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Dévaluation du dinar, absence de bureaux de change, comment le marché noir de la devise se développe en Algérie

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Il est  tout de même curieux qu’au moment où  le gouvernement prône  la rationalisation des dépenses, la lutte contre l’informel et qu’il recherche  désespérément des pistes financières pour renflouer les caisses publiques, on tergiverse quant à la mise en place de bureaux de change réglementés laissant libre cours au marché informel de la devise de se développer et les barons de ce marché profiter de cette faille qui s’impose comme une place financière qui contrôle les cours de la monnaie.

Le marché ne s’est plus contenté de places réelles, il s’est doté de nouveaux moyens technologiques virtuels pour s’étendre sur la toile tant la demande est croissante et l’offre pas assez conséquente. La dévaluation du dinar n’a rien arrangé, au contraire, cela a contribué grandement à sa progression car plus le dinar est au plus bas, plus le change permet des gains dans les transactions en devises.

L’indisponibilité de la devise étrangère à l’achat dans les banques en l’absence des bureaux de change, a laissé la voie libre à la prolifération du marché noir de la devise, atteignant ainsi des taux qui ne répondent à aucune règle.

En plus de certains quartiers comme le square Port Saïd à Alger, plaque tournante du marché noir de la devise étrangère ou la rue de la Bastille à Oran, pour ne citer que ceux-là, « ces prestations de services financiers » sont également proposées dans des magasins (bureaux tabacs, cosmétiques, alimentation générale, échoppes de vêtements, kiosques et même des restaurants) et cela sur tout le territoire national.

Des sites internet s’y mettent

Ce marché progresse tellement qu’il se modernise en captant cette ressource sur des sites internet et en informant sur le change en temps réel. Deux sites s’imposent ainsi loin de tout contrôle en l’occurrence : devisesDZ.com et forexalgerie.com.

Sur le site devisesDZ.com dédié aux prix des devises du marché noir, on constate que de grandes sommes circulent, allant jusqu’à 40.000 euro, proposés par des cambistes de différentes régions du pays, et l’ironie dans tout ça, c’est que, ces sommes sont parfois, transférées par virement bancaire.

Une virée sur le terrain pour s’enquérir de la situation du marché nous a conduits naturellement à la place du Square Port-Saïd. Sur les lieux, des dizaines de cambistes informels se sont pointés dès le début de la journée, des liasses de billets entre les mains qu’ils agitent en guise de signe aux clients potentiels qui veulent vendre ou  acheter. L’échange est loin de se faire dans la discrétion mais quelques précautions sont de mise.

Nous avons abordé, l’un deux, sur les taux de change notamment des deux monnaies puissantes que sont l’Euro et le Dollar. Ainsi, il nous a dit que depuis quelques jours, il faut débourser 185 DA pour un euro et 174 DA pour un Dollar US à la vente, et à l’achat, 01 Euro est cédé contre 184 DA et 01 Dollar US pour 173 DA.

Nous nous sommes rendus par la suite dans une agence de la Banque d’Algérie, pour comparer les deux taux, officiel et informel, à travers la cotation disponible sur un écran. Celle-ci affiche le change des deux devises très en deçà de celui du marché informel, qui était pour cette semaine de 121.63 DA  pour 01 Euro et 115.51 DA pour 01 Dollar US à la vente, et de 114.61 pour 01 Euro et 108.86 DA pour 01 Dollar.

Ainsi, on constate un écart très important entre les deux marchés. D’ailleurs par un simple calcul et une comparaison entre ces taux, on peut facilement déduire que le marché noir se maintient bien au-dessus de ce que propose  la banque.

Cette situation démontre l’étendue et l’ampleur qu’a pris le marché noir des devises, en l’absence totale des autorités, qui tardent à mettre en œuvre la loi pour la création des bureaux de changes, qui ne va  certes pas endiguer le phénomène mais demeure, parmi l’une des solutions préconisées pour l’atténuer.

Pour rappel, la loi de 1997 autorise l’exercice des bureaux de changes,  procurant 01% de bénéfice sur les devises. C’est d’ailleurs ce que nous a affirmé le cambiste informel que nous avons interrogé, qui nous a expliqué qu’ «Il n’y aura pas de création de bureaux de changes en vue, même s’ils seront ouverts prochainement, ça n’intéressera personne, du moment que, le bénéfice de 1% est insignifiant et peu attractif ».

 

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