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LFC 2021, déficit budgétaire, planche à billets … les explications de Souhil Meddah

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L’expert financier et directeur général du cabinet RMGC Advice & Solution, Souhil Meddah, est revenu, dans cet entretien sur la hausse du déficit budgétaire prévu dans l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2021 et ses conséquences dans un contexte macro-économique marqué par la crise sanitaire.

Algérie-Eco : L’avant-projet de loi de finances complémentaire 2021 prévoit une hausse du déficit budgétaire. Quelles sont les raisons de cette hausse ?

Souhil Meddah : Avec une hausse prévue de +18% par rapport à la LF 2021, le déficit prévu dans l’avant-projet de cette LFC coïncide avec une probabilité de quasi-stagnation sur les revenus, face à une orientation socio-économique conjoncturelle exceptionnelle de plus en plus dépensière.

A ce titre, l’élément le plus notable est la hausse de la dépense de fonctionnement, qui s’est imposée face aux différents impératifs de l’actualité, liés notamment aux évènements socio-politiques avec l’organisation des élections législatives d’une part et d’autre part, par d’autres prises en charge et indemnités sur les effets pandémiques, qui persistent toujours, sur les couts de vaccinations, et d’autres contributions pour les retraites.

Dans le même contexte, la dépense budgétaire sur l’équipement enregistre une légère hausse vis-à-vis des crédits de paiements uniquement. Cette dotation supplémentaire demeure insuffisante et insignifiante, dans la mesure où pour une meilleure efficacité d’une politique basée sur les équipements doit s’inscrire dans des niveaux beaucoup plus élevés, occasionnant en même temps une large mobilisation structurante des autres secteurs d’activité.

Pour financer ce déficit, le gouvernement va-t-il recourir à la planche à billets ou à l’endettement extérieur ?

Dans l’APLF 2021, le déficit au trésor est prévu à plus de 4 100 milliards de dinars, qui de facto doit avoir une contrepartie financière pour sa couverture. Cette contrepartie peut être compensée soit à travers une dévaluation du dinar, ce qui impliquera que les ressources en recette augmenteront directement sur la fiscalité pétrolière et indirectement et / ou partiellement sur la fiscalité ordinaire. Soit au contraire, une fois que la couverture sera partiellement réalisée, l’autre partie qui reste doit faire l’objet d’une autre dotation monétaire directe qui émanera d’une institution financière, contre la titrisation d’une dette.

Il est fort probable que le financement non conventionnel reviendra occasionnellement à chaque fois qu’un déficit se présente et se confirme.

Il est également utile de rappeler que le financement non conventionnel reste un instrument qui dépend de la politique monétaire qui est mis au service de la politique budgétaire.

Le cumul des valeurs affectées doit faire l’objet d’une annulation par inversion ou d’une absorption via l’espace financier, notamment sur les banques primaires, qui peuvent prendre part à des rachats de titres via l’open market dans le sens inverse, contre des retours sur les investissements qui sont en cours d’exploitation ou de réalisation.

Cette forme d’absorption nécessite une mise en exploitation économique et commerciale des structures et infrastructures existantes avec leur rentabilisation réelle et effective.

En dehors de l’endettement interne ou externe, est-ce qu’il y a d’autres solutions pour résorber ce déficit chronique ? (Assainissement des finances publiques, politique d’austérité, …)

Pour l’endettement interne, il existe aussi le marché des titres des créances, notamment les obligations. Mais cette option ne peut être efficace, que si l’espace de l’épargne sera en mesure d’offrir la quantité du financement nécessaire. Et pour que la quantité du financement soit disponible, il faut que la part de l’épargne soit assez détachée des besoins des agents économiques, et qu’elle soit libre pour sa captation et sa mobilisation, sur la base d’un niveau de plein emploi en permanence sur une durée plus ou moins longue.

Cette option est pour le moment difficile à garantir, car le niveau des revenus n’a pas enregistré un niveau de hausse confortable sur les deux dernières années.

Pour l’endettement extérieur, il faut rappeler que sur les trois compartiments que compte la balance des paiements, il existe un compartiment des comptes de capitaux et d’endettement, dans lequel il faut s’appuyer sur l’apport en numéraire des IDE, à condition que les apports soient engagés en permanence, afin de garantir l’équilibre entre les apports en IDE et les distributions des revenus primaires en dividendes.

Le gouvernement prévoit dans la loi de Finances complémentaire un taux de croissance de 4%. Est-ce réalisable avec l’état actuel des finances publiques ?

Cette croissance projetée sera automatiquement affectée sur les contributions des ménages comme les agents les plus actifs avec une part de leur PIB qui sera très importante, contrairement aux autres comptes d’affectation via la fiscalité ou autres zones de cotisations. Cette option peut se réaliser progressivement dans une moindre mesure, mais qui ne peut pas garantir un niveau de croissance à 4%, qui au vu des données actuelles est un niveau difficile à atteindre. Ce simple recours à une redistribution directe ou indirecte des revenus est une option, qui est financièrement insuffisante et structurellement contraignante.

D’autre part, un taux de croissance similaire à 4% ne peut se réaliser sans la réunion de deux facteurs importants. Le premier étant attaché aux revenus extérieurs, qui demeureront la locomotive la plus importante pour affecter toutes les autres valeurs en PIB vers les différents agents économiques. A titre d’exemple, l’enchaînement de la fiscalité pétrolière, le financement des plans d’investissement de différentes tailles, la garantie du plein emploi pour certains secteurs dans l’industrie et les services, ensuite l’appui vers la fiscalité ordinaire, les importations avec les droits de douane et autres recettes fiscales d’approche.

Et le deuxième concerne le rôle de la demande publique et de l’État, sachant qu’en phase de crise, le passage vers un taux de croissance très important doit impérativement s’appuyer sur les projets structurants, qui d’habitude s’attachent et se propagent sur d’autres secteurs.

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