il y a loin de la coupe aux lèvres. Les contraintes bureaucratiques sont toujours entravantes en dépit des discours envoûtants et de certains dispositifs qui penchent, sur le plan textuel, pour la simplification des procédures.
Il faut ajouter à cela, la dévaluation vertigineuse du dinar qui handicape les producteurs, tout au moins ceux qui sont tenus d’acheter leurs matières premières à l’étranger.
Il en est de même pour les importateurs largement impactés par la hausse vertigineuse du prix des matières premières ou finies sur les marchés internationaux. Les tarifs des moyens de transport ont également subi les contre-coups de la crise sanitaire.
Nadir Rakem, qui co-dirige l’entreprise algéro-chinoise Palladium Niu Niu dédiée aux relations d’affaires, confirme bien que les signaux émanant des prix et tarifs sont alarmants.
Il explique malgré tout sa présence au Salon par le potentiel immense de l’export sur l’Afrique. Son entreprise souhaite ainsi réaliser des opérations algéro-africaines mais également sino-africaines via l’Algérie. Et l’on comprend mieux dès lors cette présence chinoise incongrue à ce salon fixé sur l’Afrique.
L’absence de comptoirs bancaires algériens en Afrique (même si le gouvernement finalise actuellement les dossiers d’installation de banques publiques sur différents pays) est décriée et les insuffisantes dessertes du pavillon Air Algérie sont à compter parmi toutes ces difficultés.
Le Forum autant que le Salon ont toutefois enregistré une affluence remarquable, un nombre d’exposants appréciable et rallier une cohorte de diplomates africains. En cela, les organisateurs CAAID pour le Forum africain de l’Investissement et Stal Expo Event pour IMPEX peuvent se targuer d’avoir réussi leurs événements respectifs en pleine crise sanitaire.
Il reste encore beaucoup à régler du côté des pouvoirs publics et des opérateurs pour concrétiser toutes les belles promesses que ces évènements ont tenu à transmettre.